L'éolien offshore en quête de planification

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Alors que le premier projet d’implantation d’éoliennes au large des côtes françaises devrait enfin entrer en production courant 2022, c’est d’une programmation de long terme dont auraient besoin les énergies marines renouvelables. Le nombre d’éoliennes offshore doit en effet croître rapidement pour que la France rattrape son retard dans ce domaine sur ses voisins européens.

Les énergies renouvelables pour la production d’électricité ont une capacité de production de 58 GW, dont 19 GW pour l’éolien qui se place en deuxième position derrière les barrages hydrauliques et a fourni, en 2021, 8 % de la production électrique française.

Pourtant, alors que les installations se multiplient en Europe du Nord avec près de 5 000 éoliennes pour la seule mer du Nord, l’éolien est encore quasiment au point mort sur les côtes françaises avec une seule installation en fonctionnement : le prototype d’éolienne flottante Floatgen, au large de Saint-Nazaire, d’une puissance de 2 MW.

L’année 2022 devrait être celle du démarrage effectif de l’éolien offshore avec un premier parc de 480 MW, celui du banc de Guérande, mis en service en fin d’année. Suivront les parcs offshore de Saint-Brieuc, Fécamp et Courseulles-sur-Mer en 2023 ou 2024, puis Dieppe et Yeu-Noirmoutiers et enfin Dunkerque. La France devrait donc disposer de 5,2 à 6,2 GW d’éolien marin en service en 2028, conformément à l’objectif fixé en 2020 par la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie.

Potentiel des côtes françaises

On est encore bien loin des objectifs fixés par la Commission européenne, qui vise une capacité de production de 300 GW pour l’éolien offshore en 2050. Le potentiel installable en France serait, d’après le CIMer 2021, de 49 à 57 GW. Il pourrait même atteindre 62 GW selon RTE, qui gère en France le réseau de transport d’électricité, et a publié en octobre dernier différents scénarios de transition énergétique. Ceux-ci tablent sur plusieurs hypothèses, depuis une sortie plus ou moins rapide du nucléaire jusqu’à la construction de nouveaux réacteurs. Cette dernière piste est privilégiée par les candidats les plus en vue pour la prochaine élection présidentielle.

Le 10 février à Belfort, dans un discours qui ressemblait fort à un programme de politique énergétique pour un futur quinquennat, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de lancer un nouveau plan nucléaire.

Concernant les énergies renouvelables, sa priorité va au solaire avec un objectif de 100 GW en 2050. Pour l’éolien, il propose un doublement du nombre d’éoliennes terrestres pour en porter la puissance à 37 GW, avec une préférence manifeste pour les turbines en mer visant une capacité de 40 GW à horizon 2050. Il faudrait pour cela implanter une cinquantaine de parcs, un cran en-dessous de l’objectif des 50 MW proposé par l’association France énergie éolienne (FEE).

Une filière robuste

L’Observatoire des énergies de la mer a tenu un webinaire le 1er février pour présenter sa dernière note de synthèse, qui détaille les enjeux de la filière industrielle de l’éolien offshore.

Avec l’usine de pales de General Electric à Cherbourg, les sites de GE et des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, ainsi que l’usine Siemens-Gamesa de pales et de nacelles en construction au Havre, l’Hexagone comptera fin 2022 le tiers de la production industrielle de la filière éolienne offshore européenne, souligne Christophe Clergeau. Pour le directeur de l’Observatoire, il ne s’agit plus à ce niveau d’une activité émergente mais d’une « filière robuste, qui a su ancrer en France une part du chiffre d’affaires des premiers parcs en construction. »

Les acteurs de l’éolien offshore demandent maintenant davantage de visibilité dans le déploiement des politiques publiques de l’énergie.

Cédric Le Bousse, directeur des énergies marines d’EDF, par ailleurs président de la commission de l’éolien en mer du syndicat des énergies renouvelables, attend que l’État fixe un cadre avec une planification spatiale. « C’est dans l’intérêt de tous les acteurs, y compris les pêcheurs, d’organiser un débat public par façade à plus de dix ans, et un cap plus ambitieux que l’objectif d’installation actuel à 2 GW par an. »

Pour RTE, Régis Boisegrain, directeur chargé des affaires maritimes, déplore que « la planification énergétique fixe des objectifs fermes à cinq ans et indicatifs à dix ans, alors que le déploiement d’un parc éolien s’étend au moins sur dix ans. »

Étienne Berrier

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