L'une des plus anciennes entreprises norvégiennes de transport maritime (1893) en a-t-elle fini avec les déboires que la pandémie a amplifiés ? La compagnie côtière, qui exploite la légendaire route côtière entre Kirkenes et Bergen ainsi que des itinéraires spécifiques dans l'Antarctique tels que la ligne du Cap Nord et la ligne du Svalbard, avec une flotte de dix navires sous pavillon norvégien ( 1 500 marins sur les 2000 employés), a annoncé son acquisition par un consortium d’actionnaires historiques, emmenés par Arini Capital Management, AlbaCore Capital et Barings.
La clôture de la transaction, prévue pour janvier 2025, parachèvera le processus de scission entre l’activité côtière (Hurtigruten, basée à Oslo) et la croisière d’expédition (Hurtigruten Expeditions, HX, dont le siège est à Londres), entamée en 2021 dans le cadre d'un plan de restructuration. HX dernière exploite cinq paquebots d'expédition vers plus de 250 destinations et son capital devrait également être abondé.
360 M€ de nouveaux capitaux
Selon les termes du nouvel accord, le pool devrait injecter 360 M€ de nouveaux capitaux, dont 110 M€ sous la forme d’un financement à long terme. Pour Torben Geisler, qui a dirigé l'investissement d'Arini au nom du consortium, la transaction devrait réduire considérablement l'encours de la dette de l'entreprise et de la maison-mère de plus d’1 Md€, ce qui se traduira par une dette restante d'environ 400 M€, et prolongera les échéances jusqu'en 2030 a minima.
La confiance à l'équipe de direction actuelle, assurée par Hedda Felin, a été renouvelée et renforcée avec l'arrivée de Per-Hermod Rasmussen au poste de directeur financier.
Des coups durs
Depuis 2021, la société encaisse les coups durs. Notamment après que le gouvernement a choisi de diviser le contrat de la desserte côtière entre Kirkenes et Bergen, dont Hurtigruten était délégataire, et en a attribué une partie à Havila afin de créer plus d'options et de concurrence. Bloomberg estime que les investisseurs ont fourni près de 400 M$ en dette actionnariale au groupe depuis 2021. Ses difficultés sont à l’origine du plan qui prévoit notamment de dissocier les deux activités entre Hurtigruten et HX.
Aucune incidence sur l'offre
« Le changement de propriétaire n'a aucune incidence pratique sur l'offre à ses clients, ses partenaires commerciaux ou ses activités quotidiennes », précise le communiqué. Selon l’entreprise, au 24 novembre, les réservations pour 2025 étaient en hausse de 24 % en glissement annuel.
Dès 2009, l'entreprise a supprimé l'utilisation du fioul lourd et sa flotte compte désormais quatre navires hybrides. Elle vise à exploiter un navire sans émissions en service régulier d'ici 2030. En octobre, de concert avec le chantier Vard, ils en ont présenté le design. Un objectif intermédiaire envisage une réduction globale de 40 à 50 % de la consommation d'énergie en 2030. Tout en précisant que des ajustements seront apportés en cours de route, le navire est actuellement pensé pour mesurer 35 m de long avec une capacité de 500 passagers (270 cabines) et 99 membres d'équipage.
L'un des éléments clés du navire est la présence de trois ailes-voiles rétractables (surface de 750 m2) du type OceanWings (ex-Ayro), semblables à celles déjà déployées sur le ro-ro Canopée de Zéphyr&Borée et Jifmar.
Adeline Descamps
