Depuis 2020, la société du groupe Aponte s’est détachée du peloton, sans crier gare, et s’est lancée dans une course haletante à la capacité. MSC a ainsi acheté 383 porte-conteneurs sur le marché S&P au cours des quatre dernières années, selon le dernier relevé d'Alphaliner. Soit l'équivalent de deux navires par semaine.
La flotte de l'armateur suisse a franchi dernièrement en toute discrétion les 6 MEVP, lui assurant 20 % de parts du marché mondial. Il a franchi le rubicond grâce aux 400 000 EVP absorbés depuis le début de l'année, ce qui équivaut à plus de la moitié de la flotte de Yang Ming, la plus petite compagnie de transport maritime de ligne du Top 10.
Sa soif semble inextinguible. On lui prête une nouvelle commande de 24 panamax à double motorisation GNL auprès des chantiers chinois Jiangsu New Hantong Heavy Industrie (JNHHI) et Zhoushan Changhong International Shipyard (ZCIS). Ces dernières commandes ajoutent 480 000 EVP au carnet de commandes de MSC.
Autre élément notable, sur un total de 844 porte-conteneurs, l’armateur en détient 546 navires. Cette quête frénétique aux navires, qu’ils soient d'occasion ou neufs, peut aussi être interprétée comme une volonté de s’affranchir de l’affrètement.
Commandes en pagaille
En dépit du niveau d’incertitudes élevé au regard des tensions géopolitiques, des sanctions, des embargos, des barrières commerciales que les États-Unis et l’Europe érigent pour protéger leurs économies du rouleau compresseur chinois, les armateurs continuent de passer commandes. Depuis le début de l'année, ils ont contracté l'équivalent de 1,59 MEVP, un niveau seulement dépassé trois fois depuis 2008, les deux précédents remontent aux sept premiers mois de 2021 et 2022. Depuis 2021, la capacité totale contractée s'élève à 10,47 MEVP selon les données du Bimco, dont près d'1,6 MEVP depuis le début de l'année. La flotte devrait augmenter d'au moins 12 % avant la fin de la décennie, ajoute l'association d'exploitants de navires.
Adeline Descamps