Anvers se réconcilie avec son trafic phare, le conteneur

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port d'Anvers

Près d'un conteneur traité sur dix à Anvers est une boîte frigorifique. Ils représentent 8,5 % du trafic total de conteneurs traités par Anvers.

Crédit photo ©Antwerp port
Les neuf premiers mois de l'année confirment le retour du conteneur à Anvers, qui était à la peine depuis la sortie de la pandémie. Le premier semestre avait permis à la boîte de s'extraire de la nasse après de nombreux exercices trimestriels en pertes. Point fort du numéro deux européen, près d'un conteneur traité sur dix est un reefer. Tous les autres trafics déçoivent.

Aux termes des neuf premiers mois de l’année, Anvers-Bruges, appellation des ports d’Anvers et de Zeebrugge fusionnés, a confirmé le redressement observé au premier semestre sur son segment clé, le conteneur, représentant 53,3 % de son trafic global. Après avoir affiché plusieurs exercices en pertes au débouché du Covid, le deuxième champion européen avait enregistré durant les six premiers mois de l'année une hausse de 4,1 % en EVP (6,66 MEVP) et de 6,8 % en tonnage (74,2 Mt).

Le troisième trimestre a été encore plus porteur, avec un nombre de conteneurs manutentionnés en hausse de 12,3 % par rapport au même trimestre de l'année précédente. Sur les neuf premiers mois, il franchit la barre des 10 MEVP (10,15 MEVP soit + 6,8 %). Il est en situation, à ce stade, de faire mieux que les 12,5 MEVP enregistrés en 2023 alors qu’il était en repli de 7,4 %. Le port belge était aussi en contre-dynamique sur le range nord-européen. Au premier semestre (dernières données disponibles pour cet indicateur), sa part de marché sur cette ligne Hambourg-Le Havre s'est légèrement amélioré (+ 0,8 %) pour atteindre 30,7 %.

Point fort d’Anvers, aidé par sa géographie, qui ne se dément pas : le reefer. Près d'un conteneur traité sur dix est une boîte sous température contrôlée. Le nombre de pleins a augmenté de 9,7 %, représentant désormais 8,5 % du trafic total de conteneurs.

Hors conteneur, toutes les catégories dans le rouge

Le conteneur est le seul motif de satisfaction. Il compense les autres segments, tous en baisse, et permet à la totalité du trafic de stabiliser le trend de croissance du premier semestre, à savoir 3 % (en glissement annuel) pour atteindre un peu plus de 210 Mt. « Les conditions géopolitiques et économiques instables ont un impact sur les autres flux de marchandises », indique la direction portuaire dans son communiqué.

Sortie de route pour le roulier

Le roulier (- 5,5 %) et le breakbulk (- 4,8 %), trafic pour lequel Anvers fut longtemps un phare en Europe, sont les segments qui affichent les plus importants reculs. Le trafic roulier avait déjà accusé une contraction de 5,7 % au premier trimestre, notamment du fait de la congestion des terminaux automobiles. Le port enregistre un repli similaire bien que la pression sur les terminaux ait diminué. Les données sont catastrophiques pour tous les sous-segments : - 13,3 % pour le matériel de transport ; -10,3 % pour le camion et - 42,6 % pour ls voitures d'occasion.

Après deux années de super-cycle, le transport de voitures neuves semble avoit atteint son apogée (- 11,4 % au cours des neuf premiers mois de cette année). Le fret non accompagné (hors conteneurs) augmente en revanche de 2,8 % à Zeebrugge. Et toujours, depuis le Brexit, le retrait se creuse pour les trafics à destination et en provenance du Royaume-Uni (- 4,1 %), encore largement compensé par les imports de la péninsule ibérique (+ 35,7 %), de la Scandinavie (+ 16,7 %) tandis que l'Irlande joue beaucoup moins les palliatifs (+ 2,2 %) après avoir offert un vrai relais de croissance.

Le conventionnel pénalisé par les produits liés au bois

Pour Les marchandises conventionnelles, le troisième trimestre n’a pas permis de couvrir totalement le retrait de 6,2 % (5 Mt) du premier semestre si bien qu’il accuse une nouvelle régression de 4,8 % au cours des neuf premiers mois de 2024 par rapport à l'année dernière. Elle est liée à la diminution de la demande des secteurs de transformation de l'acier tels que la construction et l'industrie automobile. La chute est sévère pour le bois (- 32,9 %), le papier et la cellulose (- 22,6 %) et les matériaux de construction (- 36,9 %). Mais comme au premier semestre, la production de fer et d'acier est restée plus ou moins stable (+ 0,6 %), avec une croissance des exportations.

Sanction des énergies du passé

Quant aux vracs secs et liquides, il est frappant de noter que les énergies du passé – charbon (-55,3 %), pétrole (- 8,9 %) –, sont responsables de la mauvaise orientation des deux segments. Sans le charbon, le vrac sec aurait progressé de 9,5 %, porté par les engrais (+ 30,6 %), moteurs de la catégorie. Après une forte baisse en 2022 due aux sanctions et aux prix élevés du gaz, le sous-segment avait déjà surperformé (+ 34,8 %).

À relever, dans la catégorie des vracs liquides, le trafic de produits chimiques a augmenté de 9,3 %, en partie grâce à une forte augmentation des biocarburants (+52,5 %). « Malgré cette reprise, le secteur européen de la chimie reste sous pression en raison des coûts élevés de l'énergie, des matières premières et des salaires, combinés à une faible demande mondiale », nuance l'autorité portuaire

Trop-plein de GNL ?

Pour le GNL, les exercices trimestriels dans le rouge s’enchaînent. Reflet d'une demande de GNL qui sature ? La demande du continent a chuté de 20 % en Europe en glissement annuel au cours du premier semestre. Les taux moyens de l’utilisation des terminaux méthaniers européens sont passés sous la barre des 50 % alors que de nombreux pays européens prévoient encore de nouvelles infrastructures. D'ici 2030, les trois quarts de la capacité d'importation de GNL du continent pourraient être des éléphants blancs.

« L'extension de Zuidnatie, qui a débuté cet été avec la construction d'un nouvel entrepôt pour le traitement des bobines d'acier, et l'acquisition de Luik Natie par Lineage confirment l'importance du port dans les segments spécialisés, préfère retenir Jacques Vandermeiren, CEO du port belge. Les investissements récemment annoncés, tels que la production de plastique sans combustion fossile de Vioneo et le projet Plastics-to-chemicals d'Indaver, qui convertit le polystyrène et les polyoléfines en naphta recyclé, « renforcent la position du port dans le domaine de la transition énergétique et de l'innovation durable », veut croire le dirigeant.

Adeline Descamps
 

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