Technip Energies croit toujours au GNL mais regarde ailleurs

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Technip Energies est en bonne voie pour sortir du projet Arctic LNG 2 au premier semestre, a indiqué la direction à l'occasion de la présentation des résultats trimestriels. Au cours du premier trimestre, le groupe français a remporté des contrats à l'avant-garde des technologies préfigurant le nouveau monde énergétique.

L’an dernier, pour sa deuxième année d'existence en tant qu'entreprise d'ingénierie indépendante, Technip Energies, née en 2021 de la scission du groupe franco-américain TechnipFMC, a vu son chiffre d’affaires chuter de de 23 % par rapport à 2021, à près de 6,3 Md€.

La sortie du projet Arctic LNG2 n'a généré « aucune dépréciation d'actifs ni de pertes », mais a pesé sur son carnet de commandes de 12,8 Md€, avait alors fait valoir le directeur financier du groupe Bruno Vibert. 

Le groupe (15 000 personnes) avait en effet 3,8 Md€ de commandes à exécuter en 2022 lorsqu’elle a dû se désengager du projet, contrainte par les sanctions internationales visant Moscou.

Le retrait de la Russie effectif au premier semestre

À l’occasion de la présentation de son chiffre d’affaires trimestriel le 4 mai, Armaud Pieton, le directeur général de l’entreprise cotée sur Euronext Paris, a indiqué être « en bonne voie pour finaliser son retrait au cours du premier semestre du projet de complexe gazier Arctic LNG 2 ». Clone de Yamal LNG, Arctic LNG 2 devrait exploiter un gisement gazier situé sur la péninsule de Gydan en sibérie occidentale, qui comprendra trois trains de liquéfaction de GNL d'une capacité de 6,6 Mt par an chacun. C'est du moins ce que prévoit toujours le géant gazier russe Novatek, qui espère lancer la première GBS (structure gravitaire) d'ici la fin de l'année.

Un abandon qui pèse

L'abandon en cours du contrat Arctic LNG 2 explique en partie la baisse de 13 % du chiffre d'affaires ajusté de Technip Energies au cours du premier trimestre qui a atteint 1,4 Md€. La maturité du portefeuille de livraison de projets y a également contribué.

L’Ebit reste inchangé à 107,3 M€ tandis que le résultat net a augmenté de 8 M€ et s’élève à 80 M€. Le carnet de commande (12 Md€, 1,9 fois le chiffre d’affaires de l’exercice 2022) s’est étoffé de 164 M€ entre le premier trimestre 2021 et 2022 pour s'établir à 712,7 M€.

Des accords d'ingénierie d'envergure

Quelques contrats pèsent dans le total, notamment plusieurs accords d'ingénierie d'avant-projet détaillé (FEED) d'envergure et à l’avant-garde des technologies préfigurant les énergies de demain.

Parmi les projets signés au cours des trois premiers mois de l’année : le projet Xi'An LNG en Chine, pour lequel Technip Energies va intervenir sur la conception du procédé, l'ingénierie ainsi que la fourniture d'équipements clés pour un train de GNL de 0,8 Mtpa. « Il s'agira de la plus grande unité de liquéfaction au monde utilisant un seul compresseur à réfrigérant mixte entraîné par un moteur électrique, constituant ainsi une référence en termes de production de GNL bas carbone », indique la société d’ingénierie. Un contrat, d'une valeur de 50 à 250 M€.

Embarquée sur l'un plus grands projets GNL

Technip a également emporté un contrat pour équiper, avec un craqueur d'éthane, le complexe pétrochimique de QatarEnergy et de CPChem à Ras Laffan au Qatar. Après du géant du gaz qatari, Technip est déjà engagé, ayant décroché en 2021, avec son partenaire japonais Chiyoda, le contrat EPC (Ingénierie, Approvisionnement et Construction) si convoité de l'équipement du projet North Field East, qui comprend la construction de quatre trains d'une capacité de 8 Mt par an également à Ras Laffan.

Le NFE, qui représente un investissement total de 28,75 Md$, est l’un des plus grands projets GNL actuellement en phase. Cette première phase augmentera la capacité de production de gaz naturel liquéfié du Qatar de 77 à 110 Mt par an. Les nouveaux équipements devront progressivement entrer en service à partir de fin 2025 pour servir l'objectif dans la seconde moitié de la décennie.

Il également prévu d'exploiter la technologie de capture et de stockage de CO2 de façon à réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre des nouvelles unités de production par rapport à des sites similaires. Technip est également positionné sur la deuxième phase, le North Field South (NFS), d'une capacité de 16 Mt par an, qui augmentera encore la capacité de production de la petite monarchie du Golfe, ainsi portée à 126 Mt par an.

Sélectionnée sur des projets d'éthylène

La société d'ingénierie fournira également la technologie propriétaire et la conception du procédé pour l'unité d'éthylène du projet Huizhou Phase III de CNOOC et Shell Petrochemicals. Ce craqueur d'éthylène liquide sera le premier à utiliser un four à faible teneur en CO2 et à électrifier les principaux compresseurs. « L'usine devrait avoir des émissions de CO2 inférieures de 20 % à celles d'une installation conventionnelle similaire et sera en mesure de tirer le meilleur parti du réseau électrique qui se décarbone rapidement pour réduire les émissions de CO2 à l'avenir », précise l’entreprise.

Captage de carbone, hydrogène bas carbone et e-fuels

Elle a été aussi retenue pour le FEED d’un projet d’unité de captage du carbone de Calpine au Texas, conçu pour capter 2 Mtpa de CO2, soit 95 % des émissions de CO2 issues des gaz de combustion traités par le Baytown Energy Center (BTEC) et une centrale électrique à cycle combiné au gaz naturel (CCGT).

Elle est à la manœuvre du plus grand projet d’hydrogène bas carbone, revendiqué comme tel par ExxonMobil, à Baytown, également au Texas. Le complexe produira environ un milliard de pieds cubes d'hydrogène bas carbone par jour et capturera plus de 98 %, soit environ 7 Mt par an, des émissions de CO2 associées, « ce qui en fait le plus grand projet de ce type au monde ».

Au Danemark, son FEED gagné auprès d’Arcadia eFuels vise à concevoir la première usine de de production de carburants d’aviation durables (capacité de 80 Mt), située à Vordingborg. Arcadia eFuels utilisera de l'électricité renouvelable, de l'eau et du CO2 biogénique pour produire des e-carburants qui pourront être utilisés dans les moteurs traditionnels.

Réaffirmation de l'intérêt pour le GNL

Arnaud Pieton a néanmoins réaffirmé son engagement en faveur du GNL « car il continue à faire partie de notre histoire et nous continuons à croire au GNL », s’est défendu le dirigeant. « Même si le GNL restera un carburant de transition important, la réalisation à l’échelle mondiale des objectifs net zéro nécessite la mise en œuvre d’investissements significatifs pour développer des énergies propres et des solutions de décarbonation à échelle industrielle. Les nouvelles mesures de relance prises par les pouvoirs politiques permettront d'éliminer certaines barrières initiales liées aux coûts. Et au-delà du temps nécessaire pour l’alignement complet des différents acteurs, l’ambition de décarbonation exige que des solutions économiques et des produits durables soient développés répondant tant aux besoins des industries que des consommateurs », a-t-il indiqué.

Visiblement, le groupe immatriculé aux Pays-Bas entend relever le gant. Quelques heures avant la présentation de ses résultats, il a annoncé la création de Rely, une coentreprise avec John Cockerill dans les technologies pour les marchés de l’hydrogène vert et du Power-to-X, une technologie qui consiste à convertir de l’électricité essentiellement renouvelable (et par nature intermittente) en un autre vecteur énergétique, stockable et transportable. Dans la ligne de mire, la molécule d’hydrogène et d’ammoniac, tous deux vert.

« Technip Energies a plus de 60 ans d'expérience dans la réalisation de projets et l'intégration de technologies, avec plus de 270 usines d'hydrogène livrées. John Cockerill [6 000 employés, 1 Md€ de chiffre d’affaires en 2022, NDLR] dispose d'un savoir-faire industriel de plus de 200 ans et une part de plus de 20 % du marché des électrolyseurs d’une capacité allant jusqu’à 6,5 MW », vante la joint-venture, qui sera basée en Belgique et détenue à 60/40 % par Technip Energies et John Cockerill. Un pont entre l’électron vert et la molécule en somme.

Adeline Descamps

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