Le port du Havre a signé ce lundi 2 mars un « accord de place exceptionnel » pour retrouver la confiance de ses clients. À la clé, 3 M€ de prise en charge des frais de stationnement des quelque 100 000 conteneurs bloqués sur les terminaux entre décembre et janvier. Cet effort vient en sus des précédentes mesures en faveur des armateurs.
Suite aux mouvements sociaux liés à la réforme de la retraite, qui ont entraîné quinze jours de « ports morts » entre le 5 décembre 2019 et le 6 février dernier, le port du Havre a signé ce lundi 2 mars un « accord de place exceptionnel ». En intégrant le blocage sur les terminaux à l'import de 100 000 conteneurs en décembre et janvier, qui ont généré des frais supplémentaires dont ceux d’un stationnement prolongé, le port et les trois entreprises de manutention Terminaux de Normandie (TN), Générale de manutention portuaire (GMP) et Compagnie nouvelle de manutentions portuaires (CNMP) se partagent l'effort de relance, à hauteur de 3 M€ au total.
Concrètement, les signataires vont prendre en charge les surcoûts du stationnement prolongé : Haropa-port du Havre y contribue à hauteur de 18 € par jour et par conteneur, soit 1,8 M€, et les entreprises de manutention complète moyennant 12 € par conteneur par jour, soit 1,2 M€, le tout en aides directes apportées aux transitaires ou aux chargeurs. Dans « un esprit d’unité de place », les services du pilotage, remorquage et lamanage ont également annoncé vouloir soutenir cet effort, en annonçant 10 % de remise sur chaque nouvelle ligne pour les porte-conteneurs et les rouliers, entre le 1er avril et le 31 décembre 2020.
« Je n’espérais pas tant. Je n’ai jamais connu un tel effort » Jean-Louis Le Yondre, président du Syndicat des transitaires havrais (STH)
« Je n’espérais pas tant. Je n’ai jamais connu un tel effort », a salué le geste commercial Jean-Louis Le Yondre. Le président du Syndicat des transitaires havrais (STH) apprécie d’autant qu’il avait calculé que les grèves avaient coûté aux entreprises 180 M€ de pertes en marge brute. Il salue l’effort, soulignant qu’en 2016, les grèves menées contre la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, dite « loi Travail » ou « Khomri », « les aides apportées s’étaient alors élevées à quelque 700 000 euros ».
D'autres mesures d'aides sont à l'étude, concernant la filière ro-ro et les exports. Ces dispositifs complètent les premières mesures annoncées par Haropa le 5 février dernier, soit 3 M€ apportés aux armateurs : une remise exceptionnelle sur les droits de port pour les mois de janvier et février ainsi qu’une remise tarifaire proposée pendant deux ans « dans le cadre de la création d’un nouveau service en 2020 ».
Ce n’est pas un chèque en blanc » Christian de Tinguy, directeur de Terminal de Normandie
Michel Segain, le président de l’Union maritime et portuaire du Havre (Umep) connu pour son verbe franc, a reconnu ce 2 mars que 6 M€ au total représentaient « un accord significatif qui doit redonner confiance à nos clients ». Mais « ce n’est pas un chèque en blanc, a ajouté Christian de Tinguy, directeur de Terminal de Normandie : il s’agit d’un engagement qui vise à restaurer et développer les volumes ». « Il faut faire vivre cet accord et se retrousser les manches pour reconquérir les parts de marché », a lancé Florent Noblet, délégué général de TLF Overseas, la fédération représentant la vaste communauté des acteurs de la supply chain qui dès le 14 décembre avait sonné l’alerte quant à la situation qui dégénérait sur les quais.
Pour rappel, 232 escales de navires avaient été annulées entre décembre et janvier dont 124 de porte-conteneurs. Le Havre a accusé en 2019 une baisse de 3,5 % en tonnage de son activité « conteneurs » (27,3 Mt) et de 3,4 % en EVP à 2,8 millions d’unités équivalent vingt pieds.
Natalie Desse