Le travail a repris à Felixstowe, le premier port à conteneurs du Royaume-Uni (3,7 MEVP en 2021), après une grève de huit jours à compter du 21 août et prolongée d'un jour supplémentaire par le jour férié. Comme attendu, elle a été observée par quelque 1 900 dockers sur les 2 500 qui opèrent dans ce port stratégique pour les importations conteneurisées du pays (40 %) qui traite en moyenne 80 à 100 000 EVP par semaine et où s’opèrent 75 mouvements de trains intermodaux par jour.
Dans le terminal exploité par Hutchison Ports, déjà saturé en temps normal, la revalorisation salariale de 7 % et la prime inflation de 500 £ proposées par la Felixstowe Dock and Railway Company ont été rejetées par le syndicat, arguant que ces mesures seraient complètement absorbées par le niveau d’inflation (12 % pour le commerce de détail selon une dernière actualisation de l'Office national des statistiques).
Prochaines actions à partir du 19 septembre
Les revendications ne sont pas éteintes pour autant. Le syndicat Unite, également en action à Liverpool où des mouvements sont prévus alors que les négociations avec la Mersey Docks and Harbour Company (groupe Peel Ports) ont avorté, a d’ores et déjà prévenu qu’il maintiendrait la pression tant que ne serait pas proposée une offre salariale améliorée correspondant au « moins au taux d'inflation » soit un taux compris entre « 7 % et 12,3 % ».
À Liverpool, port de moindre importance, le différend porte également sur une réévaluation des niveaux de salaires à l’aune de l’inflation. Peel Ports Group, qui exploite le port situé à l’embouchure du Mersey, a proposé « un paquet salarial de 8,3 % » tout en rappelant qu'il a concédé une augmentation de 4,5 % en 2021 et a recruté 150 personnes supplémentaires au cours des 12 derniers mois. « Notre offre salariale est bien supérieure à la moyenne nationale », fait observer David Huck, directeur de l'exploitation de Peel Ports, dans un communiqué.
Ces mesures toutefois jugées insuffisantes par les partenaires sociaux, un débrayage de quinze jours est prévu du 19 septembre au 3 octobre. Plus de 560 employés ont prévu de se mettre en grève. Unite n’exclue pas une action coordonnée entre Felixstowe et Liverpool.
Des conséquences à Hambourg et Bremerhaven
Les analystes n’ont pas tardé à mesurer les effets de la semaine de mobilisation à Felixstowe grâce à leurs outils de suivi en temps réel. Pour les navires à l’importation, « le nombre moyen de jours d'attente pour accoster a presque doublé pour atteindre 10 jours, tandis que le temps d'attente des exportations a augmenté de 9 % », a calculé Crane Worldwide Logistics.
Selon Everstream Analytics, société de gestion des risques des chaînes d’approvisionnement, les escales portuaires ont chuté de 82 % par rapport à la semaine précédant la grève, avec seulement cinq navires contre 29 au cours de la semaine du 15 août. Manifestement, les déports vers d’autres ports nord-européens ont mis sous tension quelques terminaux déjà congestionnés. Le temps d'attente moyen des navires au port de Hambourg a augmenté à 42 heures en moyenne la semaine dernière tandis qu’à Bremerhaven, le nombre quotidien de navires qui attendent au mouillage a bondi à 18, soit 63 % de plus que la moyenne de l'année
« Des répercussions sur la congestion et les retards dans d'autres ports européens sont donc susceptibles de se produire dans les semaines à venir, alors que nous nous dirigeons vers le début du quatrième trimestre et la période des vacances », prévient l’analyste.
A.D.
