Selon les données de Sea-Intelligence, le nombre limité de blank sailing et l’affrètement de navires supplémentaires devraient injecter de la capacité sur le marché transpacifique à partir de mars. « Le tonnage disponible sera même au-delà des niveaux prépandémiques », assure l’analyste. Ainsi, le nombre de porte-conteneurs programmés pour quitter l'Asie à destination de la côte ouest des États-Unis augmentera de près de 56 % par rapport aux moyennes d’avant Covid au cours de la semaine du 18 avril.
En avril, la capacité offerte serait de 41 % supérieure à celle de 2019. L’afflux massif de navires risque d'exercer une pression supplémentaire sur les ports de part et d’autre du marché transpacifique, et plus particulièrement sur ceux de Los Angeles et de Long Beach, qui n'ont commencé que récemment à améliorer sensiblement les files d'attente des navires. Selon le Marine Exchange of Southern California, 74 navires étaient encore à l'ancre ou se dirigeaient lentement vers les ports de Los Angeles/Long Beach le 16 février.
État du monde portuaire en 2021
Capacité temporairement raréfiée
La capacité s’est temporairement raréfiée pendant la pause du Nouvel An lunaire, pendant laquelle de nombreuses usines sont fermées. Le comportement du mois de mars sera scruté par les analystes qui s'attendent à ce que les volumes regagnent du terrain.
« Ce qui est plus alarmant, c'est l’augmentation de 60 % du nombre de navires entre l'Asie et la côte est américaine dans les mois à venir, car les transporteurs tentent de contourner la congestion portuaire sur la côte ouest , alerte Sea-Intelligence dans sa note. Cela mettre sévèrement la pression sur les infrastructures portuaires de la côte Est ». Le nombre de navires en attente au large de Charleston est en effet passé de 19 à 30 en un mois. Le port de Caroline du sud, a actuellement sur ses quais quatre fois plus de conteneurs entrants qu’en 2019. Un phénomène que connait aussi son voisin, Savannah, qui s’est affirmé en 2021 comme l’une des principales porte d’entrée du pays pour les biens conteneurisés.
Peu de navires au chômage
La flotte mondiale de porte-conteneurs inactifs a légèrement augmenté (de 0,1 %) au cours des deux dernières semaines, selon la dernière enquête d'Alphaliner arrêtée au 14 février. Il s'agit du premier mouvement à la hausse de la flotte après trois baisses consécutives depuis le début de l'année. Il ne concerne cependant que 20 unités et une capacité marginale de 41 868 EVP.
Selon Alphaliner, la part des porte-conteneurs inactifs dans la flotte totale mondiale (6 329 unités) s’établissait à 1,9 %, soit 174 navires (483 435 EVP) à peine alors que la période qui encadre le Nouvel an lunaire plaide traditionnellement pour le non-emploi. « La vigueur du marché et les goulets d'étranglement à terre continuent de motiver les transporteurs à mettre le maximum de tonnage sur le marché », indique le spécialiste du conteneur.
Révélateur, les navires sortis du marché le sont quasi-exclusivement pour honorer leur programme d’entretien, les armateurs profitant en général effectuer ces travaux pendant des périodes censées être creuses. Au total, le nombre de navires en cales sèches s'éleve à 127 navires pour 382 016 EVP, soit 79 % du total inactif.
Pénurie persistante de navires
Le marché de l'affrètement est toujours pénalisé par la pénurie persistante de navires rapides. « Les propriétaires de navires sont réticents à fixer trop tôt les navires alors que les taux d'affrètement sont en constante augmentation. Les affréteurs, quant à eux, restent très demandeurs mais certains d'entre eux sont découragés par les conditions offertes et préfèrent temporiser leurs besoins ou les convertir en achat », ajoute le consultant.
Les taux de fret au comptant ont baissé pour la sixième semaine consécutive. Alors que les replis observés étaient jusqu’à présent très limités (entre 0,2 et 0,7 %), le SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), reflétant les prix au comptant pour transporter un conteneur depuis Shanghai vers une vingtaine de destinations, pourrait finir cette semaine sur une chute bien plus prononcée, autour de 2,6 %, pour atteindre 4 818,47 points.
Pendant ce temps, les coûts du carburant maritime sont à leur plus haut niveau depuis 2014 dans un marché volatile causé par l'escalade des tensions en Ukraine. Selon la dernière évaluation de Ship & Bunker, le prix moyen du VLSFO dans les 20 principaux ports de soutage atteint désormais les 731,50 $ la tonne.
Adeline Descamps