Le CMA CGM Champs Élysées, porte-conteneurs de 23 000 EVP de la série au GNL, a touché pour la première fois, dans la nuit de vendredi à samedi, un port français. Gratifié d’un feu d’artifice.
Dans l’ambiance sombre d’une énième nuit de confinement, la lumière est venue de la mer. Le CMA CGM Champs Élysées a touché pour la première fois un port français. Entre le CMA CGM Jacques Saadé, tête de série livrée en septembre, et le Palais Royal, livré par le chantier ces derniers jours et mis en service d’ici la fin de l’année, le cadet de la série des mégamax de 23 000 EVP propulsé au GNL, a accosté dans la nuit de vendredi à samedi vers 4 heures au Terminal des Flandres à Dunkerque. À quasiment mi-parcours (38e jour) du transit-time de la ligne emblématique de CMA CGM, le FAL 1 alias NEU4 d’Ocean Alliance, entre l'Asie et l'Europe (Pusan en Corée, Tianjin, Ningbo, Shanghai et Yantian en Chine, Singapour, Southampton, Dunkerque, Hambourg, Rotterdam, Algésiras en Europe et Port Kelang en Malaisie).
Il arrive du terminal de DP World à Southampton et est attendu le 7 décembre à celui d’Eurogate à Hambourg (CTH), au grand dam d’ailleurs du terminal à conteneurs voisin de HHLA Burchardkai (CTB), qui était jusqu’à présent desservi par le FAL1. Tous deux ont consenti de lourds investissements dans la perspective de l’accueil des super jumbos de CMA CGM. Le Champs Élysées doit ensuite rejoindre le port néerlandais de Rotterdam et le port espagnol Algésiras en Europe avant de gagner Port Klang en Malaisie.
Début de carrière pour le premier mégamax au GNL
Des livraisons millimétrées
Le porte-conteneurs est, comme l’ensemble de la série, qui en compte neuf de cette taille, immatriculée sous pavillon français (Rif). Un geste voulu exemplaire en plus de l’engagement environnemental dont sa coque au vert dégradé vers le bleu porte le sceau avec son estampille LNG.
Équipés d'une cuve de 18 600 m3, les mégamax auront tous la soute nécessaire pour effectuer une rotation Asie-Europe avec un seul chargement de GNL. Ils seront avitaillés en GNL, à partir du port néerlandais de Rotterdam, par le Gas Agility, affrété à long terme par Total marine fuels global solutions (TMFGS) à Mitsui O.S.K. Lines (Mol).
Long de 399,9 m, large de 61 m pour un tirant d'eau de 16 m, équipé de 2 200 prises reefers, le Champs Élysées fait partie des cinq unités construites par le chantier naval chinois Hudong-Zhonghua tandis que les autres sortiront de Jiangnan, mais les deux sites appartiennent au grand faiseur chinois dans les porte-conteneurs, le groupe CSSC. lls seront tous livrés d’ici avril-mai 2021, à pas cadencés.
Chaque unité de la série exceptée la tête de ligne, rend hommage à Paris en portant le nom d’un de ses monuments phares : Champs Elysées, Palais Royal, Louvre, Rivoli, Montmartre, Concorde, Trocadéro et Sorbonne.
CMA CGM reçoit son second géant au GNL
A tranché pour le GNL
CMA CGM est le seul armateur dans le transport maritime de conteneurs à avoir parié aussi massivement sur le GNL (en convictions et en investissements financiers au vu du surcoût de construction estimé à quelques dizaines de millions de dollars par rapport à un porte-conteneur à la motorisation au fuel). Le carburant fait l’objet d’un véritable débat d’experts, son bilan carbone n’étant pas optimal : il ne traiterait que 20 % du CO2 par rapport à une motorisation au fuel.
En attendant l’hydrogène, le méthanol ou l’ammoniac, technologies qui obtiennent le consensus sur sa capacité à traiter toutes les émissions polluantes dans le viseur de l’OMI, y compris le CO2, le GNL permet déjà d’éliminer 99 % des oxydes de soufre, 91% des particules fines, et 92 % des émissions d’oxydes, défend CMA CGM. L’armateur le voit comme une première étape qui le fait progresser sur la voie de la neutralité carbone qu’il compte atteindre d’ici 2050. Il gage sans doute aussi sur l’évolution des technologies, rapide, alors que pointe le GNL vert.
La compagnie, basée à Marseille, a le mérite d’avoir tranché en faveur d’une option technologique alors que nombre d’armateurs sont actuellement « stressés » par les choix technologiques à opérer qui nécessiteront inévitablement un renouvellement de flotte, pour se conformer aux futures exigences réglementaires. En France, l’entreprise n’est pas la seule à avoir fait précocément le choix du GNL. La compagnie transmnanche Brittany Ferries en fait partie. Depuis, elles sont rejointes par d’autres.
Chez CMA CGM, sept porte-conteneurs au GNL (avec Containerships) et battant pavillon français naviguent à ce jour. Le groupe comptera d’ici 2022 une flotte de 26 porte-conteneurs, est-il fier d’avancer.
Adeline Descamps