Avec son terminal Liverpool 2, Peel Ports, le propriétaire du port nord-ouest du Royaume-Uni veut se donner les moyens d'attirer des trafics de grande capacité, tels les services Asie-Europe, qui ne desservent actuellement que Southampton, London-Gateway et Felixstowe. Le propriétaire du port de Liverpool, Peel Ports, aurait crée une coentreprise avec Terminal Investment Ltd, la filiale portuaire de MSC.
Cela bouge dans les ports Outre-manche alors que, sur un plan politique, le Premier ministre britannique Boris Johnson espère toujours convaincre ses partenaires européens de renégocier l'accord de sortie de l'UE tout en se disant prêt à un « Brexit dur » le 31 octobre.
Le propriétaire du port de Liverpool, Peel Ports, qui avait investi 400 M£ (453,5 M€) dans la construction du terminal en eaux profondes, ouvert en décembre 2016, a attribué la semaine dernière les travaux de la deuxième phase de développement de son installation à McLaughlin & Harvey, une entreprise de génie civil basée à Belfast. Les travaux doivent offrir une capacité supplémentaire pour faire face à l'augmentation prévue des volumes, a indiqué le propriétaire. Pour ce faire, il faudra augmenter l'empreinte au sol du site et ajouter trois grues mégamax ultra-larges STS et 10 portiques sur rails (CRMG). Il est aussi question de développer les équipements permettant de traiter des quantités encore plus importantes de conteneurs frigorifiques.
Les grues de quai, construites par le Chinois ZPMC, ont récemment quitté Shanghai et devraient arriver à Liverpool en novembre, l'ensemble du projet devant être achevé en 2021. Une fois les équipements livrés, le terminal sera ainsi en capacité d’accueillir les porte-conteneurs déployés sur les trafics Est-Ouest. L'autre installation du port (Royal Seaforth), également exploité par Peel, ne peut accueillir que des porte-conteneurs de 5 000 EVP maximum.
Quelles sont les intentions de MSC ?
Sans qu’elle ait fait l’objet d’une annonce officielle, la presse britannique a révélé que Peel aurait conclu une coentreprise avec Til, la filiale à 60 % de l’opérateur portuaire de MSC, du reste le client principal de l'installation au succès mitigé. L’armement italo-suisse y opère certes des services transatlantiques et intra-européens, mais plutôt de moyenne capacité. La plus grande boucle à y faire escale actuellement est le service ATL4/ NEUATL4 entre l’Europe du Nord et la côte Est des États-Unis de l’alliance 2M, soit des navires tout au plus de 5 000 EVP. MSC ne fait pas non plus mystère de sa volonté à développer ses activités dans le reefer. Il envisage notamment la construction d'un nouvel entrepôt frigorifique de 25 000 m2 à Valence, l'un des plus grands centres frigorifiques d'Europe.
De façon plus certaine que les intentions du n°2 mondial du transport conteneurisé, l’opération, si elle se concrétisait, signifierait un premier ancrage pour Til au Royaume-Uni, confisqué par DP World et Hutchison, qui exploite les terminaux-rois de Southampton, London-Gateway et Felixstowe, seuls ports au sud de l'île à bénéficier de services Asie-Europe de grande capacité.
Dans la perspective du Brexit, les ports s’affairent pour développer leurs infrastructures et ainsi, être en mesure de capter des flux intercontinentaux et ainsi, d'être des alternatives aux actuelles portes d’entrée britanniques, menacées de congestion une fois l’île sortie de l’UE. Alphaliner rappelle qu’au cours de la dernière décennie, les projets ont essaimé mais la plupart n'ont jamais concrétisé.
A.D. (avec la contribution de Robert Jaques)