Assises Port du Futur : en rang serré pour décarboner l’industrie et les territoires

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« Les ports, clés de la décarbonation des territoires », thème des 14e Assises Port du Futur, a attiré plus de 300 participants au Casino de Malo Les Bains à Dunkerque. Maillon de la chaîne d’approvisionnement, le port manœuvre tant pour bâtir des corridors verts que pour alimenter en nouvelles énergies.

Après les Assises européennes de la Transition énergétique et les 6e Rencontres européennes sur la décarbonation des industries et territoires, les Assises Port du Futur ont jeté l’ancre à Dunkerque les 24 et 25 septembre. Un temps fort inauguré par Patrice Vergriete, ministre des transports fraichement démissionnaire mais en qualité de président de la communauté urbaine de Dunkerque. « Les ports ne sont pas des points, ils s’inscrivent dans un schéma de transport », a-t-il souligné. Un schéma de transport que chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement s‘attache à verdir.

La stratégie Zemba d'Amazon

Qu’est-ce qu’un corridor vert ? A la question posée en préambule de la table-ronde éponyme, armateurs, ports, chargeurs et Affaires Maritimes ont livré leur définition dont le seul socle repose sur la signature de Clydebank à la COP 26 signé par la Grande-Bretagne et la France. Amazon adopte une approche holistique pour décarboner l'ensemble de son réseau logistique en s‘appuyant sur des plateformes de proximité. Claire Scharwatt, directrice des affaires publiques d’Amazon en France en charge du développement durable, a rappelé le rôle d’initiateur de l’alliance Zemba (Zero Emission Members Buyers Alliance) fin 2023. Une alliance qui cherche à inciter les armateurs à s'engager dans des corridors verts. Alliance de chargeurs versus alliance des armateurs pour décarboner sans dérive sur les prix. Hapag Lloyd a été sélectionné pour une capacité de 600 000 EVP entre Singapour et Rotterdam. Un prochain appel d’offres va être lancé d’ici la fin de l’année.

Ikea, la Seine et le Rhin…

Autre grand chargeur présent aux Assises Port du futur : Ikea. Le géant suédois de l’ameublement a établi un bilan de la distribution fluviale de ses produits dans Paris intra-muros. Mis en œuvre en décembre 2022, Ikea a recours à une barge qui part de son entrepôt de Gennevilliers jusqu’aux quais de Bercy soit 15 km avec des livraisons du dernier kilomètre en électrique. Enjeu : mutualiser du fret retour. 69 000 clients ont été livrés par Seine en 2023 ôtant 8 000 camions à la route. Ikea se prépare à ouvrir un entrepôt de 65 000 m2 à Limay à 50 Km à l’Ouest de Paris en 2026 et relié au cœur de la capitale aux termes de sept heures de navigation.

Le fer à Strasbourg

Claire Merlin, directrice du port de Strasbourg a annoncé un vaste plan d’investissement dans un terminal trimodal afin de doubler le trafic ferroviaire en 2030 et passer de 17 à 35 navettes par semaine.

Au Havre, MSC devrait ouvrir mi-novembre son terminal trimodal à Bruyères-sur-Oise à 40 km de Paris. « Nous aurons deux barges par semaine puis trois début 2025. Dans quelques années nous aurons la possibilité de remonter le canal Seine-Nord vers Dunkerque, Anvers et Rotterdam », a annoncé Philippe Lestrade. Le directeur de MSC France a appelé de ses vœux à une simplification douanière pour accélérer le transfert des marchandises des ports vers l’intérieur des terres.

Zibac à l'honneur

Les collaborations industrialo-portuaires boostées par les appels à projets Zibac ont été mises en lumière lors de ces 14e Assises que ce soit EcosystèmeD à Dunkerque, avec son bâtiment totem, avec Adele, l’Association de décarbonation Loire Estuaire à Saint-Nazaire, lancée en 2023.

À Toulon, après la certification ports propres, Toulon est chef de file du programme Green Bay aux côtés de Livourne et du Pirée. Architectes et historiens ont de leur côté expliqué à quel point la transition écologique les pousse à innover, citant les exemples de l’usine Siemens Gamesa et la future gare croisière du Havre ou encore le projet GreenDock à Gennevilliers.

Les trophées de l’innovation ont récompensé cette année Ecocean, Easyport My ETA, Ecosoftec : Oceam et Cargomorphose. Rendez-vous a été donné au Havre pour l’édition 2025, une première pour Haropa.

Nathalie Bureau du Colombier

Quel carburant choisir ?

Méthanol, ammoniac, hydrogène, électricité, nucléaire… Que choisir ? Quels sont les risques associés, les coûts, la disponibilité ? « Un fuel lourd coûte 430 € la tonne, un gazole est à 550 € et le méthanol à 800 € la tonne. Doit-on faire évoluer nos navires, les envoyer en Afrique ? Je peux mettre de l’ammoniac dans mon combustible mais quel est l’enjeu sécuritaire ? Nos marins sont exposés à ces nouveaux carburants. Il existe un panel de technologies », questionne, pragmatique, Nicolas Ganaye, président de Sermap et du Comité Marseillais des Armateurs de France.

Christophe Logette, directeur du Cedre, met en garde contre les risques de déversement d’ammoniac, qui a opéré son premier avitaillement a eu lieu à Singapour en mars dernier. « Nous conduisons avec l’Inéris et plusieurs centres de recherche français et européens un joint industrial partnership nommé « Arise » dont l’objectif est d’obtenir de la donnée sur le comportement de l’ammoniac réfrigéré lorsqu’il est déversé dans le milieu marin. Ces données n’existent pas. En conséquence aucune modélisation n’est fiable et cela entraîne un enjeu de sécurité fort sur un éventuel usage de l’ammoniac comme carburant alternatif », a expliqué le directeur du centre basé à Brest spécialisé sur les pollutions accidentelles.

N.B.C

 

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