L'accès aux céréales se tend et devient de plus en plus problématique pour les pays extrêmement dépendants aux céréales, parmi lesquels ceux de l'Afrique et du Moyen-Orient, où toute pénurie est source de tensions et d'émeutes. Alors que le bassin de la mer Noire – grenier à blé de l'Europe –, est en guerre, la France, quatrième exportateur mondial, tente de trouver un « cadre juridique clair », selon les mots de Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, pour autoriser finalement l'utilisation de la phosphine, un insecticide obligatoire dans de nombreux pays clients de l'Hexagone (11,5 Mt concernées) pour pouvoir débarquer la marchandise, mais qui doit être proscrit en France à partir du 25 avril. De son côté, l'Ukraine se débat aussi pour exporter ses grains.
Bien que l'accord sur le corridor céréalier a été prolongé le mois dernier, le nombre de vraquiers transitant par le Bosphore reste extrêmement faible, avec une moyenne de 2,8 navires par jour en mars, comme en février mais mieux qu'en janvier avec 2,5 navires par jour en janvier.
Les représentants ukrainiens continuent de soupçonner les inspecteurs russes de faire durer les contrôles des navires, une accusation récurrente systématiquement démentie par Moscou.
Pour Kiev, le rythme actuel des exportations n'utilise que 30 % de la capacité des ports ukrainiens. La récolte de céréales de l'Ukraine pour 2022 a fortement chuté, autour de 53 Mt contre un record de 86 Mt en 2021.
Des quantités de céréales de la récolte de l'année dernière sont restées dans les silos de l'Ukraine en raison de l'embargo maritime en mer Noire au cours de la seconde moitié de la saison 2021/22.
10 Mt de céréales supplémentaires pourraient être exportées
Et si l'accord entre Moscou et Kiev, négocié fin juillet par les Nations unies et la Turquie, a permis de sécuriser un corridor maritime au départ des ports d'Odessa, Yuzhnyi et Chornomorsk, les sorties du pays restent insuffisantes. À ce stade de la saison (juillet 2022-juin 2023), l'Ukraine a exporté 37,2 Mt de céréales, dont 20,6 Mt via le corridor céréalier.
Selon le ministre ukrainien de l'AgricultureTaras Vysotskiy, 10 Mt de céréales de plus pourraient être exportées via le corridor d'exportation de céréales de la mer Noire dans les derniers mois de la saison et 5,6 millions via des routes alternatives.
Le pays en guerre demande à nouveau aux pays médiateurs de faire pression sur Moscou pour qu'il cesse d'entraver la sortie des grains dont dépendent de nombreux pays en voie de développement.
Adeline Descamps