Alexandre Patrou, secrétaire général aux affaires corses (Sgac), qui représentait le préfet de Corse lors de l'assemblée générale extraordinaire de la chambre de commerce et d'industrie de Corse (CCI), s'est exprimé ce jeudi 3 octobre sur le projet de créer deux syndicats mixtes ouverts (SMO) portuaire et aéroportuaire d'ici la fin de l'année.
Ces SMO devraient, selon les statuts présentés, accorder des concessions à la CCI afin qu'elle puisse continuer de gérer les ports et aéroports de l'île à partir du 1er janvier 2025. Mais pour le Sgac, ce montage présente « un risque juridique important », auquel il est possible de remédier par la « régie directe ».
Une déclaration de guerre
« C'est une déclaration de guerre et je vous le redis, pour moi ce n'est pas négociable, il n'y aura pas de groupes internationaux qui gèreront les ports et les aéroports de Corse », s'est emporté Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l'île, dénonçant « une décision prise par l'État en catimini, sans nous prévenir et en reniant son engagement et sa parole ».
En réaction, le préfet de Corse, Amaury de Saint-Quentin, a indiqué à l'AFP qu'il n'y a « aucune vélléité de la part de l'État » de confier à des groupes privés la gestion des ports et aéroports insulaires.
blocage des quatre aéroports et des six ports de l'île
Sans attendre ces clarifications, les syndicats de la CCI, emmenés par le syndicat des travailleurs corses (STC), ont aussitôt lancé un mouvement de grève spontané qui a entraîné jeudi après-midi le blocage des quatre aéroports et six ports de l'île et des centaines de voyageurs.
« Tous les ports et aéroports de Corse sont bloqués depuis quelques heures par le STC », a déclaré à l'AFP Laurent Filippi, délégué syndical STC sur le port de Bastia. « Il n'y a plus rien qui décolle, plus rien qui atterrit et plus rien qui sort ou rentre des ports », a ajouté le délégué syndical.
Au-delà de ce conflit d'apparence technique, il ressort une difficulté financière : Gilles Simeoni réclame 50 M€ supplémentaires à l'État pour compenser l'inflation non prise en compte dans l'enveloppe allouée par l'État au titre de la continuité territoriale entre l'île et le continent. Une demande à laquelle le nouveau gouvernement tarde à répondre, déjà aux prises avec la situation financière dégradée des comptes publics.
« Si cette dotation n'intervient pas, nous serons dans l'impossibilité de maintenir l'exécution des contrats de délégation de service public dans les domaines maritime et aérien », avait mis en garde Gilles Simeoni fin septembre. Des centaines d'emplois directs pourraient être menacés, met-il en garde, chez Air Corsica, Air France, Corsica Linea et La Méridionale ainsi que des milliers d'emplois indirects, sans parler des risques de blocage de ports, d'aéroports.
Maureen Cofflard