Anvers : la dépression du conteneur s'enracine

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Après neuf mois, Port of Antwerp-Bruges, entité issue de la fusion des ports d’Anvers et de Zeebrugge, ont enregistré un trafic total de marchandises de 217,4 Mt, en très légère croissance de 0,8 % par rapport à la même période de l'année dernière. Malgré les tensions géopolitiques, le ralentissement économique et le contexte énergétique, tous les flux de marchandises sont en croissance, à l’exception du conteneur, durablement déprimé.

Le conteneur ne se rétablit toujours dans le deuxième port européen qui, à l’issue des neuf premiers mois de l’année, avait encore baissé de 8,8 % en tonnage (110 Mt) et de 5 % en unités EVP (10,2 MEVP). Aux termes des six premiers mois de l’année, le segment avait déjà chuté de 9,8 % en tonnage et de 6,3 % en EVP par rapport au premier semestre en 2021.

Il faut remonter de plus en plus loin pour trouver la trace d’une croissance du trafic-roi d’Anvers. C’était au deuxième trimestre 2021 dont le trafic de conteneurs était ressorti avec une croissance de 2 %. Depuis, c’est au mieux le ralentissement mais plus souvent le repli progressif. Aux perturbations persistantes dans la chaîne d’approvisionnement se sont greffé les effets collatéraux du conflit en Ukraine. C’est aussi valable pour les entrées et sorties d'engrais qui redressent par rapport au deuxième trimestre mais s’inscrivent toujours en baisse par rapport à l'année record 2021 (- 11,8 %).

« La rotation des conteneurs demeure insuffisante en raison de la congestion, ce qui entraîne une baisse du trafic de conteneurs pleins, tandis que celui des conteneurs vides augmente », justifie la direction portuaire, qui ne voit pas de normalisation du transport des boîtes avant le premier trimestre de 2023.

Tous les segments en croissance 

En dehors de la sous-performance du conteneur, les autres trafics sont tous en croissance, surtout à deux chiffres. Pour autant, à l’issue des neuf premiers mois, le trafic global de Port of Antwerp-Bruges, nom donné à la nouvelle entité issue de la fusion deux premiers ports belges, affiche un trafic total de marchandises de 217,4 Mt, soit une très légère augmentation de 0,8 % par rapport à la même période de l'année dernière. La chute du conteneur tire les tonnages vers le bas.

Le vrac sec (+ 21,5 %,13,2 Mt) a été particulièrement dopé par les flux de charbon thermique (celui qui sert à la production de l’électricité) qui se sont élevés à 2,43 Mt, contre 364 000 t à la même période l'année dernière. Même le minerai de fer, pourtant conditionné par l’état de santé (vacillante) de la Chine, est en hausse.

Les vracs liquides doivent leur dynamique (+ 13,3 %, 68,2 Mt) au GNL, un trafic phare à Zeebrugge, dont les échanges sont en forte croissance (+ 66,5 %), le gaz naturel liquéfié étant un palliatif au gaz russe. Jusqu’à présent, 215 méthaniers ont escalé dans le port côtier belge contre 121 à la même période l'année dernière. La croissance des volumes de GPL (+ 30 %), de l'essence (+12,2 %), du diesel/mazout (+ 9,7 %) n’est pas étrangère au contexte énergétique chamboulé.

Un trafic de 217,4 Mt 

Sur une dynamique de croissance depuis plusieurs exercices trimestriels, le fret conventionnel de marchandises a augmenté de 9,7 % (9,6 Mt). Les importations d'acier, prédominantes dans ce segment, en provenance de Russie, interdites en vertu des sanctions, semble avoir trouvé des trafics de substitution.

En hausse également de plus de 8 % après une croissance de 9 % à l’issue du premier semestre, le ro-ro reste porté par les trafics de voitures neuves (+ 8,5 %) dans une conjoncture pourtant difficile pour la construction automobile, pénalisée par la pénurie de composants et plombée par les coûts énergétiques. La hausse du segment trouve sa justification dans les importantes arrivées en provenance de Chine.

En revanche, le nombre de véhicules d'occasion et de remorques est en baisse, de respectivement 7,3 % et 17 %, témoignant d’une certaine fragilité et/ou grande volatilité car les deux segments s’étaient légèrement redressés au cours du premier semestre. Le fret non accompagné (à l’exclusion des conteneurs) augmente quant à lui de 13 %.

Investissements tous azimuts

« Le port unifié attire les investissements », assure l’autorité portuaire, mentionnant notamment ceux de Conti Seafrigo Antwerp, de Fluxys qui construit un terminal pour l’ammoniac, de Covestro qui a lancé la construction d’une usine d'aniline, d’Ineos avec son site pilote pour le CCS (carbon capture and storage) tandis qu’à Zeebrugge, le groupe Ziegler va installer une filiale pour le fret non accompagné vers l'Irlande et le Royaume-Uni et le groupe immobilier Intervest vient d’inaugurer le complexe logistique acquis auprès du promoteur chinois Lingang en avril.

Mais le plus marquant reste le lancement du chantier de modernisation de l’Europa Terminal, le terminal à conteneurs de PSA Antwerp, qui va durer neuf ans et nécessité un investissement 335 M€ de la part de l’autorité portuaire tandis que le manutentionnaire singapourien a prévu 500 M€ en outillages et équipements.

Adeline Descamps

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