Le premier registre mondial de navires demande la médiation de l'Organisation maritime internationale dans le différend commercial entre la Chine et l’Australie qui bloque actuellement 74 vraquiers et 1 500 membres d’équipage au large des ports chinois. Le droit international prime sur le différend commercial, signifie le pavillon.
Panama, premier registre mondial (8 500 navires, 318 000 marins, 230 millions de tpl) avec 16 % de la flotte maritime mondiale, a sollicité l’intervention du secrétaire général de l'OMI, Kitack Lim, pour trouver une solution « raisonnable » à une situation qui dure depuis des mois et prend en otage navires et marins.
Selon le pavillon, 74 vraquiers et 1 500 membres d’équipage sont toujours au large des ports chinois, empêchés de décharger leurs cargaisons de charbon, devenu enjeu des tensions diplomatiques entre Pékin et Canberra depuis mai 2020. La Chine a multiplié l’an dernier les sanctions économiques à l’égard de l’Australie, imposant une véritable guérilla douanière à l’un de ses premiers fournisseurs et partenaires dans l’accord de libre-échange Asie-Pacifique.
Relations diplomatiques de l’OMI
La foudre est tombée sur une longue liste d’exportations australiennes, vins, orge, bœuf, fruits de mer, bois… Mais le différend commercial entre les deux pays s’est surtout cristallisé autour du charbon. En septembre 2020, Pékin a demandé à ses industries et à ses ports de cesser tout achat de charbon australien. Motif : plusieurs indélicatesses. Le premier Ministre australien avait demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur les origines du coronavirus tout en dénonçant la toute puissance de Huawei sur la 5G.
« Notre mission est de trouver une issue pour que les membres d’équipage de ces navires puisse rentrer chez eux. Le 21 septembre 2020, le Comité de la sécurité maritime de l'OMI a adopté la résolution MSC.473 (ES.2) sur les mesures recommandées pour faciliter les changements d'équipage des navires, l'accès aux soins médicaux et les déplacements des marins », rappelle le ministre des Affaires maritimes et administrateur du registre du Panama, Noriel Araúz dans son courrier au secrétaire général de l’OMI. « Les relations diplomatiques de l’OMI peuvent nous aider à sensibilier les autorités compétentes qu'en raison d'un désaccord commercial, les droits de l'homme et le bien-être des équipages de ces navires sont ignorés. »
Droit international prime sur le différend commercial
Dans un différend ou un désaccord commercial, relève l’administration du pavillon, « les équipages ne devraient pas être impliqués, ni leur débarquement empêché, surtout si leur contrat de travail a expiré ou s'ils sont à bord contre leur gré ». Panama fait référence au fait qu’en raison de la crise sanitaire et des mesures de restrictions prises par les États pour lutter contre la propagation, les marins sont entravés dans leur mobilité, contraints de prolonger leur contrat de travail au-delà du temps légal de 11 mois.
Pour conforter sa demande, Panama s’appuie sur le droit, pointant tous les faits qui se trouvent en infraction avec les conventions internationales du transport maritime. « Il ne dépend pas de l'État du pavillon d'autoriser ou non le débarquement de l'équipage lorsque le navire se trouve dans les eaux juridictionnelles ou les ports d'un autre pays », conclue le courrier. Tout en réaffirmant sa volonté de travailler avec l’OMI, le Panama considère qu’en tant qu'État du pavillon, la prise en considération des marins est une priorité.
Adeline Descamps