Le ro-ro italien, qui a coulé au large de La Rochelle, transportait plus de 1 000 tonnes de matières dangereuses. Un dispositif anti-pollution a été déployé.
Le porte-conteneurs roulier de 213 m de long, qui a coulé le 12 mars à 300 km à l'Ouest de La Rochelle suite à un incendie qui s'était déclaré deux jours plus tôt, se trouve aujourd'hui par 4 600 m de fond. Une semaine plus tard, la préfecture maritime de Brest, répondant à une demande de l'association Robin des Bois, rendait public l'inventaire de la cargaison, établi à partir des déclaration de l'armateur italien, Grimaldi Group. « Une première dans l'histoire de l'accidentologie maritime mondiale », selon l'association.
Lors du naufrage, le navire transportait 2 100 véhicules, 365 conteneurs dont 320 de marchandises non dangereuses. Dans les 45 autres se trouvaient plus de 1 050 tonnes de matières dangereuses, toxiques à la fois chimiquement pour les organismes vivants avec lesquels ils seront en contact et mécaniquement pour les animaux marins qui peuvent les confondre avec des proies et les avaler. La liste des produits transportés est éclectique : engrais, résines, lubrifiants, fibres de polyester. S'y trouvaient encore 720 t d'acide chlorhydrique, 16 t de White Spirit, 82 t d'acide sulfurique et 85 t d'hydrogénosulfure de sodium. Plus des tonnes d'allume-feux, d'aérosols, de pesticides... Et les 190 t de marine gasoil, les 2 200 tonnes de IFO380 et les 70 000 litres d'huile nécessaires à la propulsion du navire lui-même.
Certains de ces produits ont brûlé lors de l'incendie, sans qu'il soit possible de déterminer lesquels, et pas davantage ceux qui se sont répandus en mer et qui restent enfermés dans l'épave. Quant à récupérer ce qui est encore dans les cales du navire, c'est techniquement possible, mais financièrement peu vraisemblable.
« Des informations complémentaires ont été demandées à Grimaldi », a indiqué la préfecture maritime. « Elles devraient permettre de compléter l’analyse initiale du chargement et ainsi d’appréhender de la manière la plus exhaustive possible l’ensemble des enjeux environnementaux liés à ce naufrage. »
Deux nappes de pétrole se sont échappées du Grande America et ont fait l'objet de toutes les attentions dès le lendemain du naufrage. La Marine nationale a déployé son dispositif de lutte antipollution, avec cinq navires arrivés sur zone. Ils suivent la dérive des deux nappes de pétrole et ont mis en œuvre des filets anti-dépollution à partir du BSAA Argonaute et les « sweeping arms » du Ria de Vigo, qui rassemblent les hydrocarbures contre les flancs du bateau avant de les pomper. Des conteneurs provenant du navire ont également été localisés et ont donné lieu à des avis urgents diffusés aux navigateurs, en attendant qu'ils soient récupérés.
Myriam Guillemaud Silenko