Le Méditerranée, ferry affecté à une liaison saisonnière entre Marseille et Alger de juin et septembre, a navigué cet été en utilisant un carburant de type Emag (esther méthylique d’acide gras).
Mélangé à hauteur du 30 % à du MGO, le biocarburant issu du recyclage d’huiles de cuisson permet une réduction de 85 % des émissions de CO2 par rapport à un carburant conventionnel, soutient Corsica Linea.
Le premier avitaillement de biocarburant a été réalisé le 18 juillet au port de Marseille. Au cours de la saison, 1 000 t d’Emag ont été consommés par le navire.
« Un test très bref, mais concluant, avait été mené l’an dernier, indique Pierre-Antoine Villanova, directeur général de Corsica Linea. Il ne s’agissait donc pas d’expérimenter mais de passer résolument au biocarburant. Nous avons commencé avec un navire qui navigue beaucoup en saison entre Marseille et l’Afrique du Nord. Le biocarburant a été introduit à raison d’un ttiers du volume de soute, le dosage recommandé par les motoristes ».
Un pétrole de la raffinerie de Lavera
Après plus d’un mois d’utilisation, n ’ayant rencontré aucun problème de fonctionnement du moteur, l’armateur a décidé d’élargir la démarche à trois autres navires dès le troisième trimestre 2023 : le ferry Danielle Casanova et les ro-pax Jean Nicoli et Pascal Paoli.
L’avitaillement se fait en camion avec un carburant fourni par Petroineos depuis la raffinerie de Lavéra, à une quarantaine de km.
GNL pour un autre navire
Le ro-pax A Galeotta, qui a rejoint la flotte de Corsica Linea en décembre 2022, navigue, lui, à 80 % du temps au GNL « Bien sûr, comme le GNL, le biocarburant coûte plus cher que le fuel. Mais la transition environnementale ne se fera pas sans augmentation des coûts », reconnait Pierre-Antoine Villanova, qui s’est fixé un objectif de réduction de 30 % de ses émissions en 2030 par rapport au niveau de 2021.
Outre le biocarburant, qui constitue la solution de transition énergétique la plus simple à opérer car sans modification des moteurs, et le GNL ou bio-GNL, plus complexe, Corsica Linea étudie une troisième option : le méthanol de synthèse, envisagé pour une partie de la flotte.
Le passage au biocarburant repose sur une démarche volontaire, car rien n’obligeait la compagnie à réduire ses émissions dès cet été. « Sur neuf navires, six sont conformes aux normes des zones de contrôle des émissions d'oxydes de soufre et de particules [SECA], insiste le dirigeant, cinq avec un système de traitement des fumées, et le sixième grâce à l’utilisation du GNL. »
Trois navires, enfin, sont équipés pour utiliser le courant de quai, désormais disponible sur les deux postes à quai de la Joliette à Marseille où escale Corsica Linea.
Étienne Berrier