Douze navires supplémentaires seraient prêts à pénétrer dans le nouveau corridor maritime que l'Ukraine a mis en œuvre pour compenser la suspension du couloir céréalier qui avait été négocié entre les deux parties belligérantes pour permettre les exportations de céréales dans un cadre protégé. Dmitro Pletenchuk, porte-parole de la marine ukrainienne, en a fait l'annonce lors d'une conférence de presse le 4 octobre.
Depuis que la Russie a dénoncé cet accord à la mi-juillet, la mer Noire est redevenue inhospitalière pour les navires, y compris quand ils transportent des denrées agricoles.
Le transit par la partie nord de la mer Noire, à l'ouest de la Crimée, est interdit par la marine russe. La mer d'Azov est fermée aux navires marchands, à l'exception de ceux qui opèrent avec son approbation. Le Kremlin a averti que tout navire croisant dans les eaux sous blocus serait considéré comme un bâtiment militaire de la partie adverse.
Sécurité assurée par les forces marines ukrainiennes
Depuis, plusieurs navires, principalement des vraquiers, chargés de céréales ou minerait de fer, ainsi qu'un porte-conteneurs, ont transité avec succès par un corridor alternatif, sans être interceptés par les forces marines russes.
L'assureur Miller a annoncé, il y a quelques jours, être en mesure d'offrir une assurance complète contre les risques de guerre aux navires opérant dans la mer Noire au départ de Chornomorsk, Odessa et Pivdenny.
« Au total, douze navires sont sur le point d'entrer dans le nouveau corridor et dix en sortie », a précisé Dmytro Pletenchuk, sans autre précision sur le programme et les itinéraires précis de ces navires.
Dans le cadre de ce nouveau couloir, les navires longent en principe les côtes de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Turquie, tous pays membres de l'Otan. Un paramètre dissuasif pour la Russie
Les forces de défense ukrainiennes assurent la sécurité des navires civils dans leurs eaux territoriales, a ajouté le représentant ukrainien.
Exportations néanmoins difficiles
Au moins sept navires sont entrés dans les eaux ukrainiennes ces derniers jours, représentant un tonnage de 127 000 t de céréales, selon des sources locales citées par Reuters.
À ce stade de la saison (juillet 2023/juin 2024), les exportations de céréales atteignent à peine les 7 Mt (6,82 Mt) contre 8,99 Mt au cours de la même période il y a un an, selon les données du ministère de l'Agriculture, reflétant les contraintes logistiques dans les ports ukrainiens de la mer Noire.
Les exportations maritimes de l'Ukraine ont totalisé 2,4 Mt en septembre, inférieures de 51 % à celles de septembre dernier. La totalité des volumes (99 %) ont été couverts par les ports du Danube, indiquent pour leur part les courtiers.
Depuis le début de l'invasion en 2022, les ports de la partie Nord du delta du Danube constituent les seuls points d'accès libres au commerce maritime.
Avec l’échec de l’accord céréalier, les ports fluviaux de Reni, Izmail et Ust-Dunaisk sont devenus des points clés en tant que seuls ports ukrainiens encore assurables et dernier moyen d'exporter des céréales par la voie d’eau.
L'Ukraine utilise ce corridor pour acheminer des céréales vers le port roumain voisin de Constanta, base arrière alternative.
Ces relais sont cependant loin d'être suffisants pour assurer le potentiel de l'Ukraine, qui prévoit d'exporter 50 Mt des 79 Mt de céréales et oléagineux récoltés cette année.
Adeline Descamps
La Russie pourrait miner la nouvelle route céréalière
Selon les services de renseignement militaire britanniques, la Russie pourrait miner les routes empruntées par les vraquiers transportant des céréales à des fins de dissuasion, pour entraver les exportations de céréales de l'Ukraine, alors qu'une route alternative initiée par Kiev brave le blocus maritime en mer Noire. L'intérêt des mines résiderait dans le fait que l'origine de la frappe est difficile à établir.
Malgré ces menaces, la nouvelle route céréalière ukrainienne, instaurée pour relayer l'initiative précédente, suspendue du fait du retrait de la Russie, continue de convaincre. Les autorités soutiennent qu'elle va contribuer à faire baisser les prix, de l'ordre de 30 à 40 % au cours des deux ou trois dernières semaines.
A.D