Les exportations de produits raffinés russes, ont augmenté de 37 % sur la période janvier-mai (par rapport à la même période l'an dernier) pour atteindre 2,5 Mt. Et ce, malgré l'impact des sanctions occidentales, a indiqué le média Kommersant.
Depuis le 5 févier, les produits pétroliers russes font l'objet d'une interdiction d'importation de l'UE et de restrictions de transport imposé par le G7 sous la forme d'un plafonnement arbitraire à l'instar de ce qui prévaut pour le brut depuis début décembre.
En conséquence, Moscou a réorienté la majeure partie de ses exportations vers d'autres régions telles que l'Asie et l'Afrique.
Restrictions dans les exportations
Selon le média, les exportations quotidiennes d'essence de la Russie ont cependant chuté au cours des six premiers jours de juin pour atteindre une moyenne de 2 800 t par jour, soit quatre fois moins qu'à la fin du mois de mai.
En mai, les autorités russes n'excluaient pas des restrictions à l'exportation afin d'éviter les pénuries de carburant sur le marché intérieur, le gouvernement ayant décidé de réduire les subventions accordées aux raffineurs de pétrole.
Niveau record d'exportation de brut russe
À 3,87 millions de barils par jour (Mb/j) le mois dernier, les exportations russes de brut par voie maritime ont atteint leur plus haut niveau depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 selon les données de suivi des pétroliers. Moscou a là encore trouvé à l'Est (Inde et Chine) des acheteurs opportunistes pour son pétrole à prix réduit.
Les chargements de brut maritime de la Russie ont augmenté chaque mois depuis février 2023 et se situent à 25 % au-dessus des niveaux moyens d'avant-guerre de 3,1 Mb/j, selon les données officielles.
Cette hausse survient malgré les engagements de la Russie, chef de file de l'Opep+, de prolonger ses réductions de production de 500 000 barils par jour jusqu'à la fin de l'année (à partir du mois de mai) pour soutenir les cours.
Le pétrole russe s'ancre en Inde
L'Inde a importé 2 Mb/j de brut russe le mois dernier (+ 14 % par rapport aux niveaux d'avril), nouveau record d'entrées dans le pays.
Les exportations vers la Chine ont diminué, tandis que les flux vers la Turquie se sont nettement redressés pour atteindre un plafond historique en sept mois, devançant la Corée du Sud en tant que troisième destination des exportations de brut de la Russie.
L'Urals, une référence sacrément décotée
Les exportations d'Urals, la principale qualité d'exportation de la Russie, ont atteint 2,3 Mb/j en mai, contre 2,2 Mb/jen mars et avril.
La référence russe a été offerte au cours des trois premières semaines de mai moyennant une décote de 26 $ par baril par rapport au Brent. Elle était de 3,70 $/b en janvier 2022 selon les données de S&P Global Commodity Insights.
Le Pakistan en profite aussi. Le port de Karachi, dans le sud du Pakistan, vient de décharger sa première cargaison de brut russe à prix réduit. Le début d'une nouvelle relation entre le Pakistan et la Fédération de Russie ?
Des transferts STS en ralentissement
Les transferts de brut russe entre navires-citernes en mer ont ralenti, les navires de classe glace étant désormais en mesure d'effectuer des voyages directement vers l'Asie.
Au 21 mai, 10 millions de barils de brut russe ont changé de mains en mer, soit 9,5 millions de barils de moins que lors des sommets de mars.
La Corée du Sud reste le principal hub STS pour le troisième mois consécutif tandis que l'activité a repris au large de Kalamata, en Grèce, après une brève interruption d'un mois. Au moins 2 millions de barils ont été déchargés dans les eaux grecques le mois dernier.
Mesuré par la destination finale du navire impliqué dans les transferts STS, près de 3,5 millions de barils ont été détournés vers l'Inde (2,76 millions de barils en avril). Outre les 2,54 millions de barils déchargés dans des navires clandestins et les 366 000 barils à bord d'un nouveau navire en attente de commandes, le solde se dirigeait vers la Chine, la Malaisie ou Singapour à la date du 21 mai.
Selon plusieurs sources (S&P Global Market Intelligence, Maritime Intelligence Risk et Maritime Portal), la pratique consistant à désactiver le système d'identification automatique (AIS) a augmenté de 225 % à l'échelle mondiale.
Adeline Descamps