La Chine ouvre les vannes au VLSFO

 

Pour doper la production pétrolière locale, Pékin avait annoncé en janvier une série de mesures visant à réduire sa dépendance à l’égard des importations de combustibles marins, dont la plupart sont expédiés à partir du hub mondial de soutage qu’est Singapour. Dans la continuité de cette politique, la Chine s'apprêterait à délivrer ses tout premiers quotas d'exportation de fuel à très faible teneur en soufre.​

La Chine émettra ses tout premiers quotas d'exportation de fuel à très faible teneur en soufre (VLSFO) pour un volume de l’ordre de 10 Mt en 2020, rapporte Reuters, citant des sources « bien informées du dossier » mais sans que le ministère chinois du Commerce ait confirmé. Toutefois, ce dernier avait indiqué dans un communiqué que le VLSFO ferait partie à partir du 1er mai de son programme de gestion des licences d'exportation.

Si l’information s’avérait, les quotas, attribués à quatre entreprises publiques - Sinopec, China National Petroleum Corp (CNPC), China National Offshore Oil Company (CNOOC) et Sinochem– et au raffineur privé Zhejiang Petrochemical Corp (ZPC), leur permettraient de couvrir presque entièrement la demande du marché de carburant maritime côtier, estimé entre 12 et 14 Mt par an.

Les informations concordent avec la politique initiée par Pékin en janvier. Alors que l’épidémie plombait la demande de combustible de soute – en chute de 30 % par rapport à janvier – Pékin avait annoncé des exonérations de taxes. La Chine visait ainsi à stimuler la production de VLSFO et éviter que la vaste flotte chinoise n’aille s’avitailler dans les hubs rivaux de Fujairah et Singapour et ainsi réduire sa dépendance à l'égard des importations de combustibles marins, dont la plupart sont expédiés à partir du principal hub d’avitaillement mondial qu’est Singapour (47,5 Mt en 2019).

Sinopec, CNPC, CNOOC, Sinochem  et ZPC avaient été les premiers raffineurs à éprouver le nouveau régime fiscal, plaçant le pétrole en stockage sous douane dans les ports de Dalian, Shandong et Zhoushan. Sinopec et CNPC avaient alors déclaré qu'ils pouvaient produire ensemble 14 Mt de VLSFO par an, tandis que d'autres raffineurs chinois pourraient contribuer à hauteur de 4 Mt.

La demande de LSFO plombée en Chine

Ventes à Zhoushan, en hausse de 19 %

En anticipation des nouvelles réglementations de l’OMI, les raffineurs chinois avaient augmenté ces derniers mois leur production de fuel à basse teneur en soufre. Les ventes dans le principal hub de soutage, à Zhoushan, à l'est de la Chine, avaient ainsi atteint 374 000 t en janvier, en hausse de 19 % par rapport à l'année précédente. Or, avec la baisse brutale de la demande, les compagnies pétrolières avaient rapidement réduit la voilure, contenant leur production à 1,5 million de barils par jour en février.

Selon les sources de Reuters, Sinopec devrait recevoir des quotas pour 4,29 Mt, CNPC pour 2,95 Mt, CNOOC pour 860 000 t et Sinochem pour 900 000 t. Située à Zhoushan, la raffinerie ZPC espère obtenir 1 million de tonnes, bien que le raffineur soit tenu d'exporter par l'intermédiaire de sociétés d'État en tant que mandataire.

Même si Pékin procédait à l’émission d’une seconde vague de quotas, la production resterait limitée, contrainte par un déficit criant dans les infrastructures telles les pipelines et installations de stockage. Ou du moins, c’est la vision qu’on en a à Singapour.

Adeline Descamps

 

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