Les importations mondiales de GNL ont augmenté de 4,5 % pour la deuxième année consécutive

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Sabine Pass

Le complexe GNL de Sabine Pass aux Etats-Unis.

Crédit photo ©Bechtel
Selon le Groupement international des importateurs de GNL, qui vient de publier son rapport sur l'année 2022, les importations mondiales de gaz naturel liquéfié ont atteint 389,2 Mt. Le remodelage massif des routes maritimes et des stratégies d'importation induits par les sanctions à l'égard de la Russie ont bousculé les marchés mondiaux du gaz.

En 2022, les marchés mondiaux du gaz, qui étaient déjà visiblement tendus dans la période post-Covid de 2021, ont été plongés dans une crise d'approvisionnement majeure par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. La privation du gaz russe a conduit à une ruée sur le GNL pour rétablir la sécurité énergétique.

En 2022, les sanctions à l'égard de la Russie ont entraîné un remodelage massif des routes maritimes et des stratégies d'importation. Ainsi, les acheteurs européens ont dû se tourner vers le marché du GNL pour pallier les approvisionnements par gazoduc de la Russie tandis que les pays asiatiques se sont détournés du gaz au profit de sources d'énergie alternatives, comme le charbon pour la production d'électricité, en raison des prix élevés du GNL.

En offrant des primes de prix plus élevées que le reste du monde pour capter des cargaisons de GNL supplémentaires, l'Europe a contribué à faire monter les cours à des niveaux records.

Les importations mondiales de GNL ont atteint 389,2 Mt en 2022, soit une augmentation de 4,5 % par rapport à l'année précédente, selon le Groupement international des importateurs de GNL (GIIGNL), qui vient de publier son rapport annuel. L'année 2021 s'était déjà matérialisée par une croissance de 4,5 % (372,3 Mt).

Destruction de la demande en Asie

Pour la première fois depuis 2015, l'Asie a enregistré une baisse des importations de GNL, la demande ayant chuté de 7,6 % (- 20,6 Mt) par rapport à l'année précédente, indique le GIIGNL.

La baisse la plus remarquable des achats de GNL sur le marché au comptant a été observée en Chine, passés de 79,3 à 63,3 Mt en un an. Trois paramètres peuvent l'expliquer : la politique zéro-Covid qui a ralenti l'activité industrielle, l'augmentation de la production intérieure et des importations par gazoduc.

45 importateurs, 20 exportateurs

Au total, 45 marchés ont importé des volumes de GNL en provenance de 20 pays exportateurs, selon le GIIGNL. Incontestablement, les États-Unis ont contribué, l'an dernier, à la moitié des volumes supplémentaires apportés aux marchés mondiaux (8,4 Mt des 16,9 Mt).

Les approvisionnements en GNL en provenance des États-Unis ont augmenté de 12,6 % grâce à la montée en puissance du train 6 du projet de liquéfaction Sabine Pass et à la mise en service de Calcasieu Pass.

Toutefois, la maintenance de certains sites de liquéfaction et la mise hors service pendant huit mois de l'installation de Freeport au Texas, ayant subi une explosion, suivie d'un incendie en juin 2022, ont entraîné une augmentation plus faible que prévu de l'offre en provenance des États-Unis, nuance toutefois le GIIGNL.

Le démarrage du projet Portovaya LNG en Russie a apporté 0,3 Mt à une augmentation estimée à 2,5 Mt pour le pays.

L'augmentation de la production au Qatar (+ 2,1 Mt), en Malaisie (+ 2,7 Mt) et le redémarrage de Hammerfest LNG en Norvège (+ 2,5 Mt) ont fourni des volumes supplémentaires à un marché qui se resserre.

En outre, Coral South FLNG au Mozambique est entré en service vers la fin de l'année.

Le Nigeria et l'Algérie pas au rendez-vous

Les plus fortes baisses des exportations de GNL ont été enregistrées par le Nigeria (- 2,2 Mt) en raison de problèmes de sécurité et des conditions météorologiques, qui ont conduit à la déclaration de force majeure et à l'annulation de certaines cargaisons de GNL, estiment les importateurs.

L'Algérie a également enregistré une baisse de 15 % (- 1,7 Mt) en raison d'une demande intérieure de gaz plus forte et d'exportations de gaz par gazoduc.

Les trois bassins source du marché mondial – l'Atlantique, le Pacifique et le Moyen-Orient –, ont tous connu une croissance en 2022, ajoutant respectivement 10,5 Mt, 4 Mt et 2,5 Mt.

Le bassin du Pacifique est resté, l'an dernier, la principale source d'approvisionnement en GNL avec 148 Mt et 38 % de part de marché, talonné par le bassin de l'Atlantique (146 MT, 37 % de part de marché) tandis que le Moyen-Orient apporte 96 Mt à l'offre mondiale, soit 25 % de part de marché.

Écart d'approvisionnement entre le Pacifique et l'Atlantique

Compte tenu de la montée en puissance du sourcing américain, l'écart d'approvisionnement entre le Pacifique et l'Atlantique s'est resserré au cours des deux dernières années, passant de 29 à 2 Mt.

Toutefois, en termes d'exportation, les États-Unis (75,4 Mt) se voient toujours précédés du Qatar et de l'Australie (79 Mt et 78,5 Mt). Ensemble, ils représentent près de 60 % de l'offre mondiale.

Selon le GIIGNL, le continent nord-américain devrait se hisser à la première place mondiale pour les exportations en 2023.

Dans son 14e rapport annuel sur le GNL, l'Union internationale du gaz (UIG) a estimé que l'Europe avait absorbé 69 % des exportations totales de GNL des États-Unis l'année dernière.

Le GNL au comptant en baisse

En 2022, les transactions spot (volumes livrés dans les trois mois suivant la date de la transaction) ont atteint 135 Mt (- 1,1 %), soit 35 % du total des échanges.

Les États-Unis représentent 34 % des volumes mondiaux échangés sur le marché au comptant, devant l'Australie (15 % de PDM).

Réexportations en hausse

En 2022, les réexportations de gaz ont concerné un volume de 4,1 Mt (contre 3,5 Mt en 2021). Quinze pays ont réexporté du GNL et 26 pays ont reçu des volumes réexportés.

L'Espagne reste le leader en termes de volumes rechargés (1,4 Mt), devant l'Indonésie (0,7 Mt) et la Chine (0,5 Mt).

À l'exception des volumes en provenance d'Espagne (principalement destinés à la région européenne), l'Asie, sous l'impulsion de la Chine et du Japon, est la principale destination des volumes rechargés au niveau mondial.

Caractère essentiel du GNL

Au cours de l'année la plus turbulente de l'histoire des marchés du gaz, « le GNL a démontré plus que jamais sa valeur essentielle en tant que ressource énergétique flexible, fiable et disponible », se réjouit l'Union internationale du gaz

Il a surtout sauvé la mise, en maintenant la sécurité énergétique de l'Europe et en lui permettant de traverser l'hiver 2022-2023 au chaud et à la lumière.

Adeline Descamps

 

Le carnet de commandes des méthaniers représente 49 % de la flotte en exploitation

La flotte totale de méthaniers se composait de 734 navires à la fin de 2022. Elle comprenait 49 FSRU et 70 navires (dont 27 petits méthaniers) d'une capacité égale ou inférieure à 30 000 m3.

La capacité totale de chargement à la fin de 2022 s'élevait à 108,7 millions de m3.

En 2022, le taux d'affrètement spot moyen pour un méthanier de 160 000 m3 s'est établi à environ 131 500 $/j, contre une moyenne d'environ 89 200 $/j en 2021, indique le groupement des importateurs.

Au total, 35 navires ont été livrés en 2022 (contre 68 en 2021) tandis que 178 nouvelles commandes ont été enregistrées (versus 111 en 2021).

À fin décembre 2022, le carnet de commandes comprenait 332 unités (53,8 millions de m3), dont 5 FSRU, soit 49 % de la flotte existante de méthaniers.

Un douzième souteur pour Shell

Pan Ocean et Shell viennent de baptiser un nouveau souteur de GNL d'une capacité de 18 000 m3 qui sera déployé par Shell dans les Amériques. Le New Frontier 2 est le troisième micro méthanier que Shell déploiera sur le continent américain et le douzième de sa flotte.

Les deux compagnies ont conclu un contrat d'affrètement de six ans d'une valeur d'environ 55 M$.

Aux États-Unis, Shell utilise déjà le Q-LNG 4000 tandis la supermajor pétrolière s'est associée à Crowley Maritime pour construire une nouvelle barge de soutage de GNL conforme au Jones Act, d'une capacité de 12 000 m3. Il ravitaillera les navires en escale dans les ports de la côte est des États-Unis, à partir de 2024.

Acteur majeur du GNL, Shell a récemment ajouté deux autres sites de soutage de GNL en Europe, à Flushing et à Anvers, portant son réseau à 19 sites dans 12 pays.

A.D.

La capacité mondiale de liquéfaction en hausse de 4,3 %

En 2022, la capacité mondiale de liquéfaction a augmenté de 4,3 % pour atteindre un total de 478,4 millions de tonnes par an (Mt/an), dont 75 % en provenance des États-Unis, ce qui leur confère la plus grande capacité opérationnelle de liquéfaction au monde (88,1 Mt/an).

En 2022, de nouvelles capacités de regazéification ont été approuvées et certaines mises en service en un temps record en Europe. Plus de 10 marchés européens – dont l'Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande, la France, la Croatie et l'Italie –, ont lancé la construction de nouvelles infrastructures depuis l'émergence du conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Les 26 projets consolide une capacité de regazéification combinée de 104,5 Mt/an. Six d'entre eux ont été mis en service. Quatre autres terminaux ont obtenu la décision d'investissement et sont en cours de construction, pour une capacité totale de 18,8 Mt/an. Environ 70 % de la nouvelle capacité proviendra d'unités flottantes (FSRU).

A.D.

 

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