Hapag-Lloyd, qui vient de prendre le secteur par surprise en annonçant l’acquisition du spécialiste de l’Afrique NileDutch, un des derniers indépendants sur le continent, confirme les résultats intermédiaires qu’il avait présentés en janvier dernier et projette une meilleure fortune en 2021.
Un jour après avoir annoncé une opération par laquelle il met la main sur un spécialiste du continent africain, un réseau d’une dizaine de lignes, une capacité de transport de 35 000 EVP et un parc de conteneurs d'environ 80 000 EVP, l’armateur allemand a publié le 18 mars son rapport annuel avec les résultats audités pour l'exercice 2020. Sans fausse note ni surprise par rapport aux données financières qu’il avait initialement projetées en début d’année.
Hapag-Lloyd confirme un résultat net de 935 M€, résultant à la fois de la rationalisation de ses coûts d’environ 450 M€ ainsi que d’un alignement de planète entre l’amélioration des taux de fret et la baisse du coût de soutes. Le bénéfice net (Ebitda, avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) s’établit à 2,7 Md€ et le résultat d’exploitation (Ebit, bénéfice avant intérêts et impôts) à 1,3 Md€.
Augmentation de 4 % du taux de fret
Au cours de l'exercice 2020, le chiffre d'affaires a augmenté d'environ 3 %, pour atteindre quelque 12,8 Md€, porté par une augmentation d'environ 4 % du taux de fret moyen, à 1 115 $/EVP (versus 1 072 $/EVP en 2019). Les volumes de transport à la fin de l'année étaient légèrement inférieurs au niveau de l'année précédente, à 11,8 MEVP (12 MEVP en 2019), soit un recul de 1,6 %.
Comme d’autres transporteurs européens, Hapag-Lloyd a profité de sa forme financière pour s’alléger de quelques dettes financières. Il a ainsi remboursé 1,3 Md$ (hors IFRS 16) en 2020. Le ratio d'endettement (dette nette sur Ebitda) a diminué à 1,8x et est ainsi nettement inférieur au niveau de 3,0x de l'année précédente. Fort de ses résultats, un dividende de 3,5 € par action sera proposé à l'assemblée générale annuelle.
Projections conditionnées à de grandes incertitudes
Pour Hapag-Lloyd, le bénéfice net et le résultat d’exploitation « dépasseront nettement en 2021 le niveau de l'année précédente ». La compagnie envisage des volumes en hausse et des taux de fret moyen plus élevés encore, en dépit d’une augmentation significative du coût des soutes.
Mais ses projections sont conditionnées à un ensemble de paramètres. « Cette prévision reste très incertaine en raison d'un certain nombre de facteurs, indique Rolf Habben Jansen, mentionnant une extrême volatilité du marché des conteneurs qui connaît de fortes fluctuations des taux et surtout l’évolution erratique de l’incontrôlable virus « même si les campagnes de vaccination menées dans le monde entier laissent entrevoir les premiers pas vers une normalisation ».
Quant aux goulets d'étranglement dans les infrastructures portuaires, il estime qu’ils ne se résorberont « vraisemblablement de manière significative qu'au second semestre de l'année. » Cette situation est responsable de la détérioration continue de la fiabilité des porte-conteneurs et de fait, des retards dans toute la supply chain. À peine une escale mondiale de porte-conteneurs sur trois était à l'heure en janvier selon l’analyste Sea-Intelligence, alors que ce chiffre est normalement supérieur à deux sur trois.
La vie en bleu
Hapag-Lloyd n’est pas le seul armateur à anticiper un début d’année prometteur. Le leader mondial Maersk a aussi estimé que le premier trimestre 2021 devrait être encore plus fort que le dernier trimestre de l'année dernière tout en évoquant des conditions du marché en « normalisation » à partir du 2e trimestre. L'Ebitda du groupe Maersk a augmenté jusqu'à 44 % en 2020.
Adeline Descamps