Avec beaucoup de retard sur son calendrier, le FSRU Challenger de MOL doit amarrer cette semaine à Hong Kong.
Le méthanier a quitté Singapour le 7 avril selon les données AIS du navire et devrait arriver le 13 avril à l'est des îles Soko.
Hong Kong accueille ainsi son premier projet de terminal d'importation de GNL et premier aussi à utiliser la technologie des unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRU).
Opérateur de l'installation, Hong Kong LNG Terminal, coentreprise composée de la société d'électricité HK Electric et de Castle Peak Power, (dont CLP Power Hong Kong détient 70 % et China Southern Power Grid International 30 %), doit fournir du gaz à deux centrales électriques, qui dépendent actuellement de l'approvisionnement en gaz de la Chine.
S’affranchir de la Chine
Livré en 2017 par le sud-coréen Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME), il devait entrer en opération en 2022 initialement. Sa capacité de stockage de GNL de 263 000 m3 et de regazéification de 800 millions de m3 par jour en fait l'un des plus grands FSRU au monde.
Le GNL est fourni par Shell, dans le cadre d'un accord à long terme signé en 2019 avec CLP Power et HK Electric, et livrera du GNL aux centrales électriques de Black Point et de Lamma par deux gazoducs sous-marins de 45 et 18 km de long.
Vopak se désengage
Le navire est affrété auprès de Mitsui O.S.K. Lines (MOL), copropriétaire (49,99 %) aux cotés de Royal Vopak dans le cadre d'un accord signé en 2021. Le FSRU Challenger devait être rebaptisé Bauhinia Spirit.
Dans le cadre de cette association, il était prévu que la société néerlandaise, présente dans le stockage et négoce de pétrole et de gaz, acquiert les parts de MOL. Mais changement de stratégie. Dans un communiqué en date du 11 avril, Vopak a indiqué qu’il ne ferait pas usage de son droit d'action. « Bien que la mise en service soit prévue dans le courant de l'année, le retard pris par le projet a réduit son attrait », indique l'entreprise.
Lancement commercial à la mi-2023
Dans le même communiqué, l’exploitant, qui entend développer son portefeuille de terminaux industriels et gaziers en allouant 1 Md€ à ces activités d'ici 2030 et à investir autant dans les nouvelles énergies et les matières premières durables, annonce en revanche avoir conclu un accord de principe avec sa compatriote Gasunie. Sous réserve du feu vert réglementaire des autorités de contrôle de la concurrence, la Néerlandaise va acquérir 50 % des actions d'EemsEnergyTerminal. La transaction pourrait être finalisée d'ici le 1er octobre 2023.
Le terminal offshore, situé dans l'Eemshaven aux Pays-Bas, est développé par Gasunie pour pallier l’arrêt des livraisons du gaz russe. Il est opérationnel depuis le 15 septembre 2022 avec une capacité de regazéification de 8 milliards de m3 par an et fournit du gaz naturel à Shell, à la compagnie tchèque CEZ et à la compagnie française Engie. Il est prévu que le terminal traite 9 milliards de m3 avant la fin de cette année.
Les deux partenaires visent au-delà l'importation d'hydrogène vert.
Actionnaires du terminal Gate à Rotterdam
Vopak et Gasunie sont des familiers, étant actionnaires du terminal Gate à Rotterdam, mis en service en 2011, avec une capacité actuelle de regazéification de 16 milliards de m3 par an. Suite à l'« open season » (procédure d'appel au marché permettant de tester l'intérêt des fournisseurs de gaz naturel pour la construction d'une nouvelle infrastructure), la décision finale d'investissement pour une capacité supplémentaire de 4 milliards de m3 par an devrait être actée d'ici septembre. Le terminal aurait alors une capacité de regazéification de 20 milliards de m3 par an.
Adeline Descamps