Hugo de Stoop, PDG Euronav : « Les conditions du marché sont extrêmement difficiles »

L’armateur belge de tankers a conclu un accord pour acquérir deux suezmax, actuellement en cours de construction, dont la propulsion est configurée pour le GNL et pourrait l’être à l'ammoniac. La société a vécu un 4e trimestre éprouvant dans un marché difficile. ​Les conditions actuelles du marché sont parmi les plus rudes que les opérateurs de pétroliers aient connues dans l’histoire récente, indique son dirigeant Hugo de Stoop.

Les deux suezmax de type Éco, de la dernière génération, sont actuellement en construction au chantier naval sud-coréen Daehan et devraient être livrés en janvier 2022. Il s’agit d’une transaction en seconde main pour une valeur de 113 M$. Les navires seront équipés de scrubbers, de systèmes de traitement des eaux de ballast et seront configurés pour être alimentés en GNL. Euronav indique travailler en étroite collaboration avec le chantier naval pour que les navires soient également certifiés « Ammonia Ready » pour basculer, le cas échéant, à un stade ultérieur.

« Les perturbations actuelles du marché du fret nous ont offert cette opportunité et notre solide bilan nous a permis d'agir rapidement. Cela est conforme à notre stratégie qui consiste à acquérir de bons actifs à des moments intéressants du cycle », justifie dans un communiqué Hugo De Stoop, PDG de l’armement coté à New York.

Les armateurs de tankers font indécemment fortune

Faire rentrer dans le jeu 150 VLCC 

La société a vécu un 4e trimestre éprouvant dans un marché difficile. « Le dernier trimestre de 2020 et les conditions actuelles du marché sont, de mémoire récente, parmi les plus difficiles pour les opérateurs de pétroliers. Les restrictions sanitaires continuent d'avoir un impact sur les opérations et surtout sur la demande de pétrole brut. Cela a conduit l'OPEP+ à prolonger les réductions de production. En conséquence, le marché reste déséquilibré, avec trop de navires pour un trop petit nombre de cargaisons. Le retour de la consommation de brut aux niveaux plus normalisés d’avant Covid est nécessaire pour favoriser un retour aux stocks et à la rentabilité du secteur », a commenté Hugo De Stoop, PDG d'Euronav, auprès des investisseurs le 4 février. 

Bien que le calendrier de la levée des réductions de production, en particulier de l'OPEP+, lui-même dépendant de la campagne mondiale de vaccination, reste incertain, il estime que 5 à 7 millions de bpj de consommation de brut à expédier permettraient de faire rentrer dans le jeu 150 VLCC.

Pas de pitié pour les pétroliers

Des signes encourageants sur le marché des pétroliers

S’il y a trop de navires sur le marché, il pourrait toutefois trouver un certain équilibre car « tous les éléments qui devraient conduire un certain nombre de navires vers les chantiers de recyclage sont actuellement réunis », indique le dirigeant : des taux de fret faibles, en particulier pour les vieux tonnages ; les pressions réglementaires émergentes, en particulier de la part des banques qui financent le transport maritime ; les récentes propositions de l'OMI sur les plafonds d'émission et les demandes de conformité accrue aux normes ESG (développement durable) de la part des investisseurs.

Selon Clarksons, la hausse des prix de l'acier a fait grimper la valeur de la tonne de ferraille recyclée et cette dynamique a déjà draine trois VLCC âgés vers le chantier de recyclage dans les premières semaines de 2021.

Exploiter le contexte difficile pour envoyer sa flotte en cales sèches

Pour Euronav, la situation se matérialise par un important déficit de 58,3 M$ avant impôts par rapport à la même période en 2019, où la compagnie avait annoncé un bénéfice de 155,4 M$. Le contraste est encore plus marqué avec le premier semestre de 2020, les armateurs de tankers ayant largement profité du phénomène de contango et de l’engouement pour le stockage flottant. En l’occurrence, le belge avait engrangé un bénéfice net de 486,6 M$ au cours des six premiers mois.

Depuis le début de 2021, l'opérateur de pétroliers a placé 46 % de la flotte de VLCC au comptant, à raison de 16 396 $/j, et 54 % des suezmax à 9 207$/j. Durant ce premier trimestre, la compagnie devrait profiter du contexte actuel du marché pour accélérer ses mises en cale sèche avec 27 programmées, dont une majorité au cours de cette saison d'hiver (flotte de 75 navires dont 69 en propre).

L’armateur attend en outre la livraison de quatre VLCC achetés en février 2020. Les deux premiers – Delos (2021 -300 200 tpl) et Diodorus (2021 -300 200 tpl) –, ont été livrés en janvier. Les deux autres devraient entrer dans la flotte en mars.

Rachat d’actions

Le rapport indique par ailleurs que la société va lancer un programme de rachat d'actions pour un montant de 50 M$ « dans le cadre de sa politique de retour aux actionnaires ». L'action se négocie actuellement à 8,10 $. Euronav estime que cette approche offre la souplesse nécessaire pour à la fois conserver un capital suffisant (renouvellement de la flotte) tout en rétribuant ses actionnaires. 

A.D.

 

 

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