Au troisième jour de son déplacement à Marseille consacré au deuxième volet du Plan Marseille en grand, Emmanuel Macron a fait un détour par le port, faisant fi de la menace des dockers CGT.
Sur le rooftop de l’ancienne gare voyageurs, il est revenu sur les annonces de la veille mais a surtout créé la surprise en évoquant la possibilité d’installer des centrales nucléaires sur les bassins Ouest du port de Marseille Fos alors que la loi ne prévoit pas de déployer des réacteurs nucléaires hors des sites existants.
Des centrales nucléaires près de la mer
« Pour ses projets, le port a des besoins en énergies équivalant à quatre EPR », a lancé le chef de l'État face aux industriels de la chimie de la sidérurgie présents. « L’explosion du numérique et les besoins en électricité vont supposer d’accélérer sur le renouvelable mais aussi sur le nucléaire. C'est maintenant que se prépare l'après-2035. Les centrales à venir auront vocation à être plus près de la mer. Il faut se poser la question sans tabou » .
Relations ville-port tendues
Si les tensions sociétales commencent à s’apaiser sur les sujets de la pollution portuaire, sous l'effet des investissements, financés par les collectivités et l'État, dans le courant de quai, elles persistent dans les relations ville-port. « J’ai choqué les élus locaux et les responsables quand j’ai dit que la pollution ne pouvait plus durer. Je salue le changement de braquet », a reconnu le maire de Marseille, Benoît Payan, qui ne égratigne dans la presse la gouvernance portuaire.
Très attendu sur le sujet, sachant qu'il s'agit d'un projet qu'il défend ardemment, Emmanuel Macron est revenu sur ce grand port Marseille-Lyon qu'il appelle de ses voeux, une des pièces de l’axe Méditerranée Rhône Saône, et donné rendez-vous aux parties prenantes en début d’année prochaine pour faire le point sur les avancées de ce dossier, qui se heurte aussi à des problèmes de gouvernance.
CMA CGM investit dans carbon
Sur les sujets portuaires, CMA CGM occupe bien évidemment une place de premier plan dans la ville qui abrite son siège social. Aux côtés du président de la république, Rodolphe Saadé, président du groupe CMA CGM a annoncé l'investissement de son Fonds Energie de 1,5 Md€ dans le projet Carbon d’installation d’une usine de panneaux photovoltaïques à Fos. Il a également précisé la destination des quatre car-carriers d’une capacité de transport de 7 000 véhicules affrétés dans les bassins Est à compter de 2024.
Le PDG du troisième armateur mondial de porte-conteneurs a en outre plaidé en faveur de « davantage de navettes ferroviaires entre Marseille et Lyon afin d’augmenter les volumes à destination de l’Asie ».
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Quel avenir pour les bassins Est
Tout en saluant le volontarisme du président sur l'objet portuaire, Jakob Sidénius, président de l'UMF récemment élu, souhaite pour sa part qu’une démarche soit engagée dans les bassins Est visant à définir les besoins à horizon 2030/40 dans la lignée de ce qui a été fait dans les bassins Ouest à Fos avec l’OAZIP, une démarche qui a consisté à définir les grandes orientations d'aménagement .
« Nous avons besoin de clarté sur l’avenir des bassins Est et nous devons engager cette discussion collective. Cet exercice risque d’être compliqué mais il faut bâtir un plan stratégique qui satisfasse toutes les parties prenantes, l’État, la Métropole d'Aix-Marseille, le GPMM, la Région, les collectivités locales et les riverains. C’est une discussion urgente et l’UMF apportera sa contribution », explique-t-il.
Un exercice périlleux mais, semble-t-il, nécessaire.
Nathalie Bureau du Colombier