Selon les plans initiaux du projet porté par la compagnie nantaise Zephyr&Borée, un des huit lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt du Conseil d’orientation pour la recherche et l’innovation des industriels de la mer (Corimer), la capture de carbone doit intervenir en seconde phase mais c’est bien cette technologie qui doit permettre de parfaire la promesse de réduction des émissions de CO2.
Mené avec l’École centrale de Nantes, CWS Morel pour la conception des mâts-ailes, et GTT, connue pour ses systèmes de confinement des gaz liquéfiés, le projet Mervent consiste à construire d’ici 2025 un feeder de 147 m de long et d’une capacité de 800 EVP (307 conteneurs en soute, 380 sur le pont), où la propulsion vélique est utilisée comme moyen de propulsion principale, complétée par un moteur utilisant un carburant de synthèse décarboné (GNL, méthanol, e-GNL et bio-GNL). Cette étape, qui permettrait, selon le carburant disponible d’ici 2025, une réduction des émissions de CO2 plus ou moins importante, doit surtout être optimisée avec la capture et le stockage du carbone (CCS). GTT est chargé de développer une solution qui piégera au moins 30 % du carbone émis par le carburant alternatif.
C’est dans ce cadre que la pépite technologique française, une des rares spécialistes au monde à maîtriser le transport et le stockage du GNL notamment, a obtenu le 3 février une subvention de 4,66 M€ de la part de Bpifrance pour la conception du système et le développement de solutions d’intelligence numérique, spécialité de sa filiale OSE Engineering.
La voile avant tout
La propulsion éolienne reste cependant un élément clé de la conception, le navire étant doté de cinq ailes à voile symétriques de CWS (pliées en deux) et ensuite placées à plat sur le pont pour les sécuriser pendant les phases d'exploitation commerciale.
Les mâts seront disposés de façon à ne pas entraver le chargement et le déchargement des conteneurs et surtout ne pas grignoter l’espace à bord. La disposition asymétrique des mâts vise précisément à dégager le pont et à permettre l’arrimage des ailes lors de la phase de manutention des boîtes. Le poids des voiles-ailes sera compensé par la répartition des masses à bord du navire et par le ballastage si nécessaire. Il est probable que le navire navigue en virement de bord car pour rester face au vent, il faut changer la direction de l’axe et passer les voiles d’un côté à l’autre.
Quant à Zephyr&Borée, présidé par Nils Joyeux et dirigé par Amaury Bolvin, l’armateur nantais est déjà engagé dans différents projets de navires à voiles : le roulier Canopée, porté par Jifmar pour les transports des éléments d’Ariane 6 ; le Wind.coop, un petit porte-conteneur de 104 EVP pour la desserte de Madagascar, actuellement en phase de levée de fonds ; ou encore dix porte-conteneurs transatlantiques avec voiles de 600 EVP pour une coalition de chargeurs.
Adeline Descamps