Les exportations russes de gaz naturel liquéfié (GNL) ont augmenté de 6 % entre janvier et octobre par rapport à l'année précédente pour atteindre 26,4 Mt, selon les données de LSEG. L'Europe aura absorbé quelque 13,4 Mt au cours des dix premiers mois de l'année, soit 51 % du total des exportations russes. L'usine de liquéfaction de GNL Yamal, porté par le producteur de gaz Novatek, a accéléré ses expéditions (+ 8 % entre janvier et octobre) en glissement annuel pour atteindre 16,2 Mt. Sur le seul mois d'octobre, les sorties des ports russes ont augmenté de 10 % par rapport à septembre, totalisant près de 3 Mt (2,97 Mt), un record mensuel cette année.
Sakhalin-2, contrôlé par Gazprom, a exporté pour sa part 8 Mt sur la même période, mais est en perte de vitesse (- 1,2 %) par rapport à l'année précédente. En octobre, les livraisons de l'usine ont toutefois atteint 950 000 t, contre 840 000 t en septembre, mais stables sur un an.
Quatre complexes de GNL vitaux
La Russie exploite quatre complexes de GNL – Yamal (capacité de 17,44 Mt par an), Portovaya (1,5 Mt/an) et Vysotsk (0,66 Mt/an) côté Altantique et Sakhaline (10,8 Mt/an) dans le bassin pacifique –, mais c'est surtout Yamal qui fournit l'Europe.
Contre vents et marées, en dépit de la quinzaine de trains de sanctions, la Russie reste un partenaire de premier plan du Vieux Continent. L'an dernier, à la même époque, les pays européens avaient importé des volumes similaires à ceux de janvier-septembre de 2022. Soit 14,44 milliards de m3 depuis Yamal (qui avait transité à hauteur de 37 % par Zeebrugge), 1,17 milliard de m3 de Portovaya et 0,67 milliard de m3 de Vysotsk. Outre le port côtier belge, Montoir-de-Bretagne est la porte d'entrée française du GNL de Yamal et Bilbao, celle de l'Espagne.
Arctic LNG 2, un destin plus contrarié que Yamal
Selon les données du Département du Trésor des États-Unis, Arctic LNG 2 a expédié six cargaisons depuis août de l'unique train opérationnel sur les trois programmés. Mais selon une source de Reuters, Novatek a suspendu ses opérations commerciales et ne prévoit pas de le redémarrer pendant l'hiver. La production d'Arctic LNG 2 a démarré cahin caha en fin d'année dernière mais le groupe russe est contraint dans ses expéditions par un manque de navires auquel la flotte russe ne peut pas pallier.
Aussi, selon le quotidien russe Kommersant, le chantier naval russe Zvezda, qui opère le relais aux chantiers occidentaux, a de nouveau reporté la livraison de deux méthaniers Arc7 à 2025, au lieu de 2023 initialement. La compagnie japonaise Mitsui O.S.K. Lines (MOL) vient d'annoncer pour sa part qu'elle ne sera pas mesure d'exercer ses responsabilités dans l'affrètement des trois méthaniers Arc7 de classe glace et d'un brise-glace de condensats, destinés à Arctic LNG 2 en raison du durcissement des sanctions occidentales, notamment américaines. Pour y remédier, les entreprises russes ont de plus en plus recours à des méthaniers d'occasion, principalement par l'intermédiaire de sociétés écrans situées dans des juridictions de pays tiers.
Ses projets visés par plusieurs sanctions, qui ont contraint les banques internationales à suspendre tout financement et ses actionnaires (dont TotalEnergies) à se désengager financièrement et des contrats d'achat long terme, Novatek multiplie les déconvenues depuis de longs mois. Il doit financer le projet à 21 Md$ par ses propres moyens et est contraint de vendre le gaz sur le marché au comptant.
Adeline Descamps
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