À son accoutumée, la société française, experte des systèmes de cuves qui permettent de maintenir le gaz naturel liquéfié (GNL) à une température de - 163°C afin qu'il reste liquide, a présenté le 25 juillet un bilan semestriel sous le signe de la surperformance. L'entreprise, dont la techonologie rivalise avec les cuves japonaises Moss, avait plus que doublé son résultat net à fin juin (+ 102,7 % sur un an) qui s'établit à 170,3 M€.
L'ensemble des indicateurs clés sont à l'avenant. Le résultat opérationnel avant dotations aux amortissements sur immobilisations (Ebitda) est en progression de 70,1 % avec 177,2 M€, ce qui lui permet de marger à 60 %. C'est une habitude depuis des années chez GTT qui régale ainsi ses actionnaires dont Engie, toujours au capital à hauteur de 28 %. L'acompte sur dividende, de 3,67 € par action, sera de 98 % supérieur à celui de 2023. Le résultat opérationnel (Ebit) ressort à 172,2 M€ contre 99,6 M€ il y a un an (+ 72,9 %).
Commandes records
Le chiffre d'affaires semestriel (294,8 M€, + 65,8 %), composé aux 9/10e de redevances, a été en grande partie porté par les commandes de navires neufs. Entre 80 et 90 % des méthaniers en circulation dans le monde sont équipés de ses cuves en alliage spécifique qui permettent de s’affranchir des réservoirs sphériques plombant le navire. Son activité liée au GNL en tant que carburant maritime (17,2 M€) a également profité des commandes passées en 2021 et 2022.
« À la suite d’une année 2023 qui constituait la deuxième année record après 2022 en termes de prise de commandes, GTT a enregistré 58 commandes de navires au cours des six premiers mois [52 de méthaniers dont 18 méthaniers de 271 000 m3, quatre relatives à des éthaniers de grande capacité, un FSRU et un FLNG, NDLR] pour une livraison prévue entre 2026 et 2031 », a indiqué le groupe dans un communiqué.
« La demande de GNL reste forte, comme l’illustrent les deux décisions d’investissements annoncées en juin 2024 pour de nouveaux projets de liquéfaction [Cedar FLNG et Al Ruwais aux Émirats arabes unis, NDLR], conduisant à des besoins additionnels de méthaniers », précise Jean-Baptiste Choimet, directeur général de GTT depuis le 12 mai dans le cadre de la dissociation des fonctions de président et de directeur général.
Soif de GNL
Le groupe profite pleinement de l'engouement pour le GNL, redoublé depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022. Le Kremlin ayant décidé de fermer les vannes de ses gazoducs terrestres, le gaz emprune la mer sous sa forme liquéfiée pour des raisons de densité et embarque sur les méthaniers, dont les commandes explosent en dépit de l'envolée des prix à la construction.
GTT s'appuie précisément sur « les plannings de construction des navires », pour confirmer ses perspectives de chiffre d’affaires et d’Ebitda pour l’ensemble de l’exercice 2024.
Diversification dans l'hydrogène
Spécialiste des gaz liquéfiés, l'entreprise exploite son expertise pour diversifier sa gamme de solutions, comme pour le transport de l’hydrogène liquide. Raison pour laquelle elle a racheté en 2020 Elogen spécialisée dans les électrolyseurs PEM destinés à la production d’hydrogène vert. Le chiffre d’affaires de cette récente diversification s’est établi à 6,1 M€ au premier semestre contre 2,2 M€ il y a un an.
« L’écosystème autour de l'hydrogène vert continue de se structurer avec la mise en place de plans de financements publics de grande ampleur dont témoigne le lancement des PIIEC, projet important d'Intérêt européen commun [12 projets approuvés en France en 2023 parmi lesquels Elogen qui a obtenu des financements notamment pour sa gigafactory, NDLR] », expliquait en début d'année Jean-Baptiste Choimet, ex-DG d'Elogen.
En attendant la gigafactory
Selon le scénario de l’Agence internationale de l'énergie (AIE), pas moins de 55 GW de capacités seront nécessaires d’ici 2030 contre 1 à 2 GW de capacités d’électrolyses installées dans le monde.
Le grand projet de la filiale de GTT reste sa gigafactory en construction à Vendôme dont la mise en service est envisagée fin 2025 avec pour vocation, la production à grande échelle de stacks (réacteurs de ses électrolyseurs).
Adeline Descamps
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