En juillet 2018, la société espagnole Bergé et Gefco España, qui avait déjà une forte implantation en Espagne, s’étaient associés dans le cadre d’une joint-venture à parts égales (50/50). L’objectif était d’apporter « une gamme complète de services de logistique de véhicules finis, y compris le transport, le stockage, les services techniques, les inspections et la livraison ».
Le rachat en 2022 de Gefco par CMA CGM, intégré dans Ceva Logistics, avait abouti à l’entrée de cette dernière société dans la coentreprise. Bergé a souhaité se désengager de cette association et céder sa participation de 50 % à CEVA Logistics.
Le 19 avril dernier, la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC), qui veille au respect des règles de la concurrence en Espagne, a autorisé l’opération. L’étape est décisive : la CNMC étant réputée pour être particulièrement stricte, les entreprises craignent toujours la modification du contenu de l’accord présenté voire le rejet pur et simple, obligeant dans les deux cas à procéder à des recours longs et fastidieux.
Opération de grande ampleur
Pour Ceva Logistics, l’enjeu est capital. Le logisticien tricolore va contrôler le leader de la logistique des automobiles avec une présence dans quatre ports clés : Sagonte, Santander, Tarragone et Vigo. Les terminaux dédiés à l’automobile des trois premiers figurent parmi les mieux notés par l’ANFAC, l’association des constructeurs automobiles installés en Espagne, dans la dernière édition (octobre 2022) de son rapport annuel d’évaluation de la qualité de la logistique maritimo-portuaire.
Le commissionnaire français va donc se retrouver seul maître à bord avec des actifs de premier plan – une superficie de stockage de 4,2 millions de m2, 925 camions, 125 camions porte-véhicules, 160 wagons, 40 000 m2 d’ateliers et 17 centres logistiques –, et un personnel particulièrement qualifié, élément essentiel dans la logistique des véhicules. La compagnie annonce un objectif de transport de 1,9 million de véhicules par an.
Un marché en forte reprise
Ce rachat intervient dans un contexte porteur. Le trafic d’automobiles en Espagne, qui avait commencé à reculer avant la pandémie du Covid-19, a redémarré en 2022 (+13 % à 2,7 millions d'unités) et le phénomène s’est accéléré pendant le premier trimestre de 2023 (+41 %, 800 000 voitures) avec notamment la montée en puissance des importations de véhicules électriques chinois (30 000 à Barcelone pendant les trois premiers mois de l’année).
Deuxième fabricant de véhicules en Europe après l’Allemagne avec une production de 2,2 millions de véhicules en 2022, l’Espagne est un acteur clé de l’industrie automobile européenne. L’enjeu portuaire est crucial. La grande majorité de la production espagnole est exportée (92 % en mars 2023), principalement par voie maritime. L’Espagne est aussi le quatrième marché automobile européen avec un million d’immatriculations en 2022.
Daniel Solano
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