Felicity Ace : près de 4 000 berlines de luxe partent en fumée

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De par sa précieuse cargaison en Porsche, Bentley ou encore Lamborghini, d'une valeur estimée à plus de 250 M$, l'incendie du transporteur de voitures de MOL va poser un sérieux problème d'assurance. Le navire a pris feu hier au large des Açores au Portugal, alors qu'il était parti d'Emden, en Allemagne, et faisait route vers Davisville, aux États-Unis.

Le transporteur de voitures construit en 2005 ne vaut plus, selon VesselsValue, que 31,5 M$ mais ce qu’il logeait à bord – des Porsche, des Bentley, des Audi et autres Lamborghini (au demeurant toutes du groupe allemand Volkswagen) parmi les 3 965 voitures selon les estimations –, totaliserait une valeur de plus de 250 M$ selon des sources concordantes.

Le porte-parole de Porsche a indiqué que le groupe allemand avaient 1 100 voitures à bord et Bentley a fait valoir le nombre de 189. Les autres constructeurs n’ont pas communiqué sur ce point.

Loi des séries pour MOL

Le Felicity Ace, d'une capacité de 6 400 CEU (car equivalent unit), était parti d'Emden, en Allemagne, et faisait route vers Davisville, aux États-Unis, lorsqu’il a lancé, le 17 février, un appel de détresse pour signaler un incendie à bord.

Le transporteur de voitures de la compagnie japonaise Mitsui O.S.K. Lines (MOL), qui l’exploitait via sa filiale Snowcape Car Carriers, était alors au large des côtes portugaises. Le nom du navire convoque le triste sinistre d’un précédent pour le transporteur japonais. Le 31 décembre 2018, le Sincerity Ace s’était soldé par cinq morts et des disparus. Remorqué au Japon, il a fini l’an dernier sur les plages du Bangladesh où il a été démantelé.

Remorquage probable faute de pouvoir pénétrer dans une zone protégée

Le centre de coordination de recherche et de sauvetage maritime (MRCC) de Ponta Delgada a piloté le sauvetage, impliquant notamment le patrouilleur de la marine portugaise, le Setúbal, l’hélicoptère de sauvetage EH101 mais aussi des navires qui se trouvaient à proximité. Ainsi le pétrolier Resilient Warrior a-t-il recueilli les 22 membres d’équipage et les a débarqués au port de Horta aux Açores. Aucun blessé n'a été signalé. 

Selon les dernières informations délivrées par la marine portugaise, le transporteur de voitures continue de dériver au sud du port portugais de Horta alors que le navire semble avoir été dévoré par les flammes le long de son flanc de 199 m.

Une équipe de seize spécialistes de la société de secours et de remorquage SMIT Salvage, décidément très sollicitée en ce moment, sont à pied d’œuvre sur place. Toutefois, les remorqueurs ne devraient pas être en mesure d’atteindre le transporteur de voitures avant le 23 février. La capitainerie de Horta a précisé auprès de Reuters que le navire ne serait pas autorisé à pénétrer dans la zone protégée, ce qui signifie qu’il devrait être remorqué jusqu'aux Bahamas ou en Europe.

En cause, des batteries ?

En l’absence d’éléments, la possibilité que le pure car and truck carriers puisse transporter des véhicules électriques parmi son chargement alimente toutes les conjectures, les batteries présentant potentiellement un caractère explosif.

« Compte tenu de l'absence de moyens d'intervention, l'incendie est livré à lui-même », a réagi le 17 février l’association Robin des Bois, rappelant que les « incendies à bord des transporteurs de voitures se terminent généralement mal, pour le fret et les navires mais aussi dans certains cas pour les équipages et les fonds marins. »

Sinistres précédents

L’ONG a référencé pas moins de huit navires depuis 2015 qui ont tous fini au démantèlement : Hoegh Xiamen (2 400 voitures d'occasion destinées à l'Afrique) ; Diamond Highway ; Grande America (2 000 voitures dont des Porsche et des Audi pour le Brésil et des véhicules d'occasion pour l'Afrique) ; Sincerity Ace ( 5 morts et disparus) ; Baltic Breeze ; Auto Banner (2 438 voitures destinées à la Libye) ; Silver Sky et le Courage.

La série d'incendies en 2019, année particulièrement critique pour les transporteurs de voitures – notamment les Cruise Bonaria, Polaris Highway et Höegh Xiamen – avait conduit l'armateur italien Emanuele Grimaldi à appeler de nouvelles règles. Grimaldi avait été particulièrement touché cette année-là : deux de ses rouliers – Grande America et Grande Europa – avaient été classés en pertes.

Adeline Descamps

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