Peu de motifs de satisfaction pour le port de Hambourg durant le premier trimestre. La plupart de ses grandes filières, dans les vracs notamment, s’affichent encore à la baisse : - 27,7 % pour les vracs liquides (1,9 Mt), en lien avec le niveau élevé des stocks et - 9,5 % pour les produits agricoles (1,7 Mt). Les marchandises manutentionnées en vrac, poids-lourd du premier port allemand avec 4,7 Mt entre janvier et mars, soit 17 % de son trafic total, ont perdu 4,5 %. L’ensemble des vracs accuse une baisse de 11,9 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Ces trafics ont tiré vers le bas (- 3,3 %) le tonnage global du premier port allemand qui s’établit à 27,4 Mt.
Cette photographie contraste avec les résultats de l’ensemble de l’année 2023. L’an dernier, les vracs agricoles avaient augmenté de 8 % mais les vracs solides étaient déjà en retrait de 6 %, s’expliquant notamment par de moindres importations de charbon (thermique) pour les centrales électriques et par un arrêt d’une aciérie alimentée depuis le port de Hambourg. Les vracs liquides (10,6 Mt) étaient en revanche en légère augmentation (+ 1 %).
Le conteneur en meilleure forme
Finalement, les bonnes nouvelles arrivent par le conteneur « malgré des conditions géopolitiques et économiques tendues », insiste la direction portuaire. Après un second semestre 2023 stabilisé (le premier avait été particulièrement rude, en retrait de 11,7 %), le trafic conteneurisé du port de Hambourg est en légère hausse au cours des trois premiers mois de l'année, de 1,1 % en EVP (1,9 MEVP) et de 0,7 % en tonnages (19 Mt).
Les 641 000 EVP (+ 0,9 %) acheminés par le rail vers l’hinterland confirment le port de l’estuaire de l’Elbe dans son leadership pour le recours au ferroviaire (part modale de 50 %). En revanche, en tonnage, le transport ferroviaire vers l'arrière-pays se replie de 0,6 % (11,5 Mt).
Les volumes en transbordement se redressent aussi, de 3 %, avec 625 400 EVP. Tant pour les boîtes traitées en transbordement que destinés à l’hinterland, il s’agit d’un rebond car les deux étaient en déficit l’an dernier, respectivement de 11 % et de 4,7 %.
Boom de l'activité de transbordement
Le regain de l’activité de transbordement est à mettre en perspective avec la situation en mer rouge et l’explosion du trafic de transbordement vers la Méditerranée : 34 000 EVP avec le Maroc (+ 44 %). Au lieu de desservir en direct, les armateurs de la ligne régulière transbordent dans les ports de l’ouest de la Méditerranée, notamment Tanger Med, Barcelone et Algésiras.
Les échanges avec les États-Unis, deuxième client du port depuis 2023, « ont continué à évoluer très positivement, établissant un nouveau record avec 179 000 EVP, ce qui correspond à une augmentation de 17,7 % », précise Axel Mattern, directeur commercial du port de Hambourg.
La Chine reste toutefois, et de loin, le premier partenaire du port de Hambourg pour les échanges conteneurisés avec 536 000 EVP, soit une nouvelle progression de 2,9 %.
À suivre, le boom du trafic de conteneurs avec le Mexique (+ 32,2 %) et ses 27 000 EVP manutentionnés que la direction portuaire n’explicite pas à ce stade.
Moins d'escales de grands porte-conteneurs
« L'évolution du trafic de conteneurs suggère que, malgré les événements actuels en mer Rouge, le commerce se stabilise et que le processus de reprise se poursuit. Mais les résultats trimestriels couvrent une courte période et ne sont pas représentatifs des tendances pour le reste de l'année », modère le dirigeant, d'un optimisme prudent.
Enfin, autre effet de la crise en mer Rouge, et notamment du détournement des navires autour du cap de Bonne-Espérance, le nombre d’escales de porte-conteneurs de plus de 10 000 EVP a bien baissé, indique le port sans en donner la nuance. Les temps de navigation étant plus longs, il y a eu moins de visites par de grandes unités.
Ces dernières années, le troisième port européen, comme les autres de sa catégorie sur le range nord-européen, connaît un nombre croissant d’escales de porte-conteneurs de grande taille : 272 megamax de plus de 18 000 EVP l’an dernier, soit 15 % de plus qu’en 2022, et 511 navires de plus de 10 000 EVP (+ 5 %).
Adeline Descamps
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