Victimes à plusieurs reprises de marées noires, les plages de l'Atlantique bordant le sud de la Bretagne et de la Vendée sont cette fois victimes d'un nouveau phénomène dénommé « marée blanche » qui depuis le mois de décembre dernier déverse des granulés blancs que l'on retrouve en quantités plus ou moins importantes sur le sable lors de la marée descendante ou mélangées à l'eau à la montante.
Ces GPI pour granulés plastiques industriels, utilisés comme matière première par l’industrie du plastique, font moins de 5 millimètres de diamètre, sont très légers – environ un million de billes pour 25 kg –, sont d'autant plus difficiles à ramasser qu'ils sont très sensibles à l'action du vent, des courants et des marées. Les importants coefficients de marée du week-end dernier n'ont fait qu'aggraver les choses.
Collecte difficile
Selon Christophe Logette, directeur du Cedre (Centre de documentation, de recherches et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux) installé à Brest, il est possible d’en retrouver en moyenne plus de 1 100 sur 100 m de plage. « Leur collecte est encore plus difficile, précise-t-il, témoignant de ce qui a été constaté à Pornic en Loire-Atlantique ainsi qu'aux Sables d'Olonne et sur quatre autres sites.
Les prélèvements effectués doivent servir à la fois à déterminer les meilleures solutions de nettoyage des plages et, d’autre part, à analyser les origines de ces microbilles. « C’est un problème, reconnaît Nicolas Tamic, le directeur adjoint, expert en pollutions. Car elles ont des formules à peu près identiques quelle que soit leur origine ».
Les gendarmes maritimes, qui devraient à priori être saisis par Camille Miansoni, le procureur de la République près du tribunal judiciaire de Brest, la juridiction du littoral spécialisée dans les affaires de pollutions maritimes, seront eux aussi confrontés à cette problématique d'origine.
Plainte contre X
Le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, et le secrétaire d’État chargé de la mer, Hervé Berville, ont porté plainte contre X le 25 janvier devant le procureur de la République du tribunal judiciaire de Brest, une « juridiction du littoral spécialisée », rejoignant ainsi l’action des collectivités des Pays de la Loire.
Une démarche similaire a été initiée par la région Bretagne, les municipalités de Pornic et des Sables d'Olonne et le département du Finistère (le 28 janvier). Toutes les plaintes ont été confiées au pôle environnement du Parquet de Brest.
Hervé Berville a rappelé que la France « a demandé à faire des pertes de conteneurs par les navires un axe de travail prioritaire de l’Organisation maritime internationale », un sujet sur lequel l’autorité de régulation est attendue. La piste de la perte d’un ou plusieurs conteneurs contenant ces GPI à bord d’un navire croisant au large des côtes bretonnes et vendéennes n’est pas exclue. La tâche sera ardue car les compagnies ne signalent pas systématiquement ces pertes et le contenu des boîtes n’est pas toujours bien renseigné.
Le fret mal déclaré est d’ailleurs identifié comme étant à la source d’accidents en mer, à commencer par les incendies. Le huitième sous-comité du transport des cargaisons et des conteneurs de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui s’est tenu du 14 au 23 septembre 2022, a notamment validé des propositions d’amendements aux conventions Solas et Marpol qui prévoient de rendre obligatoire la déclaration de pertes de conteneurs. Elle pourrait entrer en vigueur avant le 1er janvier 2026.
Mais dans le cas présent, il peut tout aussi bien s’agir d’un déversement issu d’une usine de production d’un pays riverain. Ce sera à l’enquête de le déterminer.
Gérard Le Brigand