L’annonce de la dissociation des fonctions de président et de directeur général avait été formulée, en février 2022, à l’occasion de la présentation des résultats financiers de 2021 et dans la foulée de la tenue du conseil d’administration de GTT.
Aux manettes depuis 2009, Philippe Berterottière, le PDG du groupe, renouvelé en 2018 pour un mandat de quatre ans, puis pour deux ans supplémentaires (décision de l'assemblée générale annuelle du 31 mai 2022), et qui vient à nouveau d’être prolongé jusqu’à la fin de son mandat d’administrateur (sans précision sur la date), a donc été délesté de la charge.
La direction générale de l’entreprise, leader mondial sans grande concurrence dans les systèmes de confinement cryogénique à membranes dédiés au transport et au stockage des gaz liquéfiés, a été confiée à Jean-Baptiste Choimet.
L’information a été officialisée le 19 avril lors de la publication des résultats du premier trimestre 2024 (GTT est coté sur le compartiment A d’Euronext Paris). La décision prendra effet le 12 juin.
Promotion interne
Mais dans les faits, déjà membre du Comex, l’actuel directeur général d’Elogen, société spécialisée dans la conception et la fabrication d’électrolyseurs acquise en 2020 par le groupe français, avait déjà pris la parole avec ce titre lors de la publication en février des résultats de 2023.
Elogen a réalisé un chiffre d’affaires de 3 M€ de chiffre d’affaires au premier trimestre 2024 contre 1,5 M€ au premier trimestre 2023. L’an dernier, ses revenus commerciaux ont bondi de 117 %, à 10,1 M€, mais son Ebitda s’est à nouveau affiché en perte, de 19,7 M€ contre – 14,7 M€ en 2022.
La filiale a débuté en janvier la construction de son usine à Vendôme, dont la mise en service est envisagée fin 2025 et vise la production à grande échelle de stacks (réacteurs de ses électrolyseurs).
Un spécialiste du GNL
Polytechnicien, diplômé en outre de l’Université de Cambridge (Advanced Chemical Engineering Practice), Jean-Baptiste Choimet (42 ans) débuté sa carrière chez EDF, où il a contribué au développement du projet de terminal méthanier de Dunkerque, pour rejoindre ensuite le groupe Société Générale et créer l’activité de négoce de GNL.
En 2012, il passe chez Technip, où il occupe des fonctions commerciales et intervient sur des projets autour du GNL, en Australie et en Russie. En 2019, le groupe Bouygues Construction l'accueille et lui confie les opérations pour le déploiement de réseaux télécoms.
Le groupe ne précise pas si le nouveau directeur général cumulera toutes les directions générales ou si sa promotion interne engendre un autre recrutement à la tête d'Elogen.
Transformation du groupe à piloter
« Depuis 2020, Jean-Baptiste Choimet a démontré sa détermination, sa capacité visionnaire et son énergie sans faille pour faire d’Elogen un acteur technologique de premier plan de la chaîne de valeur de l’hydrogène vert », fait valoir Philippe Berterottière, dans le communiqué, rappelant à cette occasion la transformation en cours du groupe, notamment ses développements dans les métiers adjacents à son cœur de métier.
L’entreprise, qui équipe notamment les cuves des méthaniers pour qu’ils puissent transporter le gaz à l’état liquide sans plomber le navire, développe par ailleurs de nouvelles solutions zéro-carbone « pour accompagner les armateurs et les énergéticiens dans la décarbonation ». D’où ses investissements dans des projets autour de navires de transport d’hydrogène notamment.
Un chiffre d'affaires en hausse de 81 %
Dans le même temps, l’entreprise a annoncé des résultats en forte croissance pour le premier trimestre 2024, avec un chiffre d'affaires de 144,8 M€ (+ 81 %), porté par la « bonne dynamique des commandes » (25 méthaniers dont la livraison est prévue entre 2026 et 2028 et 4 éthaniers avec 2026 et 2027 pour échéances).
Au 31 mars 2024, le carnet de commandes, hors GNL carburant, s’établissait à 329 unités (11 méthaniers ayant été livrés), dont 310 méthaniers. En ce qui concerne le GNL carburant, avec la livraison de 10 navires, le nombre de navires en commande au 31 mars 2024 s’élèvait à 66 unités.
À fin mars, les redevances des méthaniers et éthaniers ont totalisé 122,3 M€ (+ 84,7 %), tout comme celles générées par l’activité GNL carburant (9,7 M€) qui bénéficient aussi des nombreuses commandes reçues en 2021 et 2022. Le chiffre d’affaires de GTT est composé aux 9/10e de redevances, ce qui permet à à ses activités de marger à des niveaux élevés.
Objectifs 2024 confirmés
« La croissance du chiffre d'affaires devrait se poursuivre au cours de l'année en raison du nombre croissant de navires en construction », a assuré Philippe Berterottière.
Le groupe prévoit un chiffre d’affaires consolidé en 2024 dans une fourchette comprise entre 600 à 640 M€ (contre 428 M€ en 2023), un Ebitda de l'ordre de 345 à 385 M€. Si ses résultats se confirment, le groupe versera un dividende correspondant à un taux minimum de distribution de 80 % de son résultat net consolidé
Adeline Descamps
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