CMA CGM vient de publier ses résultats financiers consolidés pour l'exercice 2018. Chiffre d'affaires et volumes transportés en hausse. Un quatrième trimestre de très bonne tenue. Le groupe conforte la tendance observée ces derniers mois à afficher une dynamique supérieure à son marché.
L’an dernier, le 4e armement mondial avait égrené les trimestres en présentant des résultats financiers et des volumes transportés à la hausse mais surtout supérieurs au marché, profitant de la dynamique des lignes transpacifiques et de l’effet « alliance » (Ocean Alliance, notamment sur le trade Asie-Moyen-Orient). Mais il devait néanmoins concéder un revenu moyen par conteneur transporté et se résigner à un résultat opérationnel dégradé par la flambée du prix du fuel.
Il vient d’annoncer par communiqué le bilan consolidé de l’exercice 2018, qui confirme les tendances observées ces derniers mois avec quelques lignes de crêtes franchies. Pour ce qui est de ses volumes transportés, l'armateur tricolore de porte-conteneurs passe le palier des 20 MEVP (20,71 MEVP vs 18,95 MEVP en 2017), enregistrant une croissance de 9,3 % sur l’année écoulée par rapport à 2017. Son chiffre d’affaires ne s’en porte que mieux, pour s’établir au-delà du cap des 20 Md$, à 23,48 M$ (+ 11,2 %). Le 4e trimestre (6,3 Md$) lui fut particulièrement profitable avec une progression de 14,9 % en année glissante. Il a été aidé par une bonne tenue commerciale de la plupart de ses lignes maritimes, « et plus particulièrement des lignes transpacifiques, Inde/Océanie et Afrique », et sans doute aussi porté par les synergies tirées de Ocean Alliance, qui lui permet de densifier son réseau et d’optimiser ses taux de remplissage (CMA CGM déploie 122 navires au sein d’Ocean Alliance Day 2 Product).
Plan de réduction de coûts de 1,2 Md$
Le groupe (37 000 personnes dans le monde dont 2 400 à Marseille où est situé son siège social) cimente aussi sa tendance observée ces derniers mois à faire mieux que le marché. « Malgré la hausse du prix du pétrole, notre marge opérationnelle récurrente reste très au-dessus de la moyenne de l’industrie », souligne son PDG Rodolphe Saadé, cité dans le communiqué de présentation des résultats.
Si le prix du fuel (+ 32,9 %) a malmené son résultat opérationnel, celui-ci est néanmoins en hausse de 3,1 %, à 610 M$. Mais ce niveau est deux fois moindre par rapport à 2017 où il dépassait les 1,5 Md$. Hors éléments exceptionnels sur des filiales non consolidées (GSL, Ceva), le résultat net récurrent s’est élevé à 150 M$, mais le résultat net consolidé part du groupe, à seulement 34 M$. Pour améliorer ses ratios, le groupe marseillais va lancer « un nouveau plan de réduction de coûts de 1,2 Md$ », annonce-t-il. Le précédent en la matière – de l'ordre d'un 1 Md$ – remonte à l'année 2016, le secteur du transport maritime étant alors à l'acmé d'une crise de surcapacités.
Grande œuvre
L’année 2018 fut déterminante pour le groupe français, au-delà de sa maturité désormais acquise avec ses 40 ans actés. L’acquisition de la finlandaise Containerships, qui le renforce dans sa stratégie intra-régionale, et la réception du premier porte-conteneur propulsé au GNL (pour la flotte de Containerships), ont été éclipsées par les mouvements autour de Ceva Logistics. La montée en puissance au sein du n°8 mondial des services logistiques est à ce jour le premier jalon du « grand projet » – et cheval de Troie – de Rodolphe Saadé pour positionner son groupe comme un acteur couvrant toute la chaîne du transport de façon à offrir à ses clients une offre de services « end-to-end » selon la terminologie du groupe. Développer une offre logistique et de services complémentaire au transport est le reflet du processus d’intégration verticale auquel se prêtent actuellement les grands armements, visant à élargir le spectre de leur champ d’activités.
Début 2018, la Française était un simple actionnaire de la Suisse avec 24,99 % du capital. À la fin de l'année, elle était à 33 %. En ce début d’année, comme annoncé, CMA CGM a lancé une OPA amicale, visant à en être le maître à bord absolu, à plus de 50 % du capital. « Ce mouvement constitue une transformation majeure qui fera du groupe CMA CGM un leader mondial du transport et de la logistique, fort de 100 000 collaborateurs et réalisant plus de 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires », dit aussi le communiqué.
8,8 % du carnet de commandes mondial
Parallèlement, le secteur de la logistique bouillonne, en proie à la consolidation, bataille menée par le n°7 et danois DSV qui cherche à tout prix à racheter pour gagner quelques rangs dans la hiérarchie mondiale (une tentative avortée sur Ceva Logistics, un essai non transformé à ce jour sur l’entreprise suisse de logistique Panalpina...).
Avec 2,6 MEVP de capacité offerte, CMA CGM aurait, selon Alphaliner, une part de marché mondiale de 11,4 %. Il dispose d'une flotte de 509 navires et en termes de commandes, il est l'un des plus actifs investisseurs mondiaux, représentant 8,8 % du carnet de commandes mondial. Il attend en effet 19 porte-conteneurs.
A.D.
