Coca-Cola affrète trois vraquiers pour assurer sa production

Article réservé aux abonnés

La multinationale va acheminer par ses propres moyens 60 000 t de matériels destinés à ses lignes de production. C'est l'équivalent de 2 800 EVP qui auraient été en principe traités par les compagnies maritimes, indique le directeur des achats et de la logistique de Coca Cola, Alan Smith.

L’affrètement de navires est un virus qui devient plus contagieux encore que le coronavirus. Après le distributeur d’articles de maison Home Depot, le géant américain de la grande distribution Walmart, l’enseigne suédoise d’ameublement Ikea, l’exploitant de GMS américain Costco, la chaîne de grands magasins de luxe britannique John Lewis, le fabricant de jouets Mattel et d’autres moins médiatisés, la multinationale à la boisson universellement connue annonce à son tour qu’elle va assurer elle-même son transport maritime pour pallier le défaut de l’offre. 

« Lorsque la crise actuelle du fret maritime ne permet pas d'obtenir des conteneurs ou de l'espace à bord, il faut sortir des sentiers battus (ou des conteneurs !). Trois vraquiers ont été chargés cette semaine avec plus de 60 000 t de matériel pour faire fonctionner nos lignes de production dans le monde entier. C'est la première d'une longue série, nous l'espérons, au cours des prochains mois et un excellent exemple de collaboration entre nos équipes du département Achats, nos partenaires de la chaîne d'approvisionnement et nos fournisseurs », a annoncé Alan Smith, directeur des achats et de la logistique mondiale chez Coca-Cola, sur le réseau social LinkedIn.

Eviter les ports congestionnés

Le post a généré un afflux de commentaires et de questions auxquels il s’est empressé manifestement de répondre. À une interrogation portant sur sa gestion de la congestion des ports de destination (donc aux États-Unis) et des contraintes de manutention, le dirigeant indique avoir opté pour des places non congestionnées sans les préciser, ajoutant qu’« une bonne coordination est essentielle, tant du point de vue de la planification que des opérations de chargement et de déchargement. »

« De nombreux experts du secteur prévoient que la crise mondiale du transport maritime devrait se normaliser entre le début et le milieu de l'année 2022. Ces prévisions me laissent quelque peu perplexe. La crise mondiale du transport maritime n'est pas prête de s’atténuer. À mon avis, ce que nous vivons sera la nouvelle normalité », l’interpelle un spécialiste de la supply chain, toujours sur les réseaux. S’ensuit une conversation avec le dirigeant de Coca Cola.

Une très longue attente selon le dirigeant de Coca Cola

ll s’agit d’un problème complexe qui nécessite une refonte complète de nombreux maillons de la chaîne d'approvisionnement mondiale, poursuit le professionnel au long parcours dans le freight forwarding. « La plupart de ces maillons sont peu ou pas du tout incités à changer, si ce n'est sous la pression publique ». Et de dresser la liste de tous les points qui risquent de ne pas s’améliorer.

Il mentionne pêle-mêle, et pour chaque partie prenante, les nombreuses contraintes qui pèsent sur le système en surchauffe : le ratio ventes/stocks à son niveau historiquement bas, les commandes massives des entreprises qui ne décélèrent pas car les stocks sont aussi vite asséchés par la soif de consommation, la demande en services qui ne relaie toujours pas celle en produits.

Il estime en outre que l’inadaptation des terminaux au traitement des grands porte-conteneurs va être exacerbée si rien n’est fait par le simple fait que les commandes de nouveaux navires porteraient sur les grandes unités (ce qui n’est pas forcément vrai depuis le début de l’année). Les blocages systématiques des syndicats représentant les personnels portuaires à l’automatisation des terminaux n’aident en rien selon lui.

Aussi, il considère que le carnet de commandes mondial des compagnies ne sera pas suffisant pour compenser le retrait des navires à venir. La fabrication de conteneurs supplémentaires ne ferait qu'aggraver les problèmes de congestion portuaire et d'espaces sur les navires. Du côté des entreprises, la délocalisation ou la relocalisation de leur sourcing ne seraient pas une priorité. « Quelqu'un peut-il m'expliquer comment toutes ces contraintes peuvent être résolues en 16 mois », lance le consultant à la hussarde.

« Si 2018-2019 est considéré comme la référence de la normale, alors l’attente sera longue pour y revenir », lui a répondu, plus laconique, le directeur des achats de Coca Cola. Des échanges qui en disent long sur les réflexions générées par ce que l’on appelle désormais la « crise du conteneur ».

Adeline Descamps

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15