La décarbonation introduit de nouveaux risques pour les assureurs

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À l'occasion de sa conférence annuelle qui se tient à Séoul jusqu’au 15 septembre, l'Union internationale des assurances maritimes (IUMI) a fait état d'une amélioration mais qu’elle ose à peine nommer du fait de la volatilité de la conjoncture. L’éolien offshore pourrait devenir une ligne d’assurance maritime importante. De nouveaux risques émergent en lien avec la transition énergétique.

Le coronavirus serait-il déjà un mauvais souvenir pour le marché de l’assurance maritime ? Le secteur sort d’un contexte particulier : avec la pandémie, moins de navires ont circulé, moins de marchandises ont été transportées et moins de primes ont été encaissées.

À l'occasion de la (visio)conférence de l'Union internationale des assurances maritimes (IUMI), qui se tient à Séoul du 2 au 15 septembre, l'IUMI a néanmoins fait état d'une amélioration du secteur par rapport à 2019 mais qu’elle prononce du bout des lèvres du fait d’incertitudes persistantes.

La plupart des branches (à l'exception des P&I) et des régions géographiques ont été concernées l’an dernier par des primes accrues, une fréquence de sinistres exceptionnellement faible et un rebond économique « plus fort que prévu ».  

30 Md$ d’encaissements 

En 2020, les souscriptions ont augmenté de 6,1 % par rapport à 2019 pour s’établir à 30 Md$, dont 17,2 milliards tirés des primes d’assurance sur les facultés (marchandises) et 7,1 milliards pour les corps (coque). Avec une part de 47,7 %, le marché européen, qui semblait avoir atteint « son point le plus bas en 2019 », recouvre de la dynamique tandis que l’Asie/Pacifique (29,3 %) se renforce d’année en année. Les Amériques totalisent 17 % (9,3 % pour le continent sud-américain et 7,7 % au nord). 

Par branches d'activité, les assurances sur le fret surplombe toujours les encaissements en représentant 57,2 % du total pour 23,8 % en assurance coque (12,1% en énergie offshore et 6,8 % en responsabilité civile).  

« La situation s’améliore dans toutes les régions, explique Astrid Seltmann, vice-présidente de l'IUMI. Il s'agit d'une tendance positive mais établie à partir d’une base très faible et il n'est pas encore évident que l'amélioration actuelle se maintienne dans les années à venir ». La représentante de l’IUMI craint que la fréquence et la gravité des sinistres repartent à la hausse avec la reprise du trafic. 

Des primes sur le fret en hausse de 5,9 %  

En 2020, la croissance des primes d’assurance sur les marchandises (+ 5,9 % par rapport à 2019) a été principalement tirée par le marché chinois. 

 « Le commerce mondial semble avoir repris plus fortement que prévu après l'épidémie, ce qui laisse entrevoir des perspectives positives sur ce marché », souligne l’IUMI. Le renchérissement des primes sur les cargaisons dépend étroitement de l’environnement économique et du volume et de la valeur des échanges de marchandises. 

Les ratios de pertes, qui se détériorent depuis une décennie en raison de sinistres importants causés par des événements météorologiques et de navigation, se sont améliorés l’an dernier, ramenant ce segment à l'équilibre pour la première fois depuis de nombreuses années.  

En revanche, l’accumulation des risques en un même endroit continue de susciter des inquiétudes à la place internationale des assureurs. « La tendance à stocker de grandes quantités de cargaisons sur un navire ou sur un site expose de fortes valeurs à des événements cataclysmiques ou d'origine humaine qui pourraient facilement donner lieu à des réclamations coûteuses ».

Primes sur les coques en augmentation de 6 % 

Les primes mondiales relatives au secteur des coques ont augmenté en 2020 de 6 %. Pour la première fois, la Chine a dépassé, en termes de part de marché, le marché britannique (Lloyd's) où le déclin de ces dernières années s'est poursuivi. L'écart entre la taille moyenne des navires et la valeur assurée, qui avait commencé à se creuser en 2014, se comble légèrement.  

En revanche, la fréquence des incendies à bord ne diminue pas, contrairement à la fréquence globale des sinistres, ce qui n’est pas sans inquiéter. Statistiquement, les porte-conteneurs ressortent comme plus exposés aux incendies en raison du volume et de la diversité des marchandises, ainsi que des difficultés inhérentes à la lutte contre un incendie en mer sur des navires de cette dimension.  

Entrée de l’éolien offshore

Outre l’amélioration des indicateurs, il y a d’autres facteurs qui mettent en joie l’IUMI. « Nous voyons de nouveaux marchés entrer dans l'assurance maritime, relève Philip Graham, président du comité « Facts & Figures » de l'IUMI. Bien qu’il ne représente actuellement qu'une infime partie du mix énergétique mondial (0,2 %), l'éolien offshore a le potentiel de croître rapidement et de devenir une ligne d'assurance maritime importante. »  

« L'évolution du transport maritime vers la décarbonation - bien que louable et pleinement soutenue par l'IUMI - aura également un impact sur le marché des coques », ajoute-t-il. Avec l'introduction de nouveaux carburants et de méthodes de propulsion, les assureurs anticipent une augmentation des dossiers de réclamations.

Facteurs de nouveaux risques

« De nouveaux types de combustibles, tels que l'ammoniac et l'hydrogène, sont encouragés. Or, le secteur de l'assurance ne dispose d'aucun historique ni d'aucune trace de sinistre sur ces nouveaux carburants pour l'aider à évaluer les risques potentiels », souligne Helle Hammer, présidente du forum politique de l'IUMI, qui sollicite une réglementation de l'OMI et des règles de classe sur leur mise en œuvre. « Cela garantira la sécurité de l'équipage et permettra aux souscripteurs maritimes d'évaluer et d'offrir la protection financière adaptée à ce nouveau profil de risque », explique-t-elle tout en invitant l’OMI à lancer le chantier dès à présent compte tenu du temps qu'il faut pour promulguer une nouvelle réglementation. 

Pour rappel, aussi vertueux soient-ils du point de vue de leur profil environnementale, l’ammoniac et l'hydrogène ont quelques point noirs. Le premier est toxique et dangereux à manipuler. Le second s'enflamme facilement 

Vers un alignement des couvertures sur les objectifs climatiques

L’IUMI pourrait bien rejoindre l’initiative Principes de Poséidon, qui vise à fournir aux bailleurs de fonds (banques, organismes financiers, etc.) un cadre de référence pour aligner les conditions d’octroi de prêt sur les objectifs climatiques.  

Un groupe au sein de l’IUMI y travaille depuis quelques mois et bien que les détails techniques n’aient pas encore été finalisés, le plan vise bien à appliquer des principes vertueux aux couvertures des risques.

Adeline Descamps

 

 

 

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