Bientôt un nouveau porte-conteneurs à voile pour importer des produits typiques depuis Madagascar et expédier en fret retour des produits fabriqués en Europe ? C’est le projet porté par Matthieu Brunet, président de l’entreprise gardoise Arcadie, spécialisée dans le conditionnement et la distribution de produits bio. Il lance Windcoop, compagnie coopérative de transport maritime décarboné, avec Julien Noé, président-fondateur d’Enercoop, coopérative d’électricité, et Nils Joyeux, le président de Zéphyr & Borée. Cet armateur nantais est connu pour ses engagements dans des navires marchands à voile. Il est notamment actionnaire, aux côtés de Jifmar, de la compagnie Alizés, à qui Airbus Group a affrété le Canopée, un roulier propulsé par la voile pour le transport des différents éléments constituant le lanceur Ariane 6.
« Avec la création de Windcoop, nous voulons participer à la mise en place d’un nouveau modèle de logistique, décarboné, transparent et citoyen, explique Matthieu Brunet, qui revendique un positionnement différenciant.
« Notre porte-conteneur qui adresse un segment de marché utilisant les chaînes logistiques du transport conteneurisé, largement répandu dans le commerce de biens de consommation. Ceci nous permet de nous insérer dans l’organisation du client tout en permettant une transition douce vers le décarboné. D’autre part, en tant que coopérative, nous intervenons aussi sur le modèle économique des compagnies maritimes en redéfinissant la politique de tarification (réelle) et de répartition des bénéfices », précise Louis Chopinet, directrice générale de Windcoop.
Le constructeur n’est pas encore arrêté. « Nous allons lancer un appel d’offres européen », ajoute-t-elle. Le coût total du projet est estimé à 20 M€, dont 3,5 millions en financement participatif. La campagne de levée de fonds est accessible sur le site Internet de l’entreprise. La partie technique est assurée par Zéphyr & Borée, qui travaille avec les cabinets d’architecture navale Groot Ship Design et Dykstra.
Traversée de 35 jours
La mise en chantier du premier navire est prévue en 2023 avec une première rotation entre la France et Madagascar en 2025. Au départ du sud de la France (le port de Marseille envisagé), il va aussi desservir Mayotte et plusieurs ports malgaches. Il est conçu pour être propulsé totalement à la voile, le moteur servant pour les manœuvres de port et les mises en sécurité, avec la promesse d’économiser jusqu’à 90 % en énergies fossiles sur une ligne transatlantique. Le temps de traversée est estimé à 35 jours avec une vitesse moyenne de 8 nœuds.
Long de 85 m de long, le porte-conteneurs dispose d’une capacité de 100 EVP ou 1 400 t (du conventionnel n’est pas exclu). À ce jour, 14 chargeurs se sont engagés, pour plus de 6 000 t de marchandises. La compagnie prévoit au maximum cinq rotations par an, soit 14 000 t de fret par an.
En parallèle, l’entreprise démarche des commissionnaires de transport « qui importent beaucoup depuis l’Europe ». Le cargo-voilier est aussi prévu pour accueillir 12 passagers (tarif de 100 € par jour). La société coopérative travaille déjà au développement d’une ligne vers l’Amérique latine et d’autres destinations dans l’océan Indien.
La construction d’une seconde unité est d’ores et déjà prévue. La société basée à Méjannes-les-Alès compte 120 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 24 M€.
Hubert Vialatte