Dans son rapport mensuel (World Agricultural Supply and Demand Estimates), le ministère américain de l'Agriculture (USDA) anticipe une production mondiale de 790,75 Mt, soit 7,4 Mt de moins que sa première estimation, le mois dernier.
Le ministère a raboté de 5 Mt sa projection de récolte en Russie, et de 1,5 Mt chacune pour l'Ukraine et l'Union européenne. En cause, un printemps extrêmement sec dans le sud-ouest de la Russie, principale région russe de production du blé, auquel est venue se greffer une vague de gel tardif en mai, frappant les cultures au moment de la récolte.
La société de conseil russe Sovecon a également réduit ses estimations sur la récolte 2024-25 du premier exportateur de blé à 82,1 Mt contre 85,7 Mt précédemment et 93 à 94 Mt en mars.
Quant à l'Union européenne, elle a pâti de précipitations trop abondantes, notamment en France.
Inde : suppression de la taxe de 40 % ?
La hausse de l'estimation des stocks de début de période, la baisse de la consommation attendue, et la révision à la hausse de la production des États-Unis (de près d'un demi-million de tonnes) viennent relativiser la dégradation marquée en Russie, Ukraine et Union européenne.
Selon Gautier Le Molgat, PDG d'Argus Media France, interrogé par l'AFP, la surprise du rapport vient des estimations d'importation par l'Inde, inchangées alors que le marché s'attend à ce que le gouvernement indien supprime une taxe de 40 % sur le blé étranger dans le but de favoriser la reconstitution des stocks locaux, tombés à 7,5 Mt en avril, soit le niveau le plus bas depuis 16 ans.
Le « marché » a raison. Le deuxième producteur mondial de blé vient en fait d'imposer des limites sur les stocks de blé que les négociants privés peuvent détenir tandis qu'un haut fonctionnaire du gouvernement indien a déclaré à la presse que le gouvernement pourrait supprimer ou réduire la taxe d'importation sur la céréale pour maintenir les prix bas. Les cours de la céréale ont augmenté ces dernières semaines dans le pays en raison des inquiétudes concernant l'approvisionnement.
« Imposer des limites aux stocks n'était qu'une option. Nous disposons de nombreux autres outils pour garantir que les prix du blé n'augmentent pas de manière anormale », a déclaré à la presse Sanjeev Chopra, secrétaire d'État indien à l'alimentation faisant référence à d'autres leviers, comme la réduction des droits d'importation ou l'autorisation d'importations en franchise de droits.
Baisse des disponibilités mondiales de blé
Cette réduction pourrait permettre aux négociants privés et aux minotiers d'acheter du blé à des producteurs tels que la Russie, pour la première fois depuis six ans.
La baisse des disponibilités mondiales de blé jusqu'à leur niveau le plus bas depuis plusieurs décennies est un thème récurrent depuis plusieurs années. Cela étant dit, la pénurie russe et les importations potentielles de l'Inde ont entraîné une baisse de 17 Mt des disponibilités mondiales de blé par rapport aux prévisions initiales.
Adeline Descamps