Le gaz naturel liquéfié (GNL) continue de perdre du terrain face au méthanol en tant que carburant alternatif au fuel dans la flotte maritime mondiale. Selon un rapport de la société de classification norvégienne DNV, 23 des 33 nouvelles commandes de navires passées en mai 2024 l’ont été avec une propulsion au méthanol.
Les porte-conteneurs, les vraquiers et les transporteurs de voitures restent les meilleurs clients du carburant de demain. Les premiers ont fait l’objet de 10 contrats de construction tandis que cinq navires de transport de marchandises sèches et quatre porte-voitures ont été fixés.
Dans le même temps, seules huit commandes ont été passées avec une motorisation au GNL. L’ammoniac (deux commandes), dont les inconvénients sont connus (toxicité, dangerosité dans la manipulation) suscite encore beaucoup de méfiance. Pour autant, les convictions évoluent sur ce carburant appelé à jouer un rôle majeur dans la transition du secteur selon les experts. Certaines compagnies maritimes, qui étaient réticentes à s'exprimer sur le sujet, sont aujourd'hui moins réservées voire acceptent de le considérer, à l'instar de la société norvégienne Höegh Autoliners,
127 contrats en cinq mois
Depuis le début de l'année, les carburants alternatifs ont engrangé 127 nouveaux émules (+ 55 % par rapport à la même période l'année dernière). Et le méthanol a représenté 55 % de ceux à carburant alternatif.
« Le méthanol assure les gros titres avec 70 nouvelles commandes de navires alimentés au méthanol en 2024 [...] Bien que cela reste loin derrière le GNL [en termes de navires en exploitation, NDLR], cela démontre un appétit croissant du marché pour cette énergie », indique DNV dans son rapport.
Il y a actuellement 1 052 navires alimentés au GNL, dont 505 navires en commande pour 304 navires confirmés au méthanol, dont 269 inscrits dans les cales sèches.
Des prix à la construction qui augmentent
L'augmentation des coûts de construction ne dissuadent pas les exploitants de navires. Depuis le début de l'année, ils ont augmenté de 3 %, selon le Bimco, pour atteindre leur plus haut niveau depuis 2008 et de 53 % depuis leur point bas en 2020.
Le carnet de commandes mondial des chantiers navals s'élève actuellement à 133 millions de tonnes brutes compensées (TBC), soit une augmentation de 56 millions de TBC par rapport à la fin de l'année 2020, signale la plus représentative des associations d'exploitants de navires. Le GNL et les porte-conteneurs ont compté pour 35 % et 30 % dans cette inflation, devant les vraquiers, les pétroliers et les navires de GPL.
Le carnet de commandes de porte-conteneurs a toutefois a chuté depuis le pic du premier trimestre 2023 (et de 16 % depuis le début d'année), relayés dans les cales sèches par les pétroliers et méthaniers, nouveaux moteurs de croissance.
« La hausse des prix de 53 % en seulement trois ans et demi peut sembler spectaculaire, mais la croissance annuelle moyenne des prix entre 2010 et 2024 n'a été que de 2,3 %, alors même que les salaires du secteur manufacturier en Chine ont plus que triplé, précise Niels Rasmussen, analyste au Bimco, qui craint une montée en capacité des chantiers navals comme dans les années 2000. Un scénario dans lequel « les prix retomberaient aux niveaux observés dans les années 2010 ».
Adeline Descamps