L’incendie du navire avait attiré l’intérêt des médias généralistes en raison de sa précieuse cargaison en Porsche, Bentley, Audi et autres Lamborghini, dont les experts débattaient encore de la valeur il y a quelques jours.
Le transporteur de voitures, d'une capacité de 6 400 CEU (Car Equivalent unit), a fini par sombrer avec ses 3 965 voitures de luxe après avoir perdu sa stabilité à environ 46 km des côtes, dans une zone profonde d'environ 3 000 m, a précisé la marine portugaise dans un communiqué.
Le navire, battant pavillon panaméen et exploité par Snowcape Car Carriers, filiale de MOL, naviguait à 90 miles nautiques (environ 170 km) au sud-ouest de l'île de Faial quand un incendie s’est déclaré à bord le 16 février. Les 22 membres de l'équipage avaient été secourus et héliportés vers l'aéroport de Horta. Parti d’Emden en Allemagne, il devait livrer les États-Unis via le port de Davisville.
Errance en mer pendant plusieurs jours
Les opérations de secours avaient été confortées le 24 février avec l’arrivée de nouveaux moyens de la société de remorquage Smit Salvage, les Dian Kingdom et ALP Guard, alors que le navire dérivait depuis des jours, le flanc consumé, avec une légère gîte
« Sur le site, il y a des débris et une petite nappe de déchets huileux, sur lesquels opèrent les remorqueurs tandis que la pollution fait l’objet d’une surveillance de l’Autorité maritime nationale portugaise et de l’Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) », indique les garde-côtes portugais. Le déploiement d'un avion C-295 de l'armée de l'air portugaise est également prévu tandis que l'Institut hydrographique mesure chaque jour la nappe.
Valeur de la marchandise, plus de dix fois celle du navire
Quelques heures à peine après l’événement, le porte-parole de Porsche avait signalé la présence à bord de 1 100 voitures de sa marque et Bentley, 189. Les quelque 4 000 berlines étaient toutes des marques du constructeur allemand Volkswagen.
Selon une analyse de Russell, conseil en gestion des risques, la valeur totale des véhicules à bord dépasserait les 400 M$, auxquels s'ajoutent 38 M$ de biens autres que des véhicules. Si le navire et sa cargaison sont déclarés en pertes totales, l’accident pourrait se matérialiser par des pertes de l’ordre de 155 M$ pour le groupe allemand. Le Britannia P&I Club est identifié comme l’assureur du navire.
Le Felicity Ace sera sans doute une affaire complexe d’indemnisation pour les assureurs et un long chemin de croix pour le transporteur japonais, qui a connu un précédent le 31 décembre 2018, avec le Sincerity Ace, au lourd bilan de cinq morts et de disparus.
L’enquête démarre à peine mais le nombre de voitures entièrement électriques à bord est déjà identifié comme une cause probable mais rien ne permet de l’étayer. L’association Robin des Bois estime « qu’au moins 400 voitures à bord du Felicity Ace étaient des véhicules électriques ou hybrides équipés de packs de batteries au lithium chargées au moment du départ à 75 %. »
Adeline Descamps