Lancée le 9 octobre, en pleine pandémie, la grève des salariés de la manutention portuaire du port de Bilbao a fait l'objet d'un nouveau préavis jusqu'au 9 décembre. Les détournements d'escales et le blocage des marchandises ont d'ores et déjà affecté la position compétitive du port et généré une inquiétude majeure parmi les industriels et le monde de la logistique.
La menace de grève des ouvriers de la manutention portuaire avait été écartée cet été mais le conflit a fini par éclater en automne. Depuis le 9 octobre, le port basque est touché par un mouvement de grève perlée sans précédent. Et à la fin du mois un nouveau préavis a été déposé jusqu’au 9 décembre prochain.
Le conflit porte sur le mode d’organisation du travail sur les quais du port. Les syndicats accusent les entreprises de ne pas respecter certaines clauses de la convention collective locale, notamment en ce qui concerne l’emploi des intérimaires. Les entreprises de la manutention regroupées dans BilboEstiba estiment que la grève est un outil utilisé par « un collectif bien rémunéré afin de perpétuer ses privilèges et maintenir le contrôle des quais en contradiction avec ce qui est établi dans la loi ». Elles critiquent notamment le non-respect des services minima et le recours aux piquets de grève. L’Autorité portuaire de Bilbao (APB) a estimé de son côté que « la situation est très frustrante et dangereuse ».
Impact économique catastrophique
Une tentative de médiation a échoué et deux réunions entre le patronat et les syndicats n’ont pas permis d’aboutir à un accord. Le gouvernement basque a finalement demandé au ministre des Transports, José Luis Abalos, d’intervenir pour aider à trouver une solution.
La grève a eu impact économique catastrophique : annulation d’escales, blocage de camions au port, accumulation de stocks de marchandises. L’impact est d’autant plus important que le port subit le contrecoup de la crise économique liée à la pandémie et se prépare à affronter l’épreuve du Brexit. Pendant les neuf premiers mois de l’année, le trafic portuaire a baissé de 11 % (23,6 Mt) et celui des conteneurs de 13 % (0,4 MEVP). À la différence des autres grands ports espagnols, Bilbao ne réalise pratiquement pas de transbordement et travaille quasi exclusivement avec son hinterland. L’APB estime que le recul de la production devrait être supérieur à 11 % en 2020, précisément en raison de la grève.
Daniel Solano