Sur la base de chiffres préliminaires, le bénéfice d’exploitation de l’armateur allemand pour l'exercice financier 2020 devrait être de 2,7 Md€. Les recettes ont augmenté d'environ 3 % pour atteindre 12,8 Md€. Des résultats exceptionnels pour une année extra-ordinaire.
Bénéfice et résultat d’exploitation nettement plus élevés que l’an dernier malgré la pandémie de coronavirus, peut s’enorgueillir le transporteur allemand. Hapag-Lloyd, qui publie ses résultats souvent avec un temps d’avance sur ses homologues, donne une tonalité à la tendance du secteur. Il est connu depuis quelques mois que la ligne régulière aura réalisé en 2020 une gageure : gagner de l’argent par gros temps alors que le secteur avait habitué à les analystes financiers à la sécheresse de ses résultats financiers en temps ordinaires...
Sur la base de chiffres préliminaires, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda) de Hapag-Lloyd pour l'exercice financier 2020 devrait se consolider autour de 2,7 Md€ (3 Md$ contre 2,2 Md$ en 2019) quand ses résultats seront validés définitivement le 18 mars. Les bénéfices avant intérêts et impôts (Ebit) devraient s’établir autour de 1,3 Md€.
« Les principaux moteurs de cette évolution positive des affaires ont été l'amélioration des taux de fret, la baisse des coûts de soute ainsi que les économies d'environ 500 M$ résultant de la mise en œuvre réussie du programme de garantie des performances », indique Hapag Lloyd. Ses recettes se sont améliorées d'environ 3 % au cours de l'exercice financier 2020, pour atteindre 12,8 Md€, reflétant un revenu moyen par EVP de 1 115 $ alors qu’il était de 1 072 $ un an auparavant. Et ce, avec des volumes transportés moindres (- 1,6 %) à 11,8 MEVP.
Deux revoyures
La société de Hambourg aura donc revu ses prévisions à la hausse à deux reprises au cours des six derniers mois, la dernière fois en décembre. Et la compagnie maritime ne sera pas la seule à présenter des résultats ragaillardis. À de rares exceptions près, elles devraient toutes présenter d’enviables profits, dopés par l’escalade des taux de fret, qui ont cependant manifesté la semaine dernière la première fatigue en 14 semaines de hausses consécutives. Selon le Shanghai Containerized Freight Index, qui mesure les taux spot du fret conteneurisé au départ de Shanghai vers une série de destinations, les taux ont dérapé de 0,6 % mais sont encore à 2 868,95 $. En glissement annuel, le SCFI aura augmenté de 202 %.
Les transporteurs européens devraient utiliser les revenus générés par le marché en plein essor pour réorganiser leur structure de capital et réaménager leur dette. Hapag-Lloyd n’échappe pas à cette règle. L’entreprise allemande a remboursé en novembre 150 M€ de ses obligations arrivant à échéance en 2024, dans le cadre de son programme de réduction de sa dette, d’optimisation de ses intérêts bancaires et plus globalement, de la structure de son capital.
Dette réduite à 5,13 Md$
Un cash-flow opérationnel positif et le remboursement des dettes financières pour le financement des navires ont permis au groupe de réduire la dette nette de près de 13 % à 5,13 Md$ entre janvier et septembre, soit une réduction de 747 M€, a calculé Alphaliner. Hapag-Lloyd devrait ainsi atteindre bien avant la date prévue (2023) son objectif en termes de ratio dette nette/Ebitda de 3x.
Cela ne lui a pas empêché de confirmer une intention de commander de nouveaux navires, qu’il avait manifestée en début d’année avant de la geler en mars, refroidie par la tournure des événements. Le 5e armement mondial de porte-conteneurs (avec une capacité de 1,74 EVP, 243 navires dont 112 en propriété) a passé commande, aux dernières heures de l’inédité année 2020, de six géants d'une capacité de 23 500 EVP. La commande a été notifiée au constructeur sud-coréen DSME et les navires devraient être livrés en 2023.
Adeline Descamps
