Le premier port allemand sort de plusieurs années particulièrement éprouvantes. Hambourg avait été pénalisé en 2018 par le chantier d’approfondissement de l’Elbe, qui limitait son tirant d’eau. Il avait retrouvé de l’allant en 2019 avant que son élan ne soit fauché par la lame de fond Covid. Le troisième port du range nord-européen avait l’an dernier particulièrement souffert du fait de son exposition aux échanges asiatiques, la Chine occupant la première place de ses destinations et lui apportant un tiers de son activité.
Ainsi, en 2020, bien qu’ayant commencé à redresser la barre au troisième trimestre, le premier port allemand n’était pas parvenu à compenser le recul de plus de 10 % subi au cours du premier semestre si bien que le repli annuel était inéluctable (- 7,6 % avec 126,3 Mt), affectant particulièrement le conteneur (8,5 MEVP, - 7,9 %) et le transbordement (- 11,6 %).
Hambourg revient en meilleure forme en 2021, et ce dès le premier semestre. Avec 63,5 Mt, dont 44,2 Mt pour les marchandises générales, le fret transitant par ses terminaux a augmenté de 3,8 %. « L’évolution est positive. Cependant, il n'a pas encore été possible de récupérer complètement la baisse de trafic engendrée par les répercussions de la pandémie », concédait à l’issue des six premiers mois Axel Mattern, qui copilote la direction commerciale du port hanséatique avec Ingo Egloff.
Vrac en forte croissance
À l’issue des neuf mois, le contrat n’est pas davantage respecté. Le port hanséatique n’est pas parvenu à effacer totalement l’ardoise épidémique. Il doit se contenter d’une croissance de 2,9 % avec 95,8 Mt. Il doit sa plus forte croissance aux vracs (+ 6,1 % avec 29,7 Mt)et ses volumes aux marchandises diverses (66,1 Mt) bien qu’en faible croissance (+ 1,6 %). Un petit succès : à 908 000 t, le conventionnel dénote avec son évolution de 5,2 %.
Dans le détail, au crédit du vrac, les importations de minerai et de charbon qui consolident une croissance de 17,8 % à 16,3 Mt tandis que les vracs liquides sont restés stables (+ 0,9 %, 87 Mt).
Confirmation sur le conteneur
Le troisième port du complexe portuaire nord-européen confirme la tendance à la hausse du premier semestre pour le conteneur (+ 5,5 %, 4,3 MEVP) mais avec beaucoup moins de conviction : 6,5 MEVP (65,2 Mt en tonnages) ont été manutentionnés, soit une augmentation de 2,4 %.
Plusieurs faits saillants dans ce domaine : avec 3,2 MEVP, le fret conteneurisé à l’exportation (+ 2,9 %) a dépassé les importations, qui n'ont augmenté que de 1,9 %, à 3,3 MEVP. Aussi, les boîtes pleines (5,8 MEVP), valeur ajoutée portuaire, ont dépassé la moyenne de 3,2 %.
163 géants reçus
Le port commence par ailleurs à recueillir les fruits des travaux sur l’Elbe, qui le rend accessible aux unités jusqu’à 20 000 EVP. À fin juin, leur nombre (107) était en augmentation de 24,4 %. Au 30 septembre, 163 navires de plus de 18 000 EVP avaient cheminé par le fleuve dans « de bien meilleures conditions de navigation et d'arrivée sur l'Elbe », souligne Ingo Egloff.
Les deux premiers partenaires du port – Chine et États-Unis – confortent leur statut. Les échanges avec la Chine se sont soldés par la manutention de 1,9 MEVP (encore en augmentation de 6,4 %) et de 459 000 EVP avec les États-Unis (encore en hausse de 4,5 %). À noter, la croissance substantielle au cours des neuf premiers mois de l'Inde (+ 21,3 %) et du Canada (+ 17,8 %).
Confirmation ferroviaire
Le ferroviaire reste un grand motif de satisfaction. En 2020, le transport par le rail entre le port maritime et son hinterland avait représenté un volume de 46,6 Mt et 2,6 MEVP, sa part dans la répartition modale s’établissant ainsi à 50,7 %. Le premier port ferroviaire européen prouve une nouvelle fois cette année sa capacité à desservir en profondeur les bassins de consommation de son arrière-pays avec 2,1 MEVP et une progression de 8,3 %.
Pour l’ensemble de l’année, la direction portuaire maintient ses estimations à 130 Mt et 8,7 MEVP bien qu’elle anticipe un quatrième trimestre stable (+ 0,5 %). Selon l’Institut de recherche économique allemand Ifo, la congestion portuaire mondiale va coûter à l'industrie allemande près de 40 M€ en valeur ajoutée.
Adeline Descamps