Les performances financières des deux groupes pétroliers pour le troisième trimestre ont de quoi relancer les débats sur les « super profits » et la pertinence de taxer les bénéfices particulièrement élevés.
Le britannique Shell a annoncé le 27 octobre un bénéfice net part du groupe de 6,7 Md$, dopé par les cours des hydrocarbures, mais divisé quasment par trois comparé au trimestre précédent. Le chiffre d'affaires atteint 98,8 Md$ entre juillet et septembre, en hausse de 60 % sur un an, tiré par la flambée des prix du pétrole. Le résultat net de 9,5 Md$ est légèrement inférieur au record du trimestre précédent.
En revanche, la division gazière est à la peine. La major avait précédemment prévenu les actionnaires d’un gaz évoluant dans un environnement « volatil et disloqué ». Le bénéfice global de son unité gazière intégrée a baissé de près de 40 % par rapport au trimestre précédent.
« Nous continuons à renforcer notre portefeuille d'activités à travers des investissements disciplinés pour transformer l'entreprise en vue d'un avenir à bas carbone », a indiqué le directeur général Ben van Beurden, qui quittera ses fonctions fin 2022. Shell annonce par ailleurs un nouveau programme de rachat d'actions de 4 Md$, qui doit être achevé d'ici la fin de l'année.
TotalEnergies : un résultat net de 9,9 Md$
Le groupe pétrolier français a présenté le même jour un bénéfice en hausse de 43 % au troisième trimestre par rapport au même trimestre de 2021, à 6,6 Md$, bénéficiant des prix records du gaz. En neuf mois, TotalEnergies a déjà engrangé plus de profits que l'an dernier : 17,3 Md$ contre 16 milliards l'an dernier. Hors les éléments exceptionnels dont les provisions à cause de la Russie (plus de 10 Md$ depuis le début de l’année), le résultat net ajusté du groupe atteint 9,9 Md$ sur le trimestre.
Confronté à une longue grève dans ses raffineries en France, le groupe pétrolier français vient de signer un accord d'augmentation des salaires avec deux syndicats majoritaires mais deux sites restaient jeudi en grève, à l'appel du syndicat CGT.
Le pétrole et le gaz ont largement dopé les profits du groupe. Le prix moyen du GNL, sur lequel les deux majors européennes misent depuis plusieurs années, s'est envolé de 50 % pour le Français par rapport au deuxième trimestre, alors que l'Europe, privée du gaz russe, cherchait à remplir ses réserves pour l'hiver.
Le secteur du gaz et des renouvelables a réalisé sur le trimestre un résultat opérationnel net ajusté « record » de 3,6 Md$, en hausse de 1,1 milliard par rapport au deuxième trimestre, précise le communiqué.
Le GNL dopé par l’insécurité énergétique
Même si la production de GNL du groupe a baissé de 6 % au troisième trimestre sur un an et que les volumes de ventes ont chuté de 10 % entre juillet et septembre, notamment en raison d'interruptions de service dans la grande usine américaine de Freeport, ils ont progressé de 5 % sur un an « en raison de l'augmentation des achats spot permettant de maximiser l'utilisation de nos capacités de regazéification en Europe », indique TotalEnergies.
Malgré leurs bénéfices considérables, les actions de Shell (+ 40 %) et de ses homologues européens TotalEnergies et BP (+ 40 %) ont jusqu'à présent enregistré des performances nettement inférieures à celles de leurs grands rivaux américains : Exxon Mobil (+ 75 %) et Chevron (+ 50 %), dont les modèles économiques sont davantage axés sur les combustibles fossiles.
A.D.