Déjà impliquée depuis 2013 dans le financement du projet Velibat consistant à utiliser la propulsion vélique comme énergie auxiliaire pour réduire la consommation de cinq chalutiers, la région bretonne franchit un nouveau cap.
Elle a pour cela, mandaté l'agence régionale B.D.I. (Bretagne Développement Innovation) pour réaliser une étude afin d’évaluer le potentiel régional dans ce domaine et d’identifier la chaîne de valeur. Les compétences locales s’expriment en l’occurrence dans divers domaines, en particulier dans la voile de compétition (Bretagne Sailing Valley) et la construction navale : architecture et design de formes de carènes, de grément ou de sous-ensembles propulsifs, simulation, calcul structurel, construction de pièces composites de grandes dimensions, monitoring des matériaux, électronique embarquée, routage météo, …
61 entreprises spécialisées
Cette étude, menée entre mai et juillet auprès de 425 entreprises, a recueilli les réponses de 236 d'entre elles. Selon Carole Bourlon, responsable des programmes structurants à BDI, 61 entreprises sont d'ores et déjà impliquées dans le transport maritime à la voile. 95 autres se déclarent intéressées alors que 44 ont l'intention d'entrer dans ce marché dans les trois années à venir, 24 autres à plus long terme dans les trois à cinq ans. À l'heure actuelle, elles emploient 2 404 personnes dont 155 spécialisés dans la propulsion vélique, pour un chiffre d’affaires de 28 M€.
Plus en détails, l’étude indique également que les technologies de propulsion éolienne exploitées par les entreprises régionales sont, pour 70 % des sondées, sur des profils minces (voiles souples ou panneaux rigides), 49 % sur des structures plus épaisses (ailes souples, rigides, gonflables et multiéléments), 34 % sur les kites et rotors (technologie qui domine les projets actuels) et 16 à 20 % sur les turbines éoliennes.
Feuille de route en 2022
Réunis le 10 novembre au palais des congrès de Lorient, à l’initiative de la région, la plupart des sociétés concernées, ont assisté au lancement officiel de cette nouvelle filière. Une trentaine d’entre elles étaient appelées l’après-midi à plancher sur les bases d’une feuille de route régionale, que Loïg Chesnais-Girard, le président de région, entend finaliser d’ici la fin du premier semestre 2022.
Des succès régionaux
Parmi les participants à cette rencontre, Guillaume Le Grand, président et fondateur de la société Transoceanic Wind Transport (TOWT), est un des pionniers du secteur. La société de Douarnenez achemine depuis dix ans des marchandises à la voile en affrétant des voiliers traditionnels. Après 64 000 milles parcourus pour transporter 1 000 t de marchandises, TOWT va lancer d’ici la fin de l’année la construction d’un premier cargo à voile neuf dans un chantier français, tête de série de trois autres navires de 78 m de long pour un coût avoisinant les 60 M€ pour l’ensemble. Des navires capables de transporter 1 000 t de marchandises, à plus de 10 nœuds de moyenne, garantissant un transport décarboné à 90 %, et traversant l'Atlantique en 13 jours.
Autre expérience réussie et en pleine expansion, l'entreprise morlaisienne de torréfaction et chocolaterie Grain de Sail, qui opère un voilier de 24 m éponyme, fait aussi construire une deuxième unité.
L'association de promotion de la filière vélique, Wind Ship, estime à une quinzaine le nombre mondial de grands navires marchands équipés avec des technologies de propulsion par le vent.
Avec Gérard Le Brigand