Raffinage : TotalEnergies lance un appel d’offres pour 500 000 t par an d’hydrogène vert

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Raffinerie de Gonfreville

Le groupe pétrolier et gazier français va remplacer d'ici 2030 l'hydrogène à base de méthane auquel il a recours par du renouvelable. La raffinerie de Normandie fait partie de celles qui y auront accès.

Crédit photo ©TotalEnergies
Pour décarboner ses raffineries européennes, le groupe pétrolier et gazier français lance un appel d'offres dont les volumes requis en hydrogène vert sont de nature à envoyer un signal fort au marché pour déclencher des investissements.

Les volumes annoncés de 500 000 t sont de nature à amorcer la pompe à production et à donner un coup de peps à la filière hydrogène que l’on dit très prometteuse mais qui n’en demeure pas moins aux balbutiements. Cela peut être considéré comme un signal fort envoyé au marché dans la mesure où aucun des électrolyseurs nécessaires à la production de telles quantités n'est encore en activité dans le monde.

Le groupe pétrolier et gazier français entend substituer d'ici 2030 de l'hydrogène d’origine renouvelable (par électrolyse grâce une électricité éolienne ou solaire) à l'hydrogène gris (à base de méthane) auquel il a aujourd’hui recours pour extraire le soufre de ses carburants. 

L'ensemble de ses raffineries en Europe et en France sont concernées, à Anvers (Belgique), Leuna (Allemagne) et Zeeland (Pays-Bas), ainsi que ses trois sites de Normandie, Donges et Feyzin. Les deux bioraffineries de La Mède et Grandpuits devraient également bénéficier de l'accès à l'hydrogène.

L'objectif est de réduire de 5 Mt par an les émissions de CO2, de l’ordre de 20 Mt selon des données qui datent (2015).

Production en propre

Parallèlement, TotalEnergies a plusieurs projets de production en propre sur ses sites français menés en partenariat avec les grands industriels français de secteurs connexes.

À La Mède, il s’est associé au groupe énergétique Engie au sein du projet dénommé Masshylia qui vise aussi à répondre aux besoins de la bioraffinerie en hydrogène vert.

À Grandpuits, avec le spécialiste des gaz industriels Air Liquide, il est envisagé de produire 20 000 t par an d'’hydrogène en partie renouvelable grâce au recyclage du biogaz résiduel issu de la bioraffinerie.

En Allemagne, avec VNG, société allemande de distribution de gaz naturel, l'accord signé en juin 2023 prévoit un approvisionnement en hydrogène vert de la raffinerie de Leuna.

Décarboner l'axe Seine

Ces dernières heures, le 14 septembre, TotalEnergies et à nouveau Air Liquide ont signé pour approvisionner la plateforme normande jusqu’à 15 000 t dont 10 000 t en hydrogène vert et 5 000 t en bas carbone.

« Cette coopération s'inscrit dans l’ambition commune des deux entreprises de contribuer à décarboner les activités industrielles de l'Axe Seine », précise la major.

Le combustible vert sera fourni par l’électrolyseur d’une capacité électrique totale de 200 MW Normand’hy, opéré par Air Liquide.

Selon les termes de l’accord, TotalEnergies bénéficiera d’un accès à la moitié de la capacité de production, correspondant à la quantité d’hydrogène livrée à sa raffinerie tandis qu’il fournira environ 700 GWh/an d’électricité, issue de projets solaires et éoliens, à l’électrolyseur d’Air Liquide (à hauteur de 100 MW). Conformément à sa stratégie d’être un « acteur de l’électricité intégré ».

Hydrogène, couteau suisse de l'énergie

Pour décarboner la fabrication d'acier, servir de carburant aux camions ou aux avions, ou stocker l'électricité solaire et éolienne, l'hydrogène vert est devenu l’énergie à tout faire.

Jusqu'à présent, il est à 95 % gris, c’est-à-dire à base d’énergies fossiles, produit par les industriels de la chimie ou de la pétrochimie par « reformage » du gaz naturel.

Son empreinte carbone est chargée : la production d’une tonne d'hydrogène émet près de 10 t en moyenne de carbone.

L’hydrogène devient moins « sale » (bleu) quand le CO2 émis à la sortie des usines dans son process de production est capté, pour le stocker ou le réutiliser (CCS).

250 projets recensés en France

Actuellement, France Hydrogène, qui représente la filière, recense 250 projets en France autour de l'utilisation d'hydrogène dont les plus emlématiques sont ceux des industries les plus émettrices : le sidérurgiste ArcelorMittal pour décarboner l'acier, Vicat pour le ciment...

Une dizaine de projets de giga-usines d'électrolyseurs, d'usines de piles à combustibles, de réservoirs à hydrogène ou de membranes d'électrolyseurs sont aussi programmés.

Parmi les plus médiatiques, McPhy à Belfort, Elogen à Vendôme, John Cockrill en Alsace, Genvia à Béziers, Alstom à Aix en Provence (piles à combustible), Symbio à Saint-Fons avec Michelin et Stellantis, Hyvia dans les Yvelines avec Renault et Plug Power...

Mais le nerf de la guerre reste la compétitivité-prix (ce sur quoi cherche aussi à agir TotalEnergies en lançant son appel d’offres). Actuellement sur les marchés, le vert est deux à trois fois plus cher que le gris.

Adeline Descamps

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