Quels sont les critères de choix des industriels et distributeurs en matière de transport ? Comment jugent-ils la qualité de service ? La crise énergétique et les questions environnementales pèsent-elles sur achats de transport ?... Depuis dix ans, le baromètre de l'AUTF a élargi ses investigations quant à la satisfaction de ses membres sur les prestations de services de transport.
Ainsi après avoir intégré le transport ferroviaire et combiné, le maritime et le ferroviaire, les analystes d’Eurogroup Consulting, partenaire de l'AUTF, ont recueilli l'appréciation des usagers sur le transport fluvial et les douanes.
« La qualité de la relation avec l’administration des douanes est plutôt satisfaisante (…). Mais le niveau de confiance des chargeurs en matière de formalité douanière est très bas et la perception des contrôles et contentieux reste globalement moyenne. Dans un contexte où la profession a des difficultés à recruter, former et faire évoluer des spécialistes, cela constitue un point de vigilance (…) », résume le cabinet de conseil sur la base d'un panel de 250 chargeurs, interrogés entre décembre 2023 et février 2024
Les frais de détention et de surestaries, toujours une zone d'ombre
Les mouvements sociaux dans les ports, sur le réseau ferroviaire et fluvial transparaissent dans l’étude. Fait saillant du questionnaire sur les ports, les frais pour le temps de franchise (free time) de stationnement sur un terminal revient au rang des premières préoccupations des chargeurs derrière les coûts de transport et l’offre maritime.
Plus de 60 % des sondés déclarent avoir été concernés par des frais de détention et surestaries. Ces surcoûts « interrogent l’attractivité future des ports français car ils ont été un point de crispation chez les chargeurs », souligne l’étude.
Le port de Dunkerque plébiscité
Interrogés sur le niveau de satisfaction des ports, Dunkerque suscite encore cette année un véritable plébiscite auprès de 92 % des chargeurs, largement devant le port de Marseille-Fos. Près des deux-tiers des chargeurs saluent l’amélioration de la qualité de service des places portuaires.
Le fluvial en poupe
« Les facteurs géopolitiques, les conséquences de la crise énergétique et les enjeux RSE constituent désormais des critères clés pour les choix de transport maritime en 2024 et à l’avenir », rapporte le cabinet français. C’est ce qui explique probablement le nombre de citations du fluvial pour autant qu’il offre des services innovants et en adéquation avec la demande des chargeurs.
« Le transport fluvial figure parmi les trois modes de transport appelés à connaître un fort développement dans les années à venir, avec le transport maritime de courte distance et le combiné fleuve/route, qui occupait la première place dans le précédent classement », expliquent les auteurs du baromètre.
La sous-exploitation du fluvial et les difficultés conjoncturelles du ferroviaire en 2023 peuvent l'expliquer en partie.
Le ferroviaire, pas gagné
L’État, qui fonde de grands espoirs dans le développement du fret ferroviaire en projetant d'y allouer 100 Md€ à horizon 2040, doit considérer le retour client comme un signal d’alarme.
Les chargeurs émettent « de vives inquiétudes sur l’avenir du paysage ferroviaire après la refonte de Fret SNCF » et ils se montrent particulièrement sensibles à toutes innovations qui faciliteront l'accès à l'informations et la réduction de l’impact environnemental (motorisations à énergie décarbonées particulièrement attendues).
Plus globalement, cette édition enrichie met en exergue la nécessité pour les transports de s’adapter à un environnement très changeant, que ce soit pour des raisons géopolitiques et énergétiques. Seul le transport aérien échappe encore à la satisfaction client, non pas qu’il soit à l’abri des turbulences.
Nathalie Bureau du Colombier
