Le groupe chinois veut faire de Zeebrugge un hub stratégique pour l'Europe du Nord-Ouest. Et il y met les moyens. Suffisant pour réussir là où Maersk/APMT et PSA ont échoué ?
Le terminal de Zeebrugge, dont le groupe chinois détient 90 % (avec CMA CGM à hauteur de 10 %) a connu un premier trimestre difficile. À fin mars, le trafic conteneurs du port avait progressé de 1,4 % à 3,82 Mt (soit 347 000 EVP sur la base de 11 t/EVP), trafic qui se manifeste surtout dans le ro-ro. En lo-lo, il atteignait à peine les 90 000 EVP. Autant dire, fortement sous-utilisé. Cosco Shipping Ports veut y remédier. Non dans la demie-mesure. Il annonce d'abord un nouveau service Europe-Asie, le NEU1, le plus important de Ocean Alliance (Cosco/OOCL, CMA CGM, Evergreen) avec 5 mégamax de CoscoSL d’une capacité de 18 980 EVP et 6 unités de 24 413 EVP via OOCL.
Zeebrugge devient ainsi le premier port de déchargement sur le continent après Felixstowe. Le service touche également Gdansk, Wilhelmshaven et Le Pirée. Avec le NEU3, le terminal est désormais directement impliqué dans deux des sept services de l’alliance. Trois services feeder vont en outre escaler au terminal. Le premier, propre à Cosco ( Zeebrugge, St Pétersbourg, Rotterdam, Zeebrugge) ; le second de X-Press (Zeebrugge, Rotterdam, Dunkerque, Bilbao, Gijon, Le Havre, Zeebrugge) avec deux unités de 1 700 EVP ; le troisième service dessert Zeebrugge et Dublin.
Investissements dans les équipemements
Actuellement, le manutentionnaire Cosco Shipping Port fait rehausser de 5 des 7 portiques de 12 m, afin de traiter des ULCS allant jusqu’à 23 000 EVP, présentant une largeur de pontée de 24 EVP tandis que deux seront dédiés aux feeders et au service fluviomaritime Port Connect, qui fera notamment les connexions avec Anvers et Gand. Un service ferroviaire hebdomadaire vient de démarrer avec Duisport Agency pour la desserte de la Ruhr. D’ici à juillet, le terminal sera relié par rail à Courtrai, Rekkem (LAR) et au terminal fluvial de Wielsbeke. Une navette ferroviaire CSP Zeebrugge Express opèrera d’Anvers, assurée par Lineas.
Plus curieuse est l’opération qui vise à faire passer la fréquence, de deux à trois trains, pour servir Evonik. L’entreprise chimique anversoise qui expédie chaque semaine ses conteneurs de son centre de production vers le terminal à marée d’Antwerp Gateway (Cosco Pacific en détient 20 %) où escale Ocean Alliance, pour être exportées vers l’Asie. Evonik va désormais expédier un train de conteneurs par semaine vers Zeebrugge pour exportation via CoscoSL. Un transfert… de près de 100 km ! Enfin, Cosco SL a ouvert une seconde agence en Belgique, à Zeebrugge, la première étant à Anvers, afin de développer des activités commerciales qui auront pour champ d’actions la Flandre Est/Ouest et le Nord de la France.
Reste à savoir si ces développements se feront au détriment d’Anvers et de Rotterdam, où le groupe est également impliqué dans la manutention. Et surtout si Cosco réussira, là où Maersk/APMT et PSA ont jeté l'éponge.
Bernard Van den Bossche