Chris Grayling, secrétaire d'État britannique aux Transports (DfT) annule deux des contrats de transport que son ministère avait engagés en décembre dernier en guise de « police d'assurance »...
S'il y avait encore un doute… les Anglais ne craignent absolument pas le ridicule et accrédite de plus en plus la thèse selon laquelle rien n'est impossible au royaume de sa majesté. Après avoir négocié en décembre, sans appel d'offres, des contrats de transport avec trois compagnies en vue de s'assurer par anticipation des capacités de fret supplémentaires dans la perspective d'un tohu-bohu après la sortie du Royaume Uni de l'UE qui devait être initialement actée fin mars, puis été contraint d'annuler le contrat avec l'une des trois (anglaise au demeurant) qui s'est avérée sans navires et dans l'incapacité d'assurer la prestation, voici que le gouvernement de Theresa May, acculé à reporter sans cesse la date effective de la rupture, annule de son plein gré ceux contractés avec les deux autres.
Si la Grande-Bretagne avait quitté l'UE le 29 mars sans accord douanier, comme cela semblait probable en début d'année, les inévitables mesures de contrôle aux frontières pour le trafic transmanche auraient affecté la fluidité des opérations portuaires pour les ro-ro qui assurent une grande partie des échanges commerciaux du Royaume-Uni avec l'Europe continentale, et notamment pour des marchandises dites vitales (comme les médicaments). Raison pour laquelle la Grande-Bretagne avait pris ses précautions en « achetant » pour 107 M£ (120 M€) des services additionnels (environ 10 % du trafic actuel transitant par le port de Douvres puis les principaux ports anglais, Poole, Porstmouth, Plymouth, Immingham ou Felixstowe).
Un coût de 65 M$
Ces contrats avaient été signés avec la française Brittany Ferries (46,6 M£ - 51,7 M€), la danoise DFDS (47,3 M£- 52,5 M€) et la britannique Seaborne Freight (13,8 M£- 15,3 M€). Pour rappel, DFDS exploite des liaisons transmanche au départ des ports de Dunkerque et Calais, notamment vers Douvres, tandis que Brittany Ferries assure des liaisons entre Portsmouth et Le Havre, Caen, Cherbourg et Saint-Malo, ainsi que Poole-Cherbourg et Plymouth-Roscoff.
Puisque le report est désormais fixé au 31 octobre de façon à permettre de poursuivre les négociations en vue de trouver un accord, le ministère des Transports n’en ressent plus l’urgence. Les indemnités et frais de cessation d'emploi devraient lui coûter quelque 65 M$, en dehors de la facture de 1,3 M$ réglée à un consultant pour s’extraire du cas de Seaborne et des 43 M$ à Eurotunnel pour régler un différend, l’exploitant du tunnel sous la Manche faisant valoir des règles contraires à la concurrence. Les opposants politiques du Premier ministre Theresa May n'ont pas tardé à railler l’affaire et à demander la démission de Chris Grayling.
DFDS avait annoncé la suppression les rotations prévues dans le cadre de son contrat contrairement à Brittany ferries qui avait décidé de ne pas déprogrammer pour honorer les réservations. Sollicitée par nos soins, le spécialiste français du trafic transmanche nous a répondu « préparer une réponse via un communiqué de presse » sur la suite à donner à cette nouvelle déconvenue.
A.D.