L'accord de cession de la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer signé

Raffinerie Esso Fos sur Mer

La raffinerie d'Esso de Fos-sur-Mer va être cédée à un consortium formé par le géant suisse du négoce Trafigura.

Crédit photo ©Esso SAF
Esso S.A.F. a signé le 31 juillet avec la société Rhône Énergies l’accord de vente de ses activités de raffinage et de logistique du sud de la France, soit la raffinerie Esso de Fos–sur-Mer, les dépôts pétroliers de Toulouse-Fondeyre et de Villette de Vienne. La cession devrait être finalisée avant la fin de cette année sous réserve des autorisations réglementaires.
 

Étape décisive dans le processus de cession de la raffinerie Esso implantée sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer que la maison-mère ExxonMobil avait annoncé à la mi-avril.

Rhône Energies, consortium formé par le géant suisse du négoce Trafigura et l'opérateur de raffinerie Entara, a signé le 31 juillet les accords nécessaires pour reprendre la raffinerie phocéenne et les dépôts pétroliers de Toulouse (Haute-Garonne) et de Villette-de-Vienne (Isère), les procédures d'information et de consultation des instances représentatives du personnel ayant été observées.

L’annonce en avril avait fait l’effet d’un électrochoc en région et pris de court l’écosystème local d’autant le groupe pétrolier américain avait fait part dans la même journée, mais de façon distincte, d'une réduction de ses activités pétrochimiques à Port-Jérôme (677 emplois, près du Havre), décision qui a fait l'objet d'un nouveau mouvement social fin mai.

Actif clé dans le pays

Outre le fait d’être l’un des plus anciens sites de la zone industrialo-portuaire de Marseille Fos, sa capacité de raffinage (140 000 barils de pétrole brut par jour) en fait un actif clé en France parmi les sept raffineries « conventionnelles » en France métropolitaine avec près de 10 % du total.

À l’issue de l'opération, qui devrait être finalisée d'ici fin 2024 une fois le feu vert réglementaire obtenu (attendu en octobre), les 310 salariés doivent être transférés dans la nouvelle entité.

« Les discussions avec les parties prenantes aux niveaux national et local progressent de façon tout à fait constructive et nous restons déterminés à collaborer avec toutes les parties concernées sur nos engagements et ambitions concernant l'avenir de l’exploitation du site », s'engage Nicholas Myerson, le directeur général d'Entara.

« L’entreprise a pour ambition d’accroître la flexibilité de production, d’optimiser les procédés industriels, ainsi que de maximiser la transformation de produits à haute valeur ajoutée, tout en investissant dans la sécurité du personnel et des procédés industriels », énumère le communiqué.

Une maison-mère en difficulté ?

ExxonMobil possède deux gisements importants : le bassin permien au Texas et au Nouveau-Mexique, où la capacité s'élève désormais à 1,2 million de barils équivalent pétrole par jour, et au Guyana.

Le groupe pétrolier, qui a publié le 31 juillet les résultats financiers du deuxième trimestre, a réalisé un record de production entre avril et juin (+ 15 % par rapport aux trois premiers mois de l’année, l'équivalent de 574 000 barils supplémentaires par jour), un niveau de production jamais réalisé depuis la fusion d'Exxon et de Mobil en novembre 1999, concède le principal concerné.

Ce faisant, ExxonMobil a échappé au destin de ses grands concurrents mondiaux dont les résultats ont été plombés par des marges de raffinage rognés. Bien qu’il fasse valoir une poursuite de la baisse des marges dans le raffinage, son chiffre d'affaires trimestriel a progressé de plus de 12 % pour atteindre 93,06 Md$ et son bénéfice net a bondi de 17,26 % à 9,24 Md$.

L’Américain le doit notamment grâce au rachat, plus fructueux que prévu, de Pioneer Natural Ressources, une entreprise américaine spécialisée dans l'extraction d'hydrocarbures notamment de gaz de schiste. Ce dernier a contribué au résultat à hauteur de 500 M$ au cours des deux premiers mois après la finalisation ainsi qu’à l’augmentation de ses capacités, en particulier avec l'expansion de sa raffinerie de Beaumont (Texas).

Esso dans le positif

Malgré une baisse de 24 % des quantités de pétrole brut traité au premier semestre (5,4 Mt) et son activité affectée par le grand arrêt pour maintenance de Fos-sur-Mer (entre janvier et mars) et l’incendie d'une unité de distillation atmosphérique à Gravenchon, Esso SAF a enregistré un Ebitda ajusté (bénéfices avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements et aux provisions sur immobilisations) de 34 M€ pour un résultat net de 116 M€.

La baisse de 3 % du chiffre d’affaires par rapport au premier semestre 2023 reflète la diminution des volumes de ventes (10,4 millions de m3), partiellement compensée par la hausse des cours des produits pétroliers (84 $ le baril de Brent au premier semestre 2024 contre 80 $ un an auparavant).

Et ce dans un contexte où l’indicateur de marge brute de raffinage carburants et combustibles publié par la Direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) s’est établi en moyenne à 59 €/tonne pour le premier semestre 2024, contre 61 €/t au premier semestre 2023.

« Ce résultat a été obtenu grâce à la capacité d’adaptation du groupe et au maintien de l’approvisionnement de ses clients, en s’appuyant sur le professionnalisme des équipes et la solidité de ses fondamentaux, dans une situation inédite liée à l’annonce du projet de cession de la raffinerie de Fos-sur-Mer et du projet de réorganisation sur la plateforme de Gravenchon », indique Charles Amyot, son PDG.

Pour rappel, la raffinerie de Fos fait partie des actifs industriels soutenus par l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), dans le cadre du plan d'investissement France 2030 destiné à soutenir des projets d’efficacité énergétique. Son grand arrêt pour maintenance devait ainsi permettre d'intégrer des technologies plus innovantes afin de baisse des émissions de CO2 de 4 à 5 % soit 30 000 t par an rejetés en moins dans l’atmosphère.  

Le site est aussi partie prenante du projet Syrius, Synergies Régénératives IndUstrielles Sud, porté par l’association Piicto, Plateforme industrielle et d’innovation du Caban-Tonkin, visant le développement de l’hydrogène bas carbone, le captage et le stockage de Co₂ ainsi que les filières biocarburants.

Des impacts sur le port de Marseille Fos

À Marseille-Fos, les vracs liquides demeurent une rente pour le premier port pétrolier français avec 60 % des volumes totaux du port et 41,1 Mt en 2023. Les vracs liquides ont affiché un volume stable de 21,6 Mt au premier semestre. Les importations de produits raffinés, notamment le gasoil, ont augmenté de 10 %, suggérant qu'il y a donc eu moins de raffinage dans l'Hexagone.

Adeline Descamps

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